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"C'est une stratégie que je n'ai pas partagée": Sandrine Rousseau prend ses distances avec LFI

Sandrine Rousseau à  l'Assemblée nationale le 16 février 2023

Sandrine Rousseau à l'Assemblée nationale le 16 février 2023 - Ludovic MARIN / AFP

La députée écologiste, qui défend depuis son élection l'union de la gauche, n'a guère apprécié la tactique parlementaire des insoumis sur le dossier des retraites. "Ils ont voulu s’imposer dans le débat et ça n’était pas le moment", a jugé l'élue parisienne.

Les divisions de la Nupes continuent d'être exposées au grand jour. Les alliés de La France insoumise ont retiré la grande majorité de leurs amendements jeudi et vendredi dernier, dans la dernière ligne droite des débats sur la réforme des retraites à l'Assemblée nationale. Le groupe de Mathilde Panot les a, lui, tous maintenus après des hésitations.

"C’est une stratégie que je n’ai pas partagée", a regretté la députée écologiste Sandrine Rousseau ce lundi matin sur Public Sénat.

"On ne peut pas mener un combat aussi important isolés"

La gauche s'est divisée sur l'opportunité d'accélérer ou non les débats - contraints à 10 jours dans l'hémicycle comme souhaité par le gouvernement grâce à l'article 47.1 de la Constitution.

Avec une question: fallait-il parvenir à l'article 7 de l'examen sur le recul à 64 ans de l'âge de départ comme le souhaitaient notamment les écologistes mais aussi les communistes et les socialistes ?

"Je ne suis pas complètement convaincue que l’on aurait pu gagner" sur l'article 7 (en le rejetant) "mais on ne peut pas mener un combat aussi important isolés", a encore avancé l'écoféministe.

Deux visions qui s'opposent

En filigrane, ce sont deux stratégies qui se sont opposées ces derniers jours: celle qui consistait à ralentir les débats, en regrettant que le gouvernement ait choisi un temps de débat court, permettant de l'accuser de "déni de démocratie".

De l'autre, l'espoir qu'un vote sur l'article 7 puisse avoir lieu et qu'il soit rejeté, offrant à la gauche une victoire avec l'espoir de pousser l'exécutif à reculer.

Problème: si le recul de l'âge de départ à 64 ans avait été adopté par les députés, le gouvernement aurait pu se targuer d'une victoire.

"Ils ont voulu s'imposer dans le débat"

Quant à l'effet sur la mobilisation sociale que la gauche espère d'ampleur le 7 mars prochain, il était très incertain: cela aurait-il pu démobiliser les manifestants ou au contraire les pousser à hausser le ton?

Si les insoumis ont bien hésité sur leur stratégie avant de finalement trancher pour le maintien de leurs amendements, poussés par Jean-Luc Mélenchon, Sandrine Rousseau a regretté la méthode.

"Ils ont voulu s’imposer dans le débat et ça n’était pas le moment. Cela signe la fin d’un acte 1 qui a fonctionné jusqu’à présent, nous devons maintenant passer à un acte 2", a encore tancé la parlementaire jusqu'ici farouche soutien de la Nupes.

"Il y a une différence entre LFI et la Nupes", a encore avancé Sandrine Rousseau. Les critiques se sont faites vives ces derniers jours sur le maintien des amendements insoumis, de Fabien Roussel à Olivier Faure, jusque dans les rangs des syndicats.

Des critiques y compris chez LFI

Plusieurs figures de LFI ont elles-mêmes prises leurs distances, à l'instar de François Ruffin et Clémentine Autain, souvent considérés comme des électrons libres. Mais Alexis Corbière, fidèle parmi les fidèles, désormais critique depuis l'arrivée de la nouvelle direction, se disait "favorable à une discussion" dans les colonnes du Monde.

Jean-Luc Mélenchon, également tancé par Laurent Berger, le numéro 1 de la CFDT et Philippe Martinez, le secrétaire général de la CGT veut mettre fin aux débats sur la tactique parlementaire de la Nupes.

Une prochaine réunion d'intergroupes agitée

Sans fonction à l'Assemblée nationale, mais toujours très influent dans les rangs des insoumis, l'ex candidat à la présidentielle met ainsi le cap sur la suite de la bataille contre la réforme dans la rue.

"Oublions ces propos diviseurs. Merci aux députés qui ont bloqué l'adoption de la retraite à 64 ans. Pour réussir le 7 mars, il faut être unitaires !", a ainsi twitté l'ex candidat à la présidentielle.

Suffisant pour apaiser les esprits? Alors que les députés sont en vacances cette semaine, les parlementaires ne devraient pas faire l'économie mardi 28 février, pour leur première réunion d'intergroupes après les débats sur la réforme des retraites, d'une franche explication.

Marie-Pierre Bourgeois