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Procréation médicalement assistée : que fait François Hollande ?

Le projet de loi sur le mariage pour tous refait parler de la procréation médicalement assistée

Le projet de loi sur le mariage pour tous refait parler de la procréation médicalement assistée - -

Le président de la République, opposé à titre personnel à l'ouverture de la PMA (procréation médicalement assistée) aux couples homosexuels, a décidé de laisser les parlementaires décider de la pertinence, ou non, d'un amendement en ce sens dans le projet de loi pour le mariage pour tous.

La pression des parlementaires socialistes a-t-elle été trop forte pour François Hollande ? Ou au contraire, le chef de l'Etat agit-il en sous main tel Machiavel ? Ce qui est certain, c'est qu'au-delà du débat sur le mariage homosexuel, la question de la procréation médicalement assistée (PMA) suscite les commentaires.

Le projet de loi présenté le 29 janvier prochain par la garde des Sceaux Christiane Taubira sur le mariage pour tous ne "prévoit pas d’élargir l’accès à la PMA" encadré par un texte de 2004 (l’article 16-7 du code civil) et autorisé exclusivement pour les couples hétérosexuels infertiles. Il ne faisait pas non plus parti des engagements de campagne du candidat Hollande.

>> Qu'est-ce que la procréation médicalement assistée ?

Mais mercredi, le président de la République a affirmé que ce serait au Parlement de se "prononcer souverainement" sur son introduction ou non pour les couples de femmes homosexuelles. Juste avant François Hollande, la porte-parole du gouvernement Najat Vallaud-Belkacem avait affirmé que le gouvernement "ne bloquerait pas à tout prix" cette évolution.

"Aujourd'hui, il y a une hypocrisie"

Et pour cause. Le gouvernement reste soucieux d'éviter le clash sur un sujet déjà sensible. Fin novembre, dans une tribune publiée sur le site Internet Mediapart, 100 députés s’engageaient à travailler un texte allant dans le sens d’accorder la PMA aux couples homosexuels.

Suffisant pour faire hésiter un gouvernement et un chef de l’Etat déjà balbutiants sur le sujet ? Le député PS de l’Ardèche porteur du projet, Olivier Dussopt expliquait ainsi son action : "C'est juste que pour nous, la PMA est la conséquence logique du mariage et de l'adoption. Aujourd'hui, il y a une hypocrisie, on sait que les couples vont aller dans les pays autour de chez nous où c'est légalisé."

Et d’ajouter : "Nous nous sommes présentés devant les Français avec un programme, et nous avons été élus. Nous entendons tenir nos engagements." Ces propos coïncidaient avec l’épisode de la "liberté de conscience" des maires à célébrer le mariage des couples homosexuels.

NKM : "Une attitude hypocrite"

Face aux édiles, François Hollande s’était pris les pieds dans le tapis. Et son "ouverture d’esprit" avait été taxée de rétropédalage. Mais il est avéré que le chef de l’Etat ne peut accepter l’idée que "ses" députés passent en force, contre son opinion personnel, sur un point précis d’une loi qu’il rêve symbolique de son quinquennat.

Dans les rangs de l’opposition on pointe le double langage du gouvernement et un manque de courage politique. Ainsi Nathalie Kosciusko-Morizet a jugé mercredi que "ce n'est pas bien de se cacher comme ça derrière le groupe parlementaire. […] Cette attitude hypocrite qui consiste à dire qu'on n'est ni pour, ni contre, mais pas trop pour et qu'on va laisser faire le groupe socialiste, c'est scandaleux, ce n'est pas la position d'un gouvernement responsable", a déclaré la députée de l'Essonne.

Du côté des députés PS, l’on préfère retenir la liberté accordée aux parlementaires et l’on refuse l’idée selon laquelle ils seraient téléguidés par l’Elysée et Matignon. Tout en rigolant à l'idée d'une fronde contre François Hollande, Jean-Marc Ayrault, Christiane Taubira et le gouvernement. Même au sein de la famille "Majorité", les désirs des un et des autres restent bien flous.

S.A.