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Présidentielle

Unir la gauche, l'impossible défi de Christiane Taubira

Investie par la Primaire populaire dimanche soir, Christiane Taubira s'est donnée pour mission de rassembler la gauche. Elle compte sur la légitimité apportée par le demi-million de votants pour faire changer d'avis ses rivaux qui boudent le scrutin.

Le plus difficile commence pour Christiane Taubira. Investie dimanche soir par les près de 392.000 votants de la Primaire populaire, la candidate s'est engagée dans un vibrant appel au rassemblement des autres candidats de gauche, et de leurs partisans. "J’appellerai Anne, j'appellerai Yannick, j’appellerai Fabien, j’appellerai Jean-Luc", a-t-elle lancé sur la scène du Point Ephémère à Paris, alors qu'aucune personnalité en lice pour la présidentielle n'a reconnu le scrutin.

"En peu de temps, il est encore possible de convaincre les candidats de gauche pour favoriser un rassemblement", estimait au micro de BFMTV un militant présent dimanche auprès de Christiane Taubira.

"On sait sous la Ve République que quand la gauche est dispersée, divisée, on va vers la catastrophe politique (...) L'union, c'est la condition indispensable pour pouvoir gagner 2022" a argumenté Christian Paul, le directeur de campagne de la candidate, sur notre antenne ce lundi.

"Je ne suis pas concerné, c'est leur affaire"

A l'annonce du résultat, ses rivaux à gauche ont affiché une forme d'union... contre l'ancienne ministre.

"Elle a enfilé la chaussure qui a été préparée pour elle, je ne suis pas concerné, c'est leur affaire", a réagi le candidat insoumis Jean-Luc Mélenchon sur France 5 dimanche soir. Interrogé par TF1 sur ce qu'il avait à demander à la gagnante, Yannick Jadot a répondu sèchement: "Rien". Avant de fustiger "une candidature de plus".

De son côté, la candidate socialiste Anne Hidalgo, arrivée en cinquième position derrière l'eurodéputé Pierre Larrouturou, a indiqué que "non", elle ne se sentait pas engagée par ce résultat. C'est pourtant la maire de Paris qui a fait connaître au grand public la Primaire populaire, décidant d'y participer le 8 décembre, certains y voyant une porte de sortie pour la candidate qui stagnait sous la barre des 5% d'intentions de vote.

Si l'équipe de Christiane Taubira espère que la Primaire populaire servira de rampe de lancement pour la faire grimper à 7-8% dans les sondages, comme elle l'expliquait à BFMTV.com peu avant le scrutin, c'est notamment avec le pari que ce scrutin portera un coup fatal à Anne Hidalgo.

"Si elle est loin derrière et Taubira loin devant, j’ai peur qu’on enregistre un départ par jour", confie un cadre du PS au Parisien.

"Une candidature de plus"

La Guyanaise a même connu une défection parmi les propres partisans de la Primaire populaire. Trois heures après l'annonce du scrutin, la plus jeune candidate, Anna Agueb-Porterie, a annoncé soutenir le candidat insoumis.

"J’ai été candidate à la Primaire populaire car j’ai toujours souhaité le rassemblement. Mais le résultat divise car il rajoute une candidature de plus. Je choisis de soutenir un programme de ruptures capable de gagner. Le seul c’est celui porté par Jean-Luc Mélenchon", a-t-elle indiqué sur Twitter.

De son côté, Christiane Taubira a invoqué sur Franceinfo ce lundi le "large socle" de légitimité dont elle dispose désormais pour justifier l'appel à l'union derrière elle. Un-demi million de votants, "ça change la donne", a jugé la candidate. Avant d'ajouter: "La démocratie, ce ne sont pas des sentiments mais des faits."

Nina Jackowski