BFMTV
Présidentielle

Sécurité, immigration, nucléaire: ce qui différencie Fabien Roussel des autres candidats de gauche

Fabien Roussel en meeting à Ajaccio le 9 février 2022

Fabien Roussel en meeting à Ajaccio le 9 février 2022 - Pascal POCHARD-CASABIANCA / AFP

Le candidat communiste fait entendre sa singularité dans la présidentielle et prend ses distances avec Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon. "Je ne suis pas le représentant de la gauche caviar mais de la gauche populaire", estime-t-il.

Une remontada sondagière, certes contrariée par une affaire d'emploi fictif, mais qui semble donner raison au positionnement politique de Fabien Roussel. Alors que le parti communiste n'avait pas eu de candidat sur la ligne de départ de la présidentielle depuis 2007, le député du Nord semble désormais en mesure de faire jeu égal avec Anne Hidalgo et Yannick Jadot. De quoi valider son programme, aux accents parfois très différents de celui des autres partis de gauche.

Si le secrétaire national du PCF reprend évidemment certains fondamentaux de sa famille politique comme l'augmentation du SMIC, l'embauche de milliers de fonctionnaires ou encore le retour de l'ISF, il fait entendre sa différence sur d'autres thèmes.

· Sa différence sur le maintien de l'ordre

À commencer par la police. Alors que Jean-Luc Mélenchon appelle au démantèlement de la BAC, l'élu, lui, défend une augmentation significative de policiers sur le terrain.

Il faut "créer une police nationale de proximité avec 30.000 hommes et femmes, statutaires et mieux formés pour que lorsqu'ils interviennent, ils puissent être protégés", indique ainsi son programme qui appelle au retour des "jours heureux", une référence au Programme du Conseil national de la Résistance en 1945, au sortir de la guerre.

"Quand on est épuisé par une journée de boulot, il y a un droit à la sécurité. J’entends cette exigence sur le terrain, aussi bien chez ceux qui habitent dans les logements collectifs que chez les retraités à la campagne, qui souffrent d’un manque de présence" des forces de l'ordre, explique encore le candidat au Figaro, lui qui avait participé à la manifestation de la police devant l'Assemblée nationale au printemps dernier.

Tout en reconnaissant qu'une "rupture de confiance" a lieu "entre les jeunes et la police" sur RTL, le député du Nord a tenu à prendre ses distances avec de plus vives critiques sur les forces de l'ordre. "Je condamne le slogan 'tout le monde déteste la police' parce que je ne le partage pas", expliquait-il sur BFMTV en janvier.

"Il y a beaucoup de monde qui déteste la police (...) Il serait temps de s’en rendre compte", estimait de son côté Jean-Luc Mélenchon en marge de de la manifestation interprofessionnelle pour la hausse des salaires, après des slogans hostiles aux forces de l'ordre.

· Sa vision des sujets migratoires

Autre sujet sur lequel Fabien Roussel se différencie des candidats de gauche: l'immigration. Si dans son programme le parlementaire propose de "renforcer la politique d’accueil des réfugiés" et souhaite la régularisation de tous les travailleurs sans-papiers, à l'instar de Yannick Jadot, Anne Hidalgo et Jean-Luc Mélenchon, il a musclé son discours sur CNEWS.

"Si (les demandeurs d'asile d'asile qui n'ont pas obtenu le statut de réfugié) n’ont pas vocation à rester sur le sol français, ils ont vocation à repartir et être raccompagnés chez eux. (...) Je dis effectivement que quand on ne bénéficie pas du droit d’asile, on a vocation à rentrer chez soi", avançait ainsi le communiste le 24 janvier dernier.

Le candidat semble mettre (un peu) ses pas dans ceux de son prédécesseur Georges Marchais, qui lors de la campagne de 1981 avait estimé que "la poursuite de l'immigration" posait "de graves problèmes".

· Son plaidoyer pour le nucléaire

Alors que ses concurrents de gauche veulent tous sortir du nucléaire, à plus ou moins brève échéance, Fabien Roussel se veut un farouche défenseur de la filière.

Il permet d'après lui de garantir à l’industrie "une énergie décarbonée, pilotable, stable", permettant "de sortir des énergies fossiles".

En pleine hausse des prix de l'électricité, le communiste y voit également une réponse. "Je suis contre l'abandon des réacteurs nucléaires. J'attire votre attention sur le fait qu'il y a 3 millions de Français en situation de précarité énergétique. Le parc nucléaire répond à ces difficultés", explique-t-il encore dans les colonnes du Point.

Avant d'attaquer les candidats.

"Avec Jadot ou Mélenchon, si demain ils gouvernent le pays, le prix de l’électricité va doubler voire tripler. Et nous serons dans l’incapacité de réindustrialiser la France ou de faire face au boom des véhicules hybrides ou nucléaires", assure-t-il encore dans Le Parisien, appelant de ses vœux "une écologie de solution et non de punition ou d'interdiction."

· Son goût pour "le bon vin et la bonne viande"

Enfin, sa vision de l'alimentation a fait débat sur les bancs de la gauche.

"Un bon vin, une bonne viande, un bon fromage, pour moi c’est la gastronomie française. Mais pour avoir accès à ce bon, à cette bonne gastronomie, il faut avoir des moyens. Donc le meilleur moyen de défendre le bon vin, la bonne gastronomie, c’est de permettre aux Français d’y avoir accès. Et je dis que le bon et le beau, tout le monde doit y avoir accès", a expliqué le candidat sur France 3 le 10 janvier.

La tonalité de ses propos est assez éloignée de celles des écologistes dont le programme propose "une alternative végétarienne quotidienne obligatoire dans les cantines scolaires". Sandrine Rousseau, la présidente du conseil politique de Yannick Jadot, lui a d'ailleurs rappelé sur son compte Twitter que le plat préféré des Français était... "le couscous".

"Je ne suis pas le représentant de la gauche caviar et quinoa mais de la gauche populaire et label rouge", répond quelques jours plus tard le communiste au Parisien. Encore une pique à Jean-Luc Mélenchon qui avait confié à Gala en 2016 "son secret minceur": une salade de quinoa.

Autant de prises de positions qui font du candidat communiste une figure très appréciée de la droite. Le maire de Meaux, Jean-François Copé, dit de lui qu'il a une "bonne tête" tandis que Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur, le considère comme "un ami". Fabien Roussel est actuellement crédité de 4,5% des intentions de vote dans le dernier sondage Elabe pour BFMTV et L'Express.

Marie-Pierre Bourgeois