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Présidentielle

Que peut apporter le MoDem à Emmanuel Macron?

Emmanuel Macron

Emmanuel Macron - Capture BFMTV

Outre son "expérience" de la politique, François Bayrou va mettre les militants et les élus du MoDem à disposition d’Emmanuel Macron. Mais cela sera-t-il suffisant pour organiser une majorité?

"Je vais tout faire pour aider." C’est par ces mots que François Bayrou a scellé son alliance avec Emmanuel Macron jeudi, lors de la rencontre officielle entre les deux hommes. Aider, oui, mais comment? En mettant d’abord son parti au service du candidat.

"Nous nous engageons de façon classique avec nos forces militantes, ainsi qu’avec nos élus", explique à BFMTV.com Marc Fesneau, secrétaire général du MoDem.

En 2016, le MoDem recense 14.000 militants à jour de cotisation, et environ 120.000 sympathisants prêts à mettre la main à la patte. Il dénombre 1.500 élus, dont… un seul député, le député de la Réunion Thierry Robert. Le second, Jean Lassalle, en conflit avec François Bayrou, a quitté le parti avec fracas pour se lancer seul dans la campagne présidentielle.

"Il y a un réseau d’élus MoDem, des élus locaux et dans les conseils régionaux", constate Alexis Massart, politologue spécialiste du centre. Outre ces derniers, François Bayrou bénéficie également de réseaux qui dépassent le MoDem: ancien dirigeant de l'UDF, il bénéficie de contacts au sein de l’UDI. "Mais cela ne suffit pas à gagner une élection", rappelle Alexis Massart. "D’autant que En Marche! compte déjà des élus locaux et ce qu’il faut en sympathisants."

Bayrou incarne le centre

Si l’on en croit le politologue, c’est moins en terme de parti qu’en terme de force que François Bayrou pourrait apporter sa pierre à l’édifice macronien. "Structurellement, les partis sont faibles en France. Qu’un parti soit plus faible que les autres ne changera pas grand chose".

Mais qu’apporte alors François Bayrou? "Sa personnalité, son expérience", répond Marc Fesneau. "Une posture", ajoute Alexis Massart. "Il incarne le centre, et les 19% réalisés en 2007 sont encore dans les mémoires. Il est l’incarnation d’un discours sur la nécessité de déplacer le système politique au-delà des clivages gauche-droite. Finalement, il vient conforter ce que dit Emmanuel Macron".

Un "repoussoir" pour la droite?

Reste ensuite à transformer l’essai. Car apporter une posture intellectuelle et un parti essoufflé risque de ne pas suffire à Emmanuel Macron pour créer une majorité parlementaire suffisante, et pouvoir gouverner. Un doute exprimé par Jean-Louis Borloo, figure du centre-droit en retrait de la vie politique.

Selon les confidences glissées à RTL, l’ancien maire de Valenciennes juge que François Bayrou fait figure de "repoussoir" pour le centre-droit et la droite -notamment depuis qu’il a appelé à voter François Hollande en 2012. Sa conclusion: Emmanuel Macron n’arriverait donc à attirer dans sa majorité que des socialistes. "A l’Assemblée, ce sera le groupe des socialistes et En Marche", prédit-il.

Mais Marc Fesneau veut croire en la dynamique, qui sera selon lui décuplée par le premier tour de la présidentielle. "La campagne débute à peine, l’espace se créé au centre, les législatives ne poseront aucune difficulté. La majorité me semble plus facilement constructible qu’en 2012 par exemple". Et de renvoyer la balle vers ses adversaires: "qui sait avec qui François Fillon va gouverner s’il gagne? Pour l’instant, rien n’est fait avec l’UDI". On saura peut-être dans les prochaines semaines ce qu’Emmanuel Macron a promis à François Bayrou.

Ariane Kujawski