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Présidentielle: pourquoi le soutien de Maréchal ne fait pas grimper Zemmour dans les sondages

Le candidat Reconquête! à la présidentielle française Eric Zemmour (g) et la politicienne d'extrême droite Marion Maréchal à Toulon, le 6 mars 2022

Le candidat Reconquête! à la présidentielle française Eric Zemmour (g) et la politicienne d'extrême droite Marion Maréchal à Toulon, le 6 mars 2022 - CLEMENT MAHOUDEAU © 2019 AFP

Très attendue, l'arrivée de l'ancienne députée dans la campagne du candidat n'a pas fait frémir les intentions de vote en sa faveur. Si certains au RN pointent son poids électoral probablement plus faible qu'espéré, d'autres estiment qu'elle ne peut pas, à elle seule, relancer une dynamique qui a du plomb dans l'aile.

Un effet proche de zéro. Alors que l'équipe d'Éric Zemmour misait beaucoup sur l'arrivée de Marion Maréchal à ses côtés, le candidat continue de dévisser dans les sondages. Faiblesse politique de la nièce de Marine Le Pen, très discrète sur la scène politique depuis 2017, ou mauvais tempo? Éléments de réponse.

"Quand elle va nous rejoindre, ça va nous faire un effet Bayrou", se réjouissait un proche du candidat auprès de BFMTV.com début mars. Après le soutien du patron du MoDem au candidat Emmanuel Macron en 2017, le futur président avait en effet gagné 5 points dans les sondages les jours suivants.

Un meeting trop discret pour avoir une influence

L'équipe de l'ancien journaliste avait d'ailleurs soigneusement orchestré son soutien lors d'un meeting à Toulon le 6 mars dernier, espérant un effet éclair dans les études d'opinion. Peine perdue. En difficulté depuis plusieurs semaines, il stagne toujours autour des 10% d'intentions de vote.

En guise d'explication, certains avancent la relative discrétion de ce meeting qui n'avait pas pu être diffusé à la télévision. Éric Zemmour avait en effet dépassé le temps de parole qui lui était alloué par les règles de l'Arcom (ex-CSA) .

Ses proches ont donc décidé de passer à la vitesse supérieure en mettant plus amplement en scène ce soutien via une affiche où les deux figures s'affichent tout sourire.

Pas suffisant pour faire oublier les sorties malheureuses du candidat

Utilisée depuis plus de deux semaines, elle n'a pas eu non plus d'effet notable sur les sondages pour le candidat. De quoi faire dire que Marion Maréchal n'a plus grand poids politique après avoir suspendu sa carrière politique en 2017 pour se consacrer au lancement puis à la gestion de son école à Lyon ?

Oui, répond-t-on sur les bancs du Rassemblement national.

"Tout ceci n'aura aucun impact sur sa campagne. Son poids électoral est proche de 0%. Et je souhaite bonne chance à Zemmour parce qu'elle va sûrement rapidement claquer la porte", analysait un député du RN auprès de BFMTV.com, quelques jours après son arrivée dans la campagne.

Le diagnostic n'est pas partagé par le journaliste Etienne Girard.

"Elle aurait pu être un petit plus dans un contexte dynamique de campagne mais elle est arrivée après beaucoup d'erreurs politiques notamment sur la guerre en Ukraine. Les électeurs ne regardent plus les soutiens à deux semaines du premier tour. Ils veulent voir au contraire ce que le candidat a dans le ventre", juge de son côté l'auteur de Le radicalisé, une biographie du candidat.

"Ça va payer"

L'ex-éditorialiste s'est en effet pris les pieds dans le tapis face à la guerre en Ukraine. Alors 79% des Français se disent favorables à l'accueil de réfugiés ukrainiens d'après un sondage IFOP, tout comme la quasi-intégralité des candidats à la présidentielle, l'ex-éditorialiste a d'abord fermé la porte à leur accueil, avant de rétropédaler.

L'écrivain fait aussi les frais de ses propos laudateurs sur le président russe, disant "rêver d'un Poutine français" en 2018 auprès de L'Opinion. Mais dans l'entourage d'Éric Zemmour, on croit toujours à un effet Marion Maréchal, à deux semaines du premier tour.

"Elle amène des choses évidentes comme sa jeunesse et en même temps son expérience. Les Français ont la tête ailleurs mais à un moment ça va forcément payer, assure le sénateur LR Sébastien Meurant, qui a accordé son parrainage au candidat.

Les législatives dans le viseur

Certains sur les bancs de Reconquête ont cependant remarqué que l'ex-députée ne semblait pas jeter toutes ses forces dans les législatives, l'étape d'après.

"Dans nos institutions, penser les législatives sans penser la présidentielle, c'est absurde. Je ne peux donc pas répondre aujourd'hui pour dire que je serai candidate ou pas", a expliqué l'ancienne élue au micro de CNEWS le 10 mars dernier.

Au sein de Reconquête, personne ne croit cependant à son absence dans la bataille des législatives.

"Elle se remettra assez vite de sa probable défaite en 2022 mais son intérêt, c'est qu'il fasse un score correct, devant Valérie Pécresse, pour donner un effet d'entraînement. Mais s'il l'entraîne dans sa chute en lui empêchant d'être élue, le ton entre eux pourrait bien changer et tourner au vinaigre", estime de son côté le journaliste Etienne Girard. Voilà Éric Zemmour prévenu.

Marie-Pierre Bourgeois