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Présidentielle: pour se différencier d'Éric Zemmour, Marine Le Pen mise sur le Nord

Marine Le Pen et Eric Zemmour lors d'une réunion sur la situation en Ukraine organisée à Matignon par le Premier ministre Jean Castex pour les candidats à la présidentielle, le 28 février 2022 à Paris

Marine Le Pen et Eric Zemmour lors d'une réunion sur la situation en Ukraine organisée à Matignon par le Premier ministre Jean Castex pour les candidats à la présidentielle, le 28 février 2022 à Paris - STEPHANE DE SAKUTIN © 2019 AFP

À 30 jours du premier tour, Marine Le Pen se déplace cette fin de semaine sur les terres populaires des Hauts-de-France pour parler de ses propositions sur le pouvoir d'achat. Une façon de mettre en avant sa différence avec Éric Zemmour, peu à l'aise sur les sujets économiques. Le candidat de Reconquête préfère de son côté se déplacer principalement dans le sud.

Garder le danger à distance. Alors que Marine Le Pen creuse l'écart avec Éric Zemmour dans les sondages, la candidate du Rassemblement national garde un œil sur son concurrent en labourant les Hauts-de-France pour montrer sa différence.

Son agenda va déborder ce vendredi et ce samedi. La députée du Pas-de-Calais enchaîne ce vendredi un entretien sur France Bleu Nord suivi d'une longue interview dans La Voix du Nord puis d'une visite sur le marché d'Armentières avant de finir la journée avec un meeting à Bouchain.

Des électeurs populaires pour Marine Le Pen

Rebelotte ce samedi avec une longue déambulation prévue à Dunkerque. Tout cela sous le regard des caméras alors que l'élue avait commencé sa campagne en promettant de peu s'appuyer sur les médias.

C'est qu'à un mois jour pour jour du premier tour, la parlementaire met le paquet sur ce territoire, et pas seulement parce qu'il lui a permis de rentrer à l'Assemblée nationale en 2017. Il recouvre également les contours de son électorat. Alors qu'Armentières et Dunkerque comptent parmi les villes les plus pauvres de France d'après ATD-Quart Monde, ce sont les électeurs qui ont les revenus les plus modestes qui votent pour le Rassemblement national.

Trois ouvriers ou employés sur dix qui pensent se déplacer aux urnes pour la présidentielle veulent d'ailleurs voter pour elle d'après un sondage OpinionWay-Kéa Partners pour Les Echos .

Éric Zemmour attire un électorat plus aisé

En 2017, Marine Le Pen avait fait le plein de voix dans ces territoires populaires. Dans le département du Nord par exemple, elle était ainsi arrivée en tête au premier tour avec 28,22% des voix, très loin devant son score national (21,30%).

L'électorat d'Éric Zemmour est, lui, très différent. Si le candidat se revendique celui de "l'alliance entre les classes populaires et la bourgeoisie patriotes", les enquêtes d'opinion montrent une autre réalité. Dans les milieux aisés, deux fois plus d’électeurs le choisiraient à la place de son adversaire d'après l'enquête d’Ipsos-Sopra Steria et du Cevipof pour Le Monde.

Preuve que leurs électorats n'ont pas leurs même préoccupations: leurs approches du pouvoir d'achat. Si Marine Le Pen n'a de cesse de se mettre en scène comme "la candidate des propositions concrètes" entre notamment baisse du prix du gazole et transports en commun gratuits pour les 18-25 ans, le patron de Reconquête a tardé à dérouler son programme économique.

Un temps tenté de faire des questions de pouvoir d'achat un non-sujet, préférant aller sur le terrain de l'immigration, le candidat a fini par dévoiler des propositions précises, reconnaissant cependant que son principal projet était "la lutte contre le grand remplacement" le 13 janvier dernier sur BFMTV.

En pleine guerre en Ukraine qui pousse les prix à la pompe à s'envoler et alors que le prix des céréales devraient durablement s'envoler, la candidate compte donc bien jouer sa carte et décliner ses propositions en guise de réponse aux électeurs qui vont l'interpeller sur les marchés des Hauts-de-France.

Un goût pour le sud

Éric Zemmour a, lui, choisi une autre stratégie géographique en concentrant principalement ses forces sur le sud. Il faut dire que ses déplacements dans la région de Xavier Bertrand ont été plutôt mouvementés.

Son meeting à Lille le 5 février dernier lors duquel il avait évoqué les "terres des corons, du courage, et du travail", avait suscité deux manifestations d'opposants. Même ambiance tendue lors de son déplacement à Calais le 19 janvier dernier qui avait été chahuté par des militants anti-fascistes. L'ancien journaliste avait même dû écourter sa visite pour rentrer précipitamment à Paris.

L'ex-éditorialiste préfère concentrer ses forces dans le sud de la France où son discours recueille plus d'écho. Dans une campagne relativement chiche en grands raouts, il a organisé presque une dizaine de meetings dans la région PACA depuis le mois de septembre.

A 30 jours du premier tour, c'est la stratégie de Marine Le Pen qui semble pour l'instant la plus payante. Elle rassemble 15% des voix contre 11% pour le patron de Reconquête d'après le dernier sondage Elabe pour BFMTV et L'Express.

Marie-Pierre Bourgeois