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Présidentielle: Michel Barnier dévoilera ses intentions "après l'été" mais il "participera au débat"

Michel Barnier, ex-négociateur attitré du Brexit auprès de la Commission européenne, était l'invité de BFMTV-RMC ce mercredi matin. Alors que son nom est évoqué pour représenter la droite à la présidentielle, il a temporisé... tout en précisant ses envies pour la France.

Certes, on ne sait pas encore si Michel Barnier briguera ou non la candidature de la droite à la prochaine présidentielle. Mais il ne fait pas mystère de s'y préparer. Ce mercredi matin, face à notre journaliste Jean-Jacques Bourdin, il a confié: "Le moment venu, je dirai ma décision. Le moment n'est pas venu."

L'ancien ministre a argué des "soucis" des Français, notamment de la nécessité d'une relance de l'économie, pour expliquer ce délai mais a tout de même dévoilé son agenda personnel: "Mon calendrier, ce sera après l'été." "J'ai dit et répète devant vous: je prendrai ma part au débat présidentiel", a-t-il cependant martelé.

Au chevet de son camp

Conscient que les années passées à Bruxelles en tant que commissaire puis négociateur du Brexit auprès de la Commission européenne pourraient bien lui faire une image de technicien éloigné des préoccupations hexagonales, il a assuré être "resté un homme politique ayant les pieds sur terre".

L'ex-ministre des Affaires étrangères, l'ex-député élu en Savoie a voulu croire que son "expérience" pourrait se révéler "utile". Il a d'ailleurs profité de son intervention pour s'engager dans un premier débat de la droite: celui entourant les élections régionales, si houleuses pour son camp. "J'ai été avec Laurent Wauquiez la semaine dernière, je serai avec Jean Rottner cette semaine dans le Grand Est", a-t-il illustré.

L'ancien ministre de l'Agriculture, interrogé au sujet de l'imbroglio qui a déchiré sa famille politique en Provence-Alpes-Côte d'Azur, s'est porté garant de Renaud Muselier, à qui les Républicains ont reproché de s'entendre avec la majorité: "Je voterais Renaud Muselier sans hésitation. Il a été un bon président".

Michel Barnier s'est agacé: "On en a marre de ces querelles, de ces divisions, de ces hommes politiques qui se parlent entre eux." "Ma famille politique est divisée. Il y a beaucoup de talents, de quoi faire une belle équipe de France mais il n'y a pas de capitaine", a filé l'ancienne cheville ouvrière des Jeux olympiques d'Albertville.

Slogans

Michel Barnier s'est ensuite extrait du contexte régional pour trouver des accents de candidat à la candidature, donnant même l'impression de tester des slogans: "Les Français ont besoin d'être considérés. Chaque citoyen est nécessaire, chaque entreprise est nécessaire." "Il faut recréer le sentiment d'être fier de participer à la France chez les Français", a-t-il poursuivi.

Se fondant sur son parcours alternant entre fonctions nationales et missions continentales, entre élections en Savoie et séjours à Bruxelles ou à Paris, il s'est prévalu d'un profil hybride: "Je suis gaulliste, patriote et européen. J'ai cette passion pour la France. Cette passion passe aussi par travailler avec les autres. Je ne veux pas que l'avenir de mes enfants se fasse à Washington ou à Pékin."

Il a assuré qu'il était urgent de rétablir la balance avec Berlin: "On a perdu de l'influence depuis une dizaine d'années, il y a un déséquilibre dans le couple franco-allemand. Et l'influence ne se décrète pas, elle ne tombe pas du ciel. Elle se construit par de la méthode."

Il durcit le ton sur l'immigration

Libéral, pro-européen: ce CV renvoie immanquablement l'allure d'un centriste. Pourtant, il est un sujet sur lequel il adopte une position plus dure. C'est l'immigration. "Est-ce que l'Europe est impuissante, je ne le crois pas, est-ce qu'elle est imparfaite? Oui, à coup sûr. Il faut contrôler les frontières. Il faut que chaque personne soit contrôlée quand elle entre et quand elle sort."

Surtout, il propose un moratoire sur la question, de "trois à cinq ans". "Un moratoire permet de remetttre à plat toutes les procédures", a-t-il fait valoir. "La politique d'immigration ne marche pas en France et en Europe, il faut donc la changer", a-t-il encore posé, confirmant plus tard: "Et ça peut concerner le regroupement familial."

"Toute personne commettant un délit en France et qui n'est pas française doit être expulsée", a-t-il aussi lancé. Quant à ceux qui percevraient un écho du programme du Rassemblement national dans ce souhait, il a rétorqué qu'il ne s'occupait "pas de Marine Le Pen" mais "des problèmes des Français". "Il faut y apporter de manière digne des réponses concrètes", a-t-il justifié.

Robin Verner
Robin Verner Journaliste BFMTV