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Présidentielle: ces candidats qui n'ont pas pu se présenter faute de parrainages

Jean-Marie Le Pen en 1981

Jean-Marie Le Pen en 1981 - GABRIEL DUVAL / AFP

Faute de signatures plusieurs candidats, certains d'entre eux des personnalités politiques importantes, ont du mettre de côté leurs rêves élyséens.

La dernière ligne droite. Alors qu'approche le 4 mars, date fatidique à laquelle les candidats à la prochaine présidentielle doivent avoir remis leurs 500 parrainages auprès du Conseil constitutionnel, plusieurs personnalités politiques restent dans l'expectative. Pour l'heure, trois candidats crédités de plus de 10% d'intentions de vote, Éric Zemmour, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon n'ont pas encore obtenu les précieux sésames.

Si ce système de parrainages a été durci par la loi du 25 avril 2016 qui rend désormais public, deux fois par semaine, les noms des élus représentant un candidat, la collecte des 500 émargements a souvent été compliquée pour les prétendants. Depuis 1981, plusieurs personnalités politiques ont d'ailleurs dû déclarer forfait, faute de soutiens nécessaires.

• 1981 - Jean-Marie Le Pen

Historiquement, et depuis sa création en 1974, le Rassemblement national, alors nommé Front national, a toujours eu maille à partir avec le recueil des 500 parrainages, de nombreux élus ne souhaitant pas avoir leur signature accolée à l'extrême droite. En 1981, le parti nationaliste se présente pour une deuxième fois au scrutin national après celui de 1974, lorsque Jean-Marie Le Pen obtenait 0,75% des votes.

Cette année-là, la règle change. Désormais, ce sont 500 parrainages d'élus qui étaient exigés au lieu des 100 demandés pour les présidentielles précédentes. Une règle qui met Jean-Marie Le Pen dans l'embarras bien qu'il soutenait, selon L'Obs, être à la tête de 480 parrainages d’élus en décembre 1980. Il se disait alors sûr de "franchir la barre des 500 signatures". Pourtant, la situation va se retourner dans les ultimes instants.

"Nous étions dans les derniers moments du recueil des signatures. Une centaine de maires avaient donné leur promesse. Avant de les retirer le même jour! Je n'ai pas eu le temps de me retourner et je n'ai pas pu me présenter", se rappelait Le Menhir en 2012, auprès du Monde.

Depuis cet échec, le Front national puis le Rassemblement national n'ont jamais plus manqué le rendez-vous électoral national, se hissant même à deux reprises, en 2002 et en 2017, au second tour.

Jean-Marie Le Pen en 1981
Jean-Marie Le Pen en 1981 © GABRIEL DUVAL / AFP

• 1995 - Brice Lalonde et Antoine Waechter

Si Yannick Jadot a ce mardi officialisé sa candidature à la présidentielle en dépassant la barre des 500 parrainages, les représentants écologistes ont eux aussi, par le passé, connu le plus grand mal à obtenir leurs signatures. En 1995, époque où le combat climatique n'était pas au premier plan, deux d'entre eux, Antoine Waechter et Brice Lalonde, ne sont pas parvenus à obtenir les signatures suffisantes. Le premier nommé avait tout de même regroupé 480 émargements.

Si Brice Lalonde, cousin de l'ancien candidat à la Maison Blanche John Kerry, a de nouveau échoué à se présenter en 2002 pour les mêmes raisons, Antoine Waechter participe au scrutin de 1988 au cours duquel il obtient, pour les Verts, 3,75% des suffrages exprimés.

Autre candidat refoulé en 1995, le régionaliste corse Max Simeoni, qui est par la suite devenu député européen.

• 2002 - Charles Pasqua

Baroud d'honneur d'un historique de la politique française. Ancien ministre de l'Intérieur de Jacques Chirac et d'Édouard Balladur dans les années 1980, Charles Pasqua annonçait sa candidature à l'élection présidentielle en janvier 2002.

Crédité entre 1 et 7% d'intentions de vote selon différents sondages, Charles Pasqua n'a échoué qu'à seulement 22 parrainages de la barre des 500 signatures. Sur son site de campagne (pasqua2002.com, qui n'est plus en ligne, ndlr), celui-ci s'en prenait au Conseil constitutionnel qui a "décidé de ne plus fournir de renseignements aux candidats jusqu'à la publication de la liste définitive." De fait, avant la liste officielle des candidats, le natif de Grasse ignorait le nombre de parrains qu'il avait.

Après avoir appris son échec, Charles Pasqua s'en est également pris à ses adversaires politiques, qui selon lui ont fait ressortir d'anciennes affaires judiciaires le concernant. "Une opération a été manifestement organisée pour pousser certains candidats et décourager la mienne", fustige-t-il dans les colonnes du Parisien. Il n'a par la suite donné aucune consigne de vote.

Charles Pasqua en 2002
Charles Pasqua en 2002 © FRANCOIS GUILLOT / AFP

• 2007 - Nicolas Dupont-Aignan

Actuellement mal en point avec 422 parrainages, le candidat du parti Debout la France, Nicolas Dupont-Aignan, est lui-aussi habitué des finishs au forceps. Après avoir quitté l'UMP début 2007 en raison de désaccords avec Nicolas Sarkozy, le souverainiste de lance dans la course à l'Élysée, persuadé d'obtenir les 500 sésames.

Mi-mars, le candidat est contraint de jeter l'éponge. "Je sais maintenant que je n'atteindrai pas la barre des 500 signatures", s'était-il résigné lors d'une conférence de presse organisée depuis l'Assemblée nationale.

Quelques semaines plus tôt, ce même Nicolas Dupont-Aignan s'était plaint, dans les colonnes du Monde, des pressions que recevaient les élus à l'heure de donner leurs parrainages. "On a mis dans le crâne des maires que s'ils parrainent d'autres candidats il y aura des divisions", s'était-il navré.

Nicolas Dupont-Aignan en 2007
Nicolas Dupont-Aignan en 2007 © LOIC VENANCE / AFP

• 2012 - Dominique de Villepin

Lorsqu'il officialise sa candidature à l'élection présidentielle de 2012, l'ancien Premier ministre Dominique de Villepin n'a qu'une idée en tête, affronter Nicolas Sarkozy, qu'il a qualifié de "problème" pour la France, et envers qui il multiplie les sorties, rappelle Le Figaro.

Le 11 décembre 2011, il officialise sa candidature au JT de TF1 et très vite, surprend avec plusieurs de ses propositions dont celle d'un "revenu citoyen" qui serait versé à chacun des Français. Malgré cela, il n'est crédité que de 1 à 3% d'intentions de vote selon les différents instituts de sondage.

Le 16 mars, alors que la date de clôture approche, Dominique de Villepin doit se rendre à l'évidence, il n'obtiendra pas ses 500 parrainages malgré ses différents appels à l'aide aux élus français.

"Il reste encore une journée et je me battrai jusqu'au bout mais sauf miracle républicain je n'aurais pas les 500 parrainages requis. [...] Il est sans doute plus facile pour un candidat fantaisiste ou extrémiste de réunir les 500 parrainages", critiquait-il, amer, dans des propos repris par L'Express. Il n'avait rallié aucun autre candidat.
Dominique de Villepin en 2012
Dominique de Villepin en 2012 © MIGUEL MEDINA / AFP

• 2017 - Rama Yade

De son côté, Rama Yade était bel et bien candidate. Après n'avoir recueilli que 353 émargements, l'ex-secrétaire d'État chargée des Sports de Nicolas Sarkozy a dénoncé une forme de chantage sur les maires.

"Le nouveau système de parrainages est scandaleux. Il y a un chantage de la part des grands partis et des grandes collectivités territoriales", lâchait-elle auprès de L'Opinion.
https://twitter.com/Hugo_Septier Hugo Septier Journaliste BFMTV