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Présidentielle

Laïcité: l'appel de Charlie Hebdo aux candidats à la présidentielle

Riss, directeur de "Charlie Hebdo", invitée de Ruth Elkrief sur BFMTV le 21 février 2017.

Riss, directeur de "Charlie Hebdo", invitée de Ruth Elkrief sur BFMTV le 21 février 2017. - BFMTV

Riss, directeur de Charlie Hebdo, a expliqué mardi sur BFMTV pourquoi son journal interpelle dans un texte à paraître ce mercredi les politiques engagés dans la course à l'Elysée.

"Charlie Hebdo" demande des engagements aux candidats à la présidentielle sur la laïcité. Riss, directeur de Charlie Hebdo, a défendu le contenu d'un texte à paraître ce mercredi dans les colonnes de l'hebdomadaire satirique. Cette implication dans la campagne est inédite dans l'histoire du journal.

Le titre de presse appelle les candidats à "s'engager clairement" sur trois points: "ne pas modifier, de quelque manière que ce soit, la loi du 9 décembre 1905 sur la laïcité", "ne jamais introduire dans la législation, sous quelque forme que ce soit, des aménagements particuliers à l'égard d'une communauté religieuse", "ne jamais introduire, de quelque manière que ce soit, un délit de blasphème dans la législation".

"Est-ce qu'on parle bien de la même laïcité?"

Riss précise avant toute chose que l'implication de son journal dans la campagne "est limitée sur un thème qui nous est cher, celui de la laïcité". Selon lui, cette thématique est évoquée dans les débats "parfois avec beaucoup de légèreté". "On aimerait que les choses soient plus claires de la part des candidats", souligne-t-il.

"Entre Marine Le Pen et d'autres, on a l'impression qu'il y a un label de qualité qu'il faut présenter quand on est candidat à la présidence de la République. Est-ce qu'on parle bien de la même laïcité?", demande-t-il.

Riss interprète, par exemple, la décision de Marine Le Pen de ne pas porter le voile devant le grand mufti de Beyrouth en déplacement ce mardi à Beyrouth "comme une instrumentalisation" de la laïcité. "C'est une manœuvre électorale", lance-t-il avançant qu'"elle ne fera jamais rien d'identique avec un électorat catholique".

"Pas d'acceptation du délit de blasphème"

L'inquiétude est également dirigée vers la gauche. "C'est un peu un problème inverse pour ménager un électorat que certains candidats pensent acquis à gauche, on n'ose pas parler de certaines choses", note-t-il.

La rédaction de Charlie Hebdo, victime d'une tuerie qui a décimé la rédaction le 7 janvier 2015, demande avec insistance qu'il n'ait pas "d'acceptation du délit de blasphème d'une manière ou d'une autre". "Nous y sommes plus sensibles parce que nous y avons été confrontés. Le blasphème existe dans les têtes même s'il n'existe pas dans la loi", déplore le directeur du journal. 

"Charlie Hebdo est toujours là et a envie d'exister encore longtemps", conclut-il même si "parfois on s'aperçoit que le public est moins tolérant vis-à-vis de la satire. On a l'impression que ce qui s'est passé en 2015 a libéré la parole".

E. M. avec AFP