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Présidentielle

Fillon, Le Roux... Avant Roussel, ces autres politiques ébranlés par des affaires d'emploi fictif

Le candidat communiste à la présidentielle Fabien Roussel pose le 24 janvier 2022 au siège du PCF à Paris

Le candidat communiste à la présidentielle Fabien Roussel pose le 24 janvier 2022 au siège du PCF à Paris - BERTRAND GUAY © 2019 AFP

Au cœur de la polémique pour avoir été engagé comme assistant parlementaire entre 2009 et 2014, sans pouvoir présenter de preuve de la réalité de son emploi, Fabien Roussel n'est pas le seul à être mis en difficulté par des soupçons d'emplois fictifs à l'Assemblée nationale. De nombreux élus ont déjà été épinglés.

La controverse qui touche Fabien Roussel, accusé par Mediapart d'avoir occupé un emploi fictif à l'Assemblée nationale - ce qu'il nie - n'est pas la première du genre. Alors que les règles concernant les emplois au Parlement ont fortement évolué ces dernières années, beaucoup de politiques ont déjà été pointés du doigt pour ce type de pratiques.

Les dizaines de contrats de Penelope Fillon

L'affaire la plus connue d'emplois fictifs à l'Assemblée nationale est bien sûr celle liée à Penelope Fillon. En pleine campagne présidentielle, le Canard enchaîné multiplie les révélations fin janvier 2017 et révèle notamment que l'épouse du candidat des LR a travaillé à l'Assemblée nationale pendant des années à ses côtés puis pour son successeur Marc Joulaud.

Problème: elle ne peut pas produire une seule preuve de son travail et s'est toujours présentée comme une "femme au foyer". Pour ses emplois, elle a touché 680.380 euros.

François Fillon est condamné en première instance à cinq ans d’emprisonnement dont deux ans de prison ferme, 375.000 euros d’amende et dix ans d’inéligibilité. Sa femme, elle, est condamnée à 3 ans de prison avec sursis, 375.000 euros d'amende et le remboursement d'un million d'euro à l'Assemblée nationale. Le couple a fait appel et le verdict du second procès sera rendu en mai.

A l'époque, François Fillon a bien le droit d’embaucher sa femme comme assistante parlementaire. Aucun texte n’interdit alors à un élu de recruter un membre de sa famille ou de son entourage. Ce qui est reproché à Penelope Fillon est bien l'absence de travail, pourtant rémunéré sur fonds publics.

Bruno Le Roux et ses filles embauchées à 15 ans

En pleine affaire Fillon, Quotidien révèle que le ministre de l'Intérieur de l'époque, Bruno Le Roux, a fait signer 24 contrats de collaboratrices parlementaires à ses filles alors lycéennes puis étudiantes, dès l'âge de 15 ans pour un montant total de 55.000 euros. Plusieurs de ces contrats ont été réalisés pendant un stage en Belgique pour l'aînée et pendant l'année scolaire en classe préparatoire pour la benjamine.

Bruno Le Roux démissionne le lendemain de ses révélations et le parquet financier ouvre une enquête.

Autre socialiste épinglé: Philippe Martin. L'ancien député du Gers a été condamné en janvier dernier à deux ans de prison avec sursis pour avoir rémunéré son ex-épouse en tant qu’assistante parlementaire à l'Assemblée nationale entre 2002 et 2013. Aucune trace de ses activités n’a pu être fournie à la justice.

Des élus condamnés

Le député Alain Marsaud a été condamné en 2018 pour avoir embauché sa fille de manière fictive pendant 4 ans. Un compte, ouvert à son nom et sur lequel l'élu avait une procuration, a reçu sur cette période près de 204.000 euros. Sa fille n’a pas été mise en cause dans le dossier.

Richard Ferrand, alors nommé ministre de la Cohésion des territoires en mai 2017, est également soupçonné d'avoir fait travailler son fils de façon fictive pendant plusieurs mois, avant d'être contraint à la démission en juin. Cette affaire ne l'empêche pas de devenir président du groupe LaREM à l'Assemblée avant d'arriver au Perchoir.

Face à ces affaires, l'une des premières lois votées par le gouvernement d'Édouard Philippe réglemente la question des emplois de proches au Parlement. Depuis l'automne 2017, il est désormais interdit à un député ou à un sénateur d'employer son conjoint, ses enfants et ses parents.

Cette réponse législative vise à mettre fin à l'impossibilité de vérifier le réel travail qu'effectuent les collaborateurs familiaux. Si de nombreux enfants, épouses ou maris ont bien effectué de véritables travaux aux côtés de leurs proches élus, les soupçons d'emplois fictifs sont alimentés par l'opacité et la discrétion des parlementaires peu enclins à parler de cette pratique.

Bruno Le Maire et Jean-François Copé mis en cause

Avant l'affaire Penelope Fillon, Bruno Le Maire avait été pointé du doigt pour avoir embauché son épouse Pauline Le Maire.

En 2013, Mediapart révèle que l'épouse de celui qui est entre-temps devenu ministre de l'Economie, a été employée de 2007 à 2013 pour un salaire compris entre 2700 et 3200 euros par mois. Cette artiste-peintre s'est pourtant décrite à plusieurs reprises comme "femme au foyer".

Nadia Copé, la femme de Jean-François Copé a été, elle aussi, épinglée. Cette psychologue pour enfants fut son assistante parlementaire pendant plus de 6 ans.

Le MoDem et le RN sont également soupçonnés d'emplois fictifs, cette fois-ci au Parlement européen. Les députés européens du Modem et du RN auraient employé des collaborateurs parlementaires pour travailler au service du parti et non sur des dossiers européens, comme l'exige pourtant leur statut. François Bayrou et Marielle de Sarnez, depuis décédée, ont notamment été mis en examen. Tout comme Marine Le Pen.

Marie-Pierre Bourgeois