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Présidentielle

Ce qu’a répondu Marine Le Pen aux Français qui ont participé à "La France dans les yeux"

Marine Le Pen invitée de "La France dans les yeux" sur BFMTV, le 22 mars 2022.

Marine Le Pen invitée de "La France dans les yeux" sur BFMTV, le 22 mars 2022. - ELIOT BLONDET / ABACAPRESS

La candidate du Rassemblement national à l'élection présidentielle a répondu ce mercredi soir aux questions de Bruce Toussaint et d'une vingtaine de Français sur BFMTV.

En deuxième position dans les sondages, Marine Le Pen est créditée de 20% d'après la dernière étude réalisée par Elabe pour BFMTV et L'Express avec notre partenaire SFR. À un peu moins de trois semaines du premier tour de l’élection présidentielle, la candidate du Rassemblement national a tenté de convaincre une vingtaine d'habitants des Hauts-de-France qui l'ont interrogée dans La France dans les yeux sur BFMTV.

Guerre en Ukraine, Covid-19, euthanasie… La candidate d'extrême droite a répondu à leurs questions sur son programme et sur l'actualité. Retour sur les moments marquants de l'émission.

• Marine Le Pen assure ne pas avoir "adoubé" Vladimir Poutine

La candidate a balayé à plusieurs reprises les critiques sur ses liens avec Vladimir Poutine. "Le jour où (il) a lancé son armée (en Ukraine), je n’ai pas fait preuve de la moindre ambiguïté", a-t-elle assuré en réponse à une question de Frédéric Skobe, un expert patrimonial. "Je défends le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes."

Marine Le Pen a affirmé n’avoir rencontré le maître du Kremlin "qu’une seule fois, en 2017", sans pour autant l'avoir "adoubé". "Je n’ai pensé qu’à l’intérêt de la France", a-t-elle ajouté, assurant ne pas avoir de lien économique ou personnel avec le chef d'État russe.

La candidate du RN a cependant refusé de le qualifier de "criminel de guerre", comme lui demandait une autre participante de l'émission, Laure Ivashkovych. Une expression qui serait contre-productive dans les négociations avec la Russie, a-t-elle jugé.

• Marine Le Pen promet de "rendre leur argent aux Français", mais sans augmenter le smic

La candidate a répondu à Sandrine Bantegnie, une mère célibataire qui a vu ses factures grimper de plus de 200 euros par mois.

“Je vais mettre en place des mesures chocs pour le pouvoir d’achat. Je veux rendre 150 à 200 euros par mois en moyenne aux ménages”, lui a promis Marine Le Pen.

Elle propose notamment de baisser la TVA sur l’énergie de 20% au taux minimal actuel, 5,5%. D’après le chiffrage de la candidate, cela coûtera 12 milliards d’euros à l’État.

Marine Le Pen ne prévoit pas en revanche d'augmentation du smic - "les petites entreprises ne pourraient pas suivre", a-t-elle argué - mais veut les inciter à augmenter les bas salaires, en contrepartie d’un gel des charges patronales sur ces rémunérations.

• Marine Le Pen veut réintégrer et payer rétroactivement les soignants non-vaccinés suspendus

"Une injustice." C’est ainsi que Marine Le Pen a qualifié la suspension des contrats de travail, depuis octobre dernier, de quelque 15.000 soignants non-vaccinés. Parmi eux, Marie Despringue, puéricultrice, a demandé à la candidate ce qu’elle comptait faire en la matière si elle était élue.

"Je réintégrerai l’intégralité des soignants suspendus", a répondu Marine Le Pen. "Je regarde à reverser les salaires non perçus" au personnel soignant non-vacciné qui ne peut plus travailler actuellement, a-t-elle ajouté.

S’en est suivi un échange tendu avec Jonathan Favre. Face à ce médecin généraliste, inquiet de la levée des restrictions face au Covid-19, Marine Le Pen a dénoncé la politique du tout vaccin, répétant à plusieurs reprises que le vaccination "n’empêche pas d’attraper le virus" - les études montrent cependant qu'elle contribue à diminuer, même partiellement, la transmission et se révèle particulièrement efficace contre les formes graves.

Sur la question de la vaccination des enfants, Marine Le Pen affirme ne pas vouloir faire vacciner les enfants, à l’exception des plus fragiles: "je suis fondamentalement contre, parce qu’en réalité, tout vaccin comporte une part quand même de risque", a-t-elle affirmé sur BFMTV. "J’assumerai cette décision en tant que mère", a t-elle ajouté.

• Marine Le Pen veut durcir les conditions de naturalisation

Face à un Français qui se demande qui de Marine Le Pen ou d’Eric Zemmour incarne le mieux la ligne sécuritaire, la candidate du Rassemblement National, tacle, sans le nommer, son adversaire d’extrême-droite. "Est-ce qu’il faut parler fort ou agir juste?", a-t-elle fait mine de s’interroger. "Cela fait 40 ans qu’on parle de sécurité. Chaque français sait que nous aurons une poigne de fer", a-t-elle poursuivi.

La candidate a balayé les interrogations sur son discours jugé moins clivant sur la sécurité qu’il y a cinq ans.

"Je suis la seule candidate à la présidentielle à avoir subi un acte terroriste", a-t-elle rappelé, avant de s’en prendre au système judiciaire, accusé d’être "le maillon faible" de la politique dé sécurité. Marine Le Pen pense qu’un certain nombre de magistrats défendent "une idéologie laxiste".

Le programme de la candidate contient le durcissement des conditions de naturalisation. "La nationalité française s’hérite ou se mérite", a décrété Marine Le Pen. Interrogée à plusieurs reprises par Maria Toumi sur les critères de "mérite" ou d'"assimilation" qu'elle envisageait, la candidate RN a répondu "respecter les lois, adopter les mœurs françaises, la Constitution française".

• Marine Le Pen s’oppose au "ministère de la remigration" d’Eric Zemmour

Son adversaire d’extrême-droite, Eric Zemmour, veut créer "un ministère de la remigration". Il s’agit, pour l’ancien polémiste, d'expulser "tous les gens dont on ne veut plus". Marine Le Pen affirme ne pas vouloir reprendre à son compte ce terme, un concept à l'origine "totalement antirépublicain".

"Je sais très bien d'où vient ce concept, il a été créé par Jean-Yves Le Gallou", un ancien du FN, a débuté Marine Le Pen. "L'idée qu'il prnait était de supprimer la nationalité française à ceux qui l'avaient obtenue (...) de manière globale et générale, nonobstant le comportement individuel de chacun qui peut entraîner la déchéance de nationalité qui peut être parfaitement justifiée."

"Moi, je respecte l'état de droit et les gens qui ont obtenu la nationalité, y compris sur des critères que je conteste, sont des Français à part entière et conserveront la nationalité française", a assuré la candidate RN.

• Marine Le Pen se prononce contre l’euthanasie et la légalisation du cannabis

"L’euthanasie c’est la barrière qu’il ne faut pas franchir". Marine Le Pen s’est prononcée contre l’évolution de la loi relative à la fin de vie. "Je n’irai pas plus loin que la loi Leonetti", a-t-elle répondu à Jean-François Francilloux, qui a aidé sa grand-mère atteinte d'Alzheimer pendant près de dix ans.

La candidate a affirmé ne pas vouloir, non plus, du suicide assisté en France. "Lorsque le suicide assisté commence à être demandé par des enfants, par des personnes en forme, cela pose des questions éthiques." En revanche, la candidate prône le développement des soins palliatifs, pour limiter la douleur des patients.

Pour soulager ces douleurs, Marine Le Pen se prononce pour le cannabis thérapeutique. Pas question toutefois de légaliser cette drogue, affirme la candidate.

• Marine Le Pen s’en prend aux transfuges du RN qui rejoignent Eric Zemmour

La candidate du RN a enfin été interrogée sur sa capacité à "tenir son parti", dans un contexte de défection de certains de ses cadres au profit de Reconquête et d'Eric Zemmour.

"Ils sont partis parce qu’ils ne voulaient parler que d’immigration et d’insécurité, ce qu’ils font avec Eric Zemmour", a-t-elle estimé. D’après Marine Le Pen, ces anciens alliés lui reprochaient "de parler de social, de pouvoir d’achat". Elle affirme qu’elle ne leur pardonnera pas, et qu’il s’agit, pour eux, d’un "aller sans retour".

Pour conclure la soirée, Maryse Demarcq a demandé à la candidate si elle se sentait prête pour un nouveau débat d’entre-deux-tours avec Emmanuel Macron. "Je me suis trompée de stratégie" en 2017, a reconnu Marine Le Pen. "J’ai beaucoup travaillé les cinq dernières années, je suis prête”, a-t-elle affirmé.

Sofiane Aklouf