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Présidentielle

Blair, Trudeau, Renzi: ces dirigeants qui rappellent le parcours d'Emmanuel Macron

Emmanuel Macron le 23 avril 2017 à Paris, au Parc des expositions de la porte de Versailles

Emmanuel Macron le 23 avril 2017 à Paris, au Parc des expositions de la porte de Versailles - Eric Feferberg-AFP

Sans l'appui d'un parti historique, se voulant au-delà du traditionnel clivage gauche-droite, jeune et sans aucune expérience électorale: si le parcours d'Emmanuel Macron est inédit en France, il rappelle celui d'autres dirigeants hors de nos frontières.

À 39 ans, Emmanuel Macron pourrait devenir le plus jeune président de la Ve République. Ministre de l'Économie pendant deux ans, cet ancien banquier d'affaires diplômé de l'Ena a fondé son mouvement En Marche! il y a à peine plus d'un an. Nommé en 2012 secrétaire général adjoint du cabinet de François Hollande, Emmanuel Macron a connu une ascension politique fulgurante. S'il est choisi à l'issue du second tour de la présidentielle le 7 mai prochain, ce sera la première fois qu'un candidat ne s'étant jamais présenté à aucune autre élection remporte l'Élysée. Un parcours atypique dont certains aspects peuvent faire écho à l'étranger.

La "troisième voie" de Tony Blair

Il a été cité dès l'arrivée d'Emmanuel Macron à Bercy. L'ancien ministre de l'Économie a été comparé à plusieurs reprises à Tony Blair, ancien chef du gouvernement britannique. "Son attitude amicale -il tutoie plutôt que de vouvoyer- rappelle le début de Blair quand celui-ci essayait de moderniser la politique britannique", écrit The Times.

Une comparaison qui ne déplaît pas au principal intéressé. Lors d'une interview à la BBC, après que le journaliste britannique lui a déclaré "vous me faites penser à un jeune Tony Blair", celui qui était encore ministre a répondu: "merci du compliment".

Pourtant, le parcours des deux hommes n'a rien de similaire. Tony Blair a été membre de la Chambre des communes pendant vingt-quatre ans avant de devenir chef du Parti travailliste durant douze ans, puis Premier ministre pendant 10 ans. C'est davantage dans le fond que résident les ressemblances: Tony Blair est à l'origine du social-libéralisme, appelé également la "troisième voie".

  • "Il y a l'idée avec Tony Blair, qui est très forte chez Emmanuel Macron, de dépasser le clivage gauche-droite traditionnel, considéré comme n'appartenant plus au 21e siècle", analyse pour BFMTV.com Marc Lazar, directeur du centre d'histoire de Sciences Po. "Il y a également une dimension libérale optimiste selon laquelle la mondialisation est aussi une source d'opportunités."

La figure de Justin Trudeau

En septembre 2016, sur le plateau de l'émission On n'est pas couché, Gérard Collomb, le sénateur-maire PS de Lyon et soutien du candidat d'En Marche! comparaît Emmanuel Macron à Justin Trudeau, le Premier ministre canadien, estimant qu'il avait été élu "comme ça". Emmanuel Macron est même présenté comme le "French Trudeau", certains évoquant la jeunesse et les qualités télégéniques de ces deux libéraux.

La comparaison s'arrête pourtant là. Avant de devenir Premier ministre en 2015, Justin Trudeau (fils d'un ancien Premier ministre du Canada) a été élu en 2008 député de Papineau, une circonscription populaire de Montréal, alors qu'il avait 35 ans. Et a ensuite été réélu à deux reprises. Emmanuel Macron ne s'est quant à lui jamais présenté à un scrutin. Ce dernier s'en défendait lors d'un forum organisé par Le Monde en septembre 2015: "Pour être ministre, Premier ministre, président de la République, il faut se faire élire député. Mais ça c'est le cursus honorum d'un ancien temps."

Andrej Kiska, président sans parti

De manière plus anecdotique, la fulgurance du parcours d'Emmanuel Macron, encore inconnu du grand public jusqu'en août 2014 lorsqu'il est devenu ministre de l'Économie, rappelle Andrej Kiska, l'actuel président de la République slovaque. En 2014, cet homme d'affaires indépendant de tout parti est élu à la tête de cet État d'Europe de l'Est. Fondateur de plusieurs sociétés de micro-crédit et devenu millionnaire, il était alors totalement novice en politique, contrairement à Emmanuel Macron.

La "guerre-éclair" de Silvio Berlusconi

Plus proche de nos frontières, une comparaison "très osée" avec Silvio Berlusconi, homme d'affaires italien devenu président du Conseil des ministres, est envisagée par Marc Lazar.

"Il a surgi en 1994 dans un contexte de défiance -certes plus prononcé qu'en France- vis-à-vis de la classe politique et de décomposition des grands partis, de nombreux députés étaient poursuivis pour corruption. En quelques mois, il s'est lancé en politique, a créé son parti Forza Italia. Et a remporté les élections à la surprise générale après une guerre-éclair."

L'historien note néanmoins "une montagne de différences": Emmanuel Macron n'est pas milliardaire, ne possède pas plusieurs chaînes de télévision, n'est pas suspecté de conflits d'intérêts et n'a pas la même ligne politique. Mais, note le spécialiste de la gauche socialiste et sociale-démocrate en Europe, En Marche! n'existe que par son fondateur, tout comme l'était le parti de Silvio Berlusconi.

La dimension générationnelle de Matteo Renzi 

Autre figure comparable: à 39 ans, Matteo Renzi est devenu le plus jeune président du Conseil des ministres italien en 2014. Et selon Marc Lazar, la dimension générationnelle est à prendre en compte chez les deux hommes.

"Durant sa campagne, Matteo Renzi s'était présenté comme un homme neuf et avait insisté sur le fait qu'il incarnait une nouvelle génération, tout comme Emmanuel Macron lors de son discours de Bercy."

Ancien maire de Florence et secrétaire national du Parti démocrate, il a été contraint de démissionner fin 2016 après sa défaite au référendum sur la réforme constitutionnelle. Si leur étiquette politique est différente, Emmanuel Macron et Matteo Renzi sont cependant tous deux de fervents défenseurs de l'Union européenne. Matteo Renzi tente par ailleurs de reprendre un nouveau souffle en copiant le modèle d'Emmanuel Macron: un mois après le lancement d'En Marche!, il a fondé "In Camino". 

Mais comme le rappelle Marc Lazar, s'il y a des expériences qui font écho à la situation d'Emmanuel Macron, le parcours de ce dernier reste "tout à fait original": "Un candidat qui n'a jamais été élu, jeune, sans grand parti et sans fortune personnelle, avec très peu d'expérience politique, c'est du jamais vu".

Le dossier complet de BFMTV.com consacré à l'élection présidentielle

Céline Hussonnois-Alaya