"Aux municipales, le FN va détruire le Front républicain"

Battu de très peu à la législative partielle de Villeneuve-sur-Lot, le FN paraît prendre plus d'assurance à chaque élection et affiche désormais de grandes ambitions pour l'avenir.

Le score d’Etienne Bousquet-Cassagne (47%) lors de la législative partielle de Villeneuve-sur-Lot remportée par le candidat UMP est un "bel exploit" pour le vice-président du Front national Florian Philippot. A l'inverse, François Hollande a prévenu ses troupes: "des leçons sont à tirer" de ce résultat. Il s'agit surtout d'"un avertissement sérieux", pour Jean-François Copé. Parlent-ils des municipales à venir en mars 2014?

Le premier avait aussi attribué la défaite du candidat socialiste à l’affaire Cahuzac quand le second avait appelé à sanctionner la politique du gouvernement. Le Front national profiterait donc de circonstances porteuses. Pourtant, le FN semble sortir grandi de cette échéance. Et bien que les résultats aient été meilleurs dans l'Oise en mars dernier, Florian Philippot, encore lui, prédit des succès à venir pour le parti dirigé par Marine Le Pen.

"Des appels du pied à l'UMP"

"La prochaine étape pour Marine Le Pen et son camp ce sont les municipales mais le scrutin de liste reste problématique pour le FN", tempère le politologue et géographe électoral Emmanuel Saint-Bonnet. En effet, il reste plus difficile de trouver plusieurs candidats sur un territoire restreint (une ville) que d’en trouver un seul pour couvrir un territoire plus large (législative par exemple).

"Le FN va continuer à travailler lors de cette élection à la destruction du Front républicain, imagine le politologue. Des appels du pied, des propositions d’accord seront faits localement à l’UMP, aux candidats divers droite mais aussi UDI". L’on prête aux candidats portés par le FN des ambitions importantes dans des villes moyennes.

Celle de Tarascon dans les Bouches-du-Rhône a été mise en avant mais le Sud-Est dans son ensemble est clairement ciblé. "L’offensive sera réelle dans les villes entre 30.000 et 100.000 habitants, annonce Emmanuel Saint-Bonnet. La prise d’une ville de cette taille aurait une valeur symbolique, même si le cas de Toulon - 164.532 habitants en 2010 - en 1995 semble délicat à réitérer.

Le FN pas forcément vu comme un recours

Néanmoins, "le phénomène FN a pris de l’ampleur et l’on ne peut plus dire que le parti de Marine Le Pen n’a d’impact qu’à l’Est d’une ligne de force Le Havre-Valence-Perpignan". Les zones géographiques de l’électorat frontiste sont moins marquées, déjà depuis la présidentielle 1995. Soit depuis que Jean-Marie Le Pen est parvenu à trouver "une résonance dans l’électorat rural et ouvrier", analyse le spécialiste.

Et si elles restent un scrutin local aux vertus analytiques incertaines, aux municipales de 2014, mécaniquement, la gauche risque de perdre certains de ces acquis de 2008 comme elle avait perdu déjà en 2001 malgré les symboles Paris, Lyon ou Dijon. Alors au pouvoir, Nicolas Sarkozy avait aussi perdu toutes les élections intermédiaires. Est-ce le fameux vote sanction? Peut-il profiter massivement au FN?

"C'est l’adhésion à la politique tout court qui est en danger et pas qu'en France d'ailleurs", estime Emmanuel Saint-Bonnet. Un récent sondage montre d'ailleurs que 60% des Français estiment que le FN ne serait pas capable de faire mieux s’il venait à gouverner.

"Le problème qui guette les directions de partis politiques, c’est qu’ils pensent que leur électorat leur appartient, prévient Emmanuel Saint-Bonnet. Or l’électorat est fragile et volatil. Et ce type d’électeurs sanctionne les élus en place". Du PS, de l'UMP, et peut-être bientôt du FN.

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Samuel Auffray