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Législatives: les questions qui se posent après les résultats de ce second tour

Emmanuel Macron va-t-il réussir à nouer des alliances pour renforcer sa majorité relative? Comment va se traduire la percée historique du RN? La Nupes, première force d'opposition, mais jusqu'à quand? Après la publication des premiers résultats du second tour des législatives, plusieurs questions se posent.

Contrairement au premier mandat d'Emmanuel Macron, la coalition présidentielle n'a pas obtenu la majorité absolue à l'issue du second tour des élections législatives. D'après les dernières projections réalisées par Elabe pour BFMTV-RMC et L'Express avec SFR, Ensemble n'obtient que 247 sièges au lieu des 289 requis.

L'union de la gauche baptisée Nouvelle union populaire écologique et solidaire (Nupes) devient le premier opposant à l'Assemblée nationale. Mais réunissant quatre forces motrices (LFI, EELV, PS et PCF), qui ont prévu de siéger dans des groupes séparés, saura-t-elle durer une fois dans l'hémicycle?

Derrière elle, le Rassemblement national s'offre une percée historique avec 90 sièges et pourrait devenir premier opposant en cas de dislocation de la Nupes. Quant aux LR et à l'UDI, arrivés troisième avec 68 députés élus, ils pourraient jouer les faiseurs de roi en s'alliant à la majorité.

· Avec qui Macron va-t-il gouverner?

Pendant cette soirée électorale, l'ancien porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal a reconnu un résultat "très loin" des espérances de la majorité. Dès la publication des premiers résultats, l'actuel ministre délégué chargé des Comptes publics a appelé à "dépasser certitudes et clivages" afin de "trouver une stabilité nécessaire pour agir".

Olivia Grégoire, sa successeure au porte-parolat évoque une "main tendue, comme elle l’a toujours été" pour "continuer à gouverner". "J'appelle au sens des responsabilités de chacun, il faut éviter le blocage", a déclaré de son côté Bruno Le Maire, en appelant à "dialoguer", "écouter" et "prendre en considération" les idées "des hommes et des femmes qui se retrouvent dans le projet du président de la République".

"Nous travaillerons dès demain à construire une majorité d’action, il n’y a pas d’alternatives", a assuré depuis Matignon ce soir la Première ministre, Élisabeth Borne, victorieuse dans le Calvados. "Je suis certaine que nous pouvons nous rassembler largement pour le plein emploi, pour une transition écologique ambitieuse (…) avec le président de la République, nous allons œuvrer dans le dialogue", a-t-elle déclaré, sans un mot sur son propre score, uniquement concentrée sur les alliances à venir.

· Rififi chez Les Républicains

Mais qui veut gouverner avec Emmanuel Macron fragilisé? Chez les LR, les premières divisions apparaissent. L'ancien ministre LR Jean-François Copé a bien plaidé pour sa part ce dimanche à un "pacte de gouvernement" avec le parti présidentiel. Mais le maire de Meaux a rapidement été isolé au sein de son parti.

C'est une position "personnelle" a immédiatement rétorqué son patron Christian Jacob. Le président des Républicains, a d'ores et déjà assuré que son parti restera "dans l'opposition" à Emmanuel Macron.

"Pour ce qui nous concerne, nous avons fait campagne dans l'opposition, nous sommes dans l'opposition, nous resterons dans l'opposition", a martelé le président LR, depuis le siège du parti.

· Quel avenir pour la Nupes?

Jean-Luc Mélenchon avait réussi un tour de force en mai en unissant LFI, EELV, le PS et PCF. S'il n'arrive pas à accéder à Matignon -comme il l'espérait, malgré la faible probabilité d'y arriver- en ne raflant pas la majorité à l'Assemblée, il prend avec la Nupes la première place de l'opposition. Mais jusqu'à quand?

L'avenir de la Nupes sera scruté, en particulier sa capacité à rester unie durant la mandature à venir. "On siégera certes dans des groupes (séparés) mais aussi dans un intergroupe", nous indiquait le candidat et proche du leader de la gauche, Antoine Léaument, durant l'entre-deux tours.

"Nous avons entre les mains quelque chose de plus grand que nous (...) l’acte de naissance d’une culture commune", avait déclaré au JDD Mélenchon à l'issue du premier tour, laissant entendre que le père de l'union veut voir son enfant grandir, même après le second tour.

"Vous pouvez compter sur les écologistes, les socialistes, les communistes et les Insoumis pour agir ensemble à chaque fois pour le climat, la justice sociale et la démocratie", a annoncé ce soir l'EELV Julien Bayou sur BFM Paris, éélu sans difficulté à Paris. Il appelle la Nupes à "rester unie dans la diversité".

· Le RN va-t-il rafler la commission des finances?

Si la Nupes prend l'eau, alors le RN deviendrait première force d'opposition devant La France Insoumise. Avec ses 90 députés élus, selon les dernières estimations, le parti de Marine Le Pen passerait devant les Insoumis et leurs 84 sièges obtenus au sein de l'union de la gauche.

La tradition veut que la présidence de la commission des Finances aille au groupe parlementaire d’opposition le plus important. Elle pourrait alors revenir au RN quand les pronostics la donnaient à la gauche dans l'entre-deux tours.

Cette commission parmi les huit permanentes qui résident au Palais-Bourbon remplit une fonction essentielle: son président en fixe l’ordre du jour, notamment au moment de l’examen du projet de loi de finances. Il a ainsi le pouvoir de retarder voir de bloquer l'examen du budget du gouvernement.

Avant les résultats de cet entre-deux tours, la perspective que LFI puisse prendre la tête de cette commission donnait des sueurs froides à la majorité présidentielle. Alors imaginer qu'elle puisse revenir au RN... Matignon pourrait éventuellement compter sur l'article 39 du règlement de l'Assemblée qui explicite "qu’un député appartenant à un groupe s’étant déclaré d’opposition" doit prendre la tête des finances, sans préciser son nombre de députés. Le gouvernement pourrait alors accepter un député LR plutôt qu'un RN.

"On n'est pas la béquille d'Emmanuel Macron, on ne va pas voter la retraite à 65 ans (...) mais on va être une opposition responsable, on ne va pas faire comme la Nupes et transformer l'Assemblée nationale en ZAD", a commenté de son côté le président par interim du RN, Jordan Bardella, choisissant d'ores et déjà de montrer un visage d'opposant à l'Assemblée. Et voulant trouver sa place face à la Nupes.

Hortense de Montalivet