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Politique

Affaire Ferrand: feuilleton à haut risque pour l'exécutif

Bien que le volet judiciaire de l'affaire Ferrand soit pour l'heure inexistant, le feuilleton qui touche le secrétaire général de La République en marche est politiquement explosif pour l'exécutif.

La pression monte sur le gouvernement: chez les Républicains et au Parti socialiste, les ténors réclament à l'exécutif des explications sur le cas Richard Ferrand, quand ce n'est pas sa démission. Le ministre de la Cohésion des territoires et secrétaire général de La République en marche est à la fois accusé de conflit d'intérêt, en tant qu'ancien directeur général des Mutuelles de Bretagne, et impliqué dans un montage immobilier, sans toutefois avoir commis d'infraction.

Pour l'heure, l'affaire appartient davantage au domaine politico-médiatique que judiciaire, le parquet national financier et le parquet de Brest n'ayant pas jugé que les éléments à leur disposition justifiaient l'ouverture d'une enquête.

Exigence de transparence

"Je demande tout simplement que le garde des Sceaux, qui nous a dit qu'il faisait de la transparence la question de son accord avec Emmanuel Macron, s'expriment sur le sujet", a ainsi déclaré le premier secrétaire du Parti socialiste Jean-Christophe Cambadélis, qui estimait lundi que le ministre devait "évidemment" démissionner.

François Baroin, chef de file des Républicains pour les législatives a quant à lui réclamé ce mardi que "le pouvoir au plus haut niveau apporte des réponses". "Il faut sortir de ce silence, il faut que le garde des Sceaux (resté mutique, NDLR.) et le gouvernement donnent la ligne du traitement de cette situation", estime-t-il. Des demandes moins candides qu'il n'y paraît, puisqu'elles constituent d'abord un piège politique pour Emmanuel Macron et son gouvernement.

Point faible

L'affaire est une aubaine pour les adversaires de La République en marche, alors que la première mesure du quinquennat d'Emmanuel Macron porte sur la "moralisation" de la vie publique. Une vulnérabilité qui n'a pas échappé à l'écologiste rallié à En Marche! Daniel Cohn-Bendit, qui estime dans Libération que "le mieux pour le moment serait que Richard Ferrand démissionne en tant que ministre". "Vu l’ampleur de ce que veut faire Macron il serait préférable que Ferrand le protège ainsi", commente-t-il. 

Le président de la République, plongé en pleine séquence diplomatique et attaché à se façonner une image "jupiterienne", n'a que des coups à prendre dans ce dossier. Le temps accordé à la vérification des antécédents des ministres avant leur nomination - encore insuffisant semble-t-il - attestait pourtant de la conscience d'Emmanuel Macron du "double tranchant" que représentait l'exigence de "transparence". 

Tenir jusqu'aux législatives

Le couple exécutif, espérant dans un premier que l'affaire dégonfle rapidement, n'échappera pas à une séquence de justification. Et c'est Édouard Philippe qui a enfilé à 20 heures sur France 2 les bottes du pompier. Il a réaffirmé son soutien mais mis en garde contre une mise en examen. Officiellement, la "ligne rouge" gouvernementale qu'est l'infraction à la loi n'a pas été franchie pas franchie: Matignon et l'Élysée maintiennent donc leur confiance au ministre

"Il peut y avoir un hallali qui affaiblirait n'importe qui", s'inquiète le porte-parole du gouvernement Christophe Castaner. Si la tournure du dossier demeure très incertaine, l'enjeu politique pour La République en marche est de ne pas être entraîné par la chute éventuelle du ministre de la Cohésion des territoires. "Le mieux, c'est que Ferrand tienne jusqu'aux législatives pour assurer son élection. S'il démissionne maintenant, c'est la torche…"

Louis Nadau