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Police-Justice

Un otage de l'Hyper Cacher témoigne: "Coulibaly était presque gentil, ça m’a donné froid dans le dos"

Un homme retenu par Amedy Coulibaly vendredi dernier raconte sur BFMTV la prise d'otages dans l'Hyper Cacher.

Un homme retenu par Amedy Coulibaly vendredi dernier raconte sur BFMTV la prise d'otages dans l'Hyper Cacher. - Capture BFMTV

Il y a une semaine jour pour jour, cet ancien fonctionnaire de 67 ans faisait partie de la quinzaine de personnes prises en otages par Amedy Coulibaly dans l’épicerie casher de la porte de Vincennes. Sur BFMTV, il raconte l’horreur de ces longues heures passées entre les mains du jihadiste.

Aujourd’hui, “ça va”, dit-il pudiquement. “Aussi bien qu’on peut se sentir dans ces conditions”, prend-il soin de préciser. Vendredi dernier, cet ancien fonctionnaire de 67 ans faisait partie de la quinzaine de personnes prises en otages pendant plusieurs heures par Amedy Coulibaly dans le magasin Hyper Cacher de la porte de Vincennes, à Paris. Une semaine après jour pour jour, il témoigne sur BFMTV.

Cet homme, que Ruth Elkrief a rencontré chez lui, parle face cachée, ne souhaitant pas être reconnu. Il se dit “victime de sa gourmandise”. Le 9 janvier, vers 12h30, il entre “tout à fait par hasard” dans cette supérette. Il travaille à quelques pas de là. Il se dirige vers le fond du magasin, avec en tête l’idée d’acheter “du houmous”. “Ce n’était pas le jour pour acheter du houmous”, regrette-t-il, la voix calme. Car à ce moment là, des coups de feu retentissent. Comme “un bruit de pétard”.

“Je crois que j’ai compris parmi les premiers”, explique-t-il. “Dans ma carrière, il m’est arrivé de savoir un peu comment fonctionnent les armes de guerre. J’ai reconnu le bruit d’une Kalachnikov”.

Panique

Là, “c’est la panique”. Les otages se bousculent, certains tombent. Lui aussi “suit le mouvement”. Il descend des escaliers et parvient à se réfugier, “avec d’autres, dont une jeune femme et son nourrisson”, dans une chambre froide au sous-sol. Au bout d’une vingtaine de minutes, quelqu’un descend et les somme de revenir à l’étage, où se trouve Amedy Coulibaly. “On nous a dit: ‘Remontez tous ! Parce que si vous ne remontez pas, il va descendre et il tuera tout le monde’”, se souvient-il. Les otages sont pris d’hésitations. Lui décide de remonter.

En haut, “un cadavre git dans son sang”. “Le malheureux, je l’ai appris par la suite, a été tué parce qu’il essayait de prendre l’arme de Coulibaly”, rapporte-t-il à notre micro. Plus loin, le terroriste est là, “avec toutes ses armes” et l’invite à rejoindre les autres otages réunis près d’une caisse. Il obéit. De là, il a une “vue directe” sur trois des quatre victimes tuées par Amedy Coulibaly, dont une en train d’”agoniser”. L’otage reste là “5 heures, à attendre comme les autres”. Au milieu de l’horreur.

"Coulibaly était presque gentil"

Pendant l’après-midi, le jihadiste de 32 ans détaille ses revendications: il demande à la France “de quitter tous les territoires où on combat les islamistes”. Celui qui vient de tirer sur quatre otages se montre “aimable", et "même plutôt amical": il propose à ceux qui le veulent de manger s'ils ont faim, se préoccupe d'un enfant qui vomit sous le coup de l'émotion... “Coulibaly était presque gentil, ça m’a donné froid dans le dos”, glisse l'ancien fonctionnaire.

Interrogé, celui-ci confesse “bien sûr” avoir eu peur. Sans céder à la panique. “Certains de mes codétenus ont discuté avec lui. Moi je suis resté dans mon coin. J’ai essayé de faire le vide en moi car c’est une façon de gérer le stress". Et de préciser: "J’étais convaincu que les forces de l’ordre allaient attaquer. Jamais la France n'accepterait ses revendications."

V.R.