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Terrorisme

Renseignement: ne dites plus DCRI, mais DGSI

Le siège de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), à Levallois-Perret, ici le 31 janvier 2013. Il abrite aujourd'hui celui de la DGSI.

Le siège de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), à Levallois-Perret, ici le 31 janvier 2013. Il abrite aujourd'hui celui de la DGSI. - -

Le Renseignement intérieur français opère sa mue ce lundi. La nouvelle DGSI, qui supplante la DCRI, se dote de nouveaux moyens et d'effectifs recrutés hors de la police. Objectif: éviter les ratés de l'affaire Merah.

Aux yeux du profane, c'est en apparence un simple changement de sigle. Les mêmes locaux anonymes et ultra-sécurisés, à Levallois-Perret dans les Hauts-de-Seine. Pourtant, la nouvelle Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), qui succède ce lundi à la DCRI (Direction centrale du renseignement intérieur), se voit dotée de moyens et de compétences étendues, calqués sur le modèle de l'espionnage extérieur, la DGSE.

La dernière mue du Renseignement intérieur français avait eu lieu en 2008, sous Nicolas Sarkozy, avec la fusion des Renseignements généraux (RG) et de la Direction de la surveillance du territoire (DST), le contre-espionnage policier. Ce rapprochement avait abouti à la création de la DCRI, la Direction centrale du renseignement intérieur.

La nouvelle DGSI reprend les effectifs policiers de cette dernière, 3.600 agents triés sur le volet travaillant dans le secret, et ses missions de renseignement et de police judiciaire.

430 "civils" seront recrutés

Mais le nouveau service sort de son giron strictement policier - la DCRI dépendait du directeur général de la police - pour être directement rattaché au ministère de l'Intérieur, et est désormais doté d'un budget propre. En conséquence, 430 "civils" qui n'appartiennent pas à la police seront recrutés dans les cinq ans à venir: analystes, interprètes, informaticiens et chercheurs.

Forte de ces nouveaux moyens et compétences, la DGSI se veut désormais le pendant de la DGSE, les services secrets extérieurs, qui dépendent du ministère de la Défense et où se côtoient 5.000 civils et militaires.

Cette nouvelle "machine de guerre", selon un haut fonctionnaire, est un enseignement tiré des erreurs imputées à la DCRI dans l'affaire Merah. La tâche principale du nouveau service sera en effet de déjouer les attentats en France et les filières terroristes, particulièrement vers la Syrie, où les candidats au jihad sont de plus en plus nombreux.

Le renseignement de proximité renforcé

Cette réforme du Renseignement intérieur met aussi l'accent sur le renseignement de proximité. Exit la Sous-direction de l'information générale (SDIG), place au Service central du renseignement territorial (SCRT), un service indépendant de la DGSI. Celui-ci sera en charge de la surveillance des mouvements sociaux, des dérives sectaires, des violences urbaines et des mouvements "ultras".

DGSI et SCRT vont être amenés à travailler étroitement. Beauvau entend ainsi "redonner vigueur" au renseignement traditionnel, qui était autrefois l'apanage des RG mais se sentait délaissé face à la toute puissante DCRI.

M. T. avec AFP