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"La traque du siècle": comment les enquêteurs ont retrouvé la trace des terroristes du 13-Novembre

Policiers, magistrats, politiques ou encore journalistes... Ils racontent à BFMTV les mois de traque pour mettre la main sur les deux terroristes des commandos du 13-Novembre, Abdelhamid Abaaoud et Salah Abdeslam.

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Il était l'homme le plus recherché d'Europe. Pendant plusieurs mois, Salah Abdeslam s'est terré en Belgique, échappant aux polices française et belge. Interpellé le 18 mars 2016 à Molenbeek, une commune de Bruxelles, il comparaît devant la cour d'assises spécialement composée depuis mercredi, aux côtés de 19 autres accusés, pour les attentats du 13-Novembre.

Pour mettre la main sur le seul membre encore en vie des commandos qui ont perpétré les attaques de Paris et de Saint-Denis, c'est une véritable chasse à l'homme qui a été menée. Pendant quatre mois, policiers, magistrats, politiques ou encore journalistes ont vécu au rythme de cette traque. Ils livrent leur récit de ces longues semaines dans la série documentaire La traque du siècle, diffusée ce mercredi soir sur BFMTV et disponible en replay sur RMCBFMPlay.

"C’est une course contre la montre, effectivement parce que vous imaginez la traque, la pression des ministères, des administrations, du politique", commente François Molins, l'ancien procureur de la République de Paris. "Tout le monde a conscience du potentiel de dangerosité des gens qui sont dans la nature. Donc effectivement, c’est une angoisse permanente de passer à côté de quelque chose ou de mal faire."

De délinquant à terroriste

La traque de Salah Abdeslam débute le 14 novembre 2015 à 6 heures du matin. C'est à cette heure précise que les autorités belges apprennent l'identité de ce Franco-belge de 26 ans. L'information va remonter 5 heures plus tard à la cellule de crise française qui gère les attentats, vers 11 heures du matin.

Quelques heures plus tôt, Salah Abdeslam n'est en effet qu'un simple délinquant de droit commun en Belgique. La découverte d'un véhicule suspect immatriculé en Belgique et stationné devant le Bataclan, porte passager avant ouverte, juste après les attaques, met les polices européennes sur sa trace.

"Je suis contacté par texto par François Molins, que je connaissais, et qui me dit 'Frédéric, j'aurai besoin de ton aide parce que c'est du belge'", raconte Frédéric Van Leeuw, procureur fédéral belge. "Quand il me dit c’est du belge, je lui demande 'oui, comment tu sais?' Alors là effectivement, il me répond qu'il y a une voiture immatriculée en Belgique et il me transmet le numéro de la plaque et on le fait effectivement vérifier. Alors la réponse est assez vite transmise." Le véhicule a été loué.

Paris et Saint-Denis viennent d'être frappés par les attaques les plus meurtrières jamais commises en France. Salah Abdeslam a lui déposé les trois kamikazes du Stade de France puis a abandonné son véhicule dans le XVIIIe arrondissement de la capitale. Il va passer la nuit à Châtillon, dans la banlieue sud. Il achète un sandwich au McDo puis se rend dans la cage d'escaliers d'un immeuble où il passe une partie de la nuit avec un groupe de jeunes. À ce moment-là, personne ne sait qu'il est le terroriste que tout le monde recherche.

"Il a un accent belge, il a une coupe dégradée avec du gel, il a une grande doudoune", se souvient un jeune présent cette nuit-là dans cette cage d'escaliers. "Il avait des grosses cernes, donc je me suis dit qu’il était pas mal fatigué. On a regardé des vidéos sur Twitter… C’était la vidéo où on entend les coups de feu au Bataclan. Il n’avait pas d’émotion particulière, il regardait ça. Il disait que c’était triste..."

Contrôlé à trois reprises le soir des attentats

À 4h30, les jeunes laissent Salah Abdeslam. Lui dit qu'il attend toujours ses cousins. C'est vers 5 heures du matin que Mohamed Amri et Hamza Attou, deux amis du terroriste, arrivent en voiture depuis la Belgique. Salah Abdeslam s'engouffre dans le véhicule.

"Il leur raconte rapidement le déroulé de la nuit, donc il leur dit à la fois qu'il a participé aux attentats, que son frère Brahim est mort, qu'il s'est fait exploser au Comptoir Voltaire, d'ailleurs il profère des menaces, il dit: 'je me vengerai, ils le paieront'", raconte Soren Seelow, journaliste au Monde et auteur de La cellule, une BD-enquête sur les attentats.

Les trois hommes reprennent la route pour la Belgique. Ils empruntent majoritairement des axes secondaires, à la demande d'Abdeslam, mais finissent par se retrouver sur l'autoroute. À trois reprises, ils sont contrôlés par les polices françaises et belges. Ils repartent libres à chaque fois. "Ce que recherchent les policiers et gendarmes qui procèdent à ces contrôles, ce sont des terroristes potentiels", rappelle Guillaume Farde, consultant sécurité BFMTV. "Et le hasard, l’ironie, c’est que Salah Abdeslam est un terroriste, mais eux, à ce moment, ne le savent pas."

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Abdeslam nargue les policiers

Une première fois, Salah Abdeslam, Mohamed Amri et Hamza Attou sont contrôlés car les policiers les trouvent suspect. Les trois hommes ont les yeux rouges, et du cananbis est découvert dans la voiture, mais la priorité pour les policiers est de retrouver des terroristes. Le 14 novembre, à 9h10, la voiture est à nouveau contrôlée par le groupement de gendarmerie du Nord au péage de Thun-l'Evêque, près de Cambrai.

"Les gendarmes vont récupérer tout d’abord les cartes d’identité des trois individus, ils vont passer ces individus au fichier", explique Philippe Mirabaud, l'ex-commandant du groupement. "Et une fiche va tomber… puisque pour Salah Abdeslam, les services belges ont demandé à ce qu’on opère des contrôles discrets."

Mais après 30 minutes de vérifications, les trois hommes peuvent repartir. Car à ce moment-là, il n'y a toujours aucun signalement pour terrorisme qui est réalisé sur Salah Abdeslam. "Salah Abdeslam est à l’arrière du véhicule, durant tout le contrôle qui va durer une demi-heure", se souvient le commandant de gendarmerie. "Il va rester, comme les deux autres, extrêmement calme." Le terroriste va même jusqu'à narguer les autorités en répondant à une journaliste de la radio belge, la RTBF, lors de son troisième contrôle.

"Avec celui-là, c’est le troisième contrôle. Franchement, on a trouvé ça un peu abusif. Mais on a compris un petit peu le sens, le pourquoi. Après, on a su le pourquoi", répondent les trois occupants du véhicule aux questions de la journaliste. Une fois la frontière passée, Salah Abdeslam s'évanouit dans la nature.

La double traque

Au même moment en France, c'est une autre chasse à l'homme qui débute, celle d'Abdelhamid Abaaoud. "Côté renseignements, côté DGSI, il y a un directeur, Patrick Calvar, directeur général de la Sécurité intérieure, qui lui a une intuition, parce que ses services lui ont fait remonter du renseignement: c'est que c'est très vraisemblablement Abdelhamid Abaaoud qui est derrière ces attentats", commente Guillaume Farde.

"Nous avions des informations sur Abaaoud, parce que nous savions que depuis déjà plusieurs mois, se préparait en Syrie, dans un quartier que nous avions d'ailleurs identifié à Raqqa, des attentats contre la France", explique l'ancien président de la République François Hollande. "Nous savions que cet individu Abaaoud était parmi les organisateurs possibles d’attentats en France."

Un détail va mettre les enquêteurs sur sa piste. Le lendemain des attentats, une voiture est découverte à Montreuil, au nord de Paris. À l'intérieur sont découverts trois kalachnikovs et 17 chargeurs de 500 munitions chacun. Sur les images de vidéosurveillance de la station de métro la plus proche, un homme attire l'attention des policiers à cause de... ses baskets orange. À ce moment-là, personne ne pense qu'Abdelhamid Abaaoud peut se trouver en France.

Le coup de fil décisif

Le 16 novembre 2015, un coup de fil va tout changer. Sonia contacte le 197, le numéro de téléphone mis en place pour le grand public pour récolter des renseignements. "J’dis 'Allo oui bonjour, euh', je donne mon identité", raconte-t-elle, visage caché. "Et je lui dis 'c’est pour vous dénoncer que le terroriste qui passe à la TV, il est pas mort, il est pas mort, il est en France'. Et eux ils me disent, ‘mais c’est qui? Vous parlez de qui?’. Moi je dis ‘Boudaoud’. À cette époque-là, j’arrivais pas à dire Abaaoud."

"Le premier réflexe, c’est de se dire, ‘c’est trop beau pour être vrai…’", commente François Molins. "Est-ce que ça sent pas la manipulation? Sachant que ces gens-là n’ont rien à perdre, est-ce qu’en réalité tout ça, c’est pas un piège dans lequel on veut attirer la police, tuer les policiers? Ça, c’est effectivement quelque chose qui va agiter l’ensemble des services de renseignement et de police pendant des jours, pendant plusieurs jours."

Sonia est toutefois convoquée à Levallois-Perret, au siège de la Direction générale de la Sécurité intérieure. Elle subit une fouille "pour la bonne cause, pour éviter d'autres victimes", dit-elle. La jeune femme explique qu'elle héberge Hasna Aït Boulahcen, qui se révèle être la cousine d'Abdelhamid Abaaoud, et que cette dernière a reçu un coup de téléphone de la Belgique pour se rendre près d'un rond-point rue des Bergeries à Aubervilliers. "Elle explique qu’elles sont allées là-bas, arrivées sur les lieux, elles ont vu sortir deux hommes de derrière des buissons, de nulle part", poursuit l'ancien procureur de Paris. Ça paraît absolument incroyable!"

Sonia raconte aux enquêteurs sa conversation avec l'homme: "C’est là qu’il me décline son identité, ce qu’il a fait, ce qu’il compte faire. Et je lui dis 'vous avez tué des innocents'. Il me dit: 'non, c’est la guerre'." Elle affirme qu'Abaaoud lui confie également vouloir attaquer d'autres cibles: une crèche, un centre commercial et un commissariat.

Le témoignage de Sonia va finalement être accrédité par un autre élément, un détail. L'homme que la jeune femme a rencontré porte des baskets orange - comme celles repérées sur les caméras du métro.

Une surveillance, avec des caméras infrarouges et des policiers, est alors mise en place autour de ce buisson - une sorte d'igloo végétal près de l’autoroute A86, selon les enquêteurs. Le 17 novembre 2015, Abaaoud est filmé sortant de ce buisson en compagnie d'un complice. Ils vont être suivis par les enquêteurs jusqu'à la rue du Corbillon, à Saint-Denis.

"Je préviens le président de la République qu’une opération de récupération de ce terroriste, de neutralisation de ce terroriste va être engagée", rappelle Bernard Cazeneuve, le ministre de l'Intérieur de l'époque. "Quand je dis neutraliser, c’est à l’arrêter, et à l’interroger et à être jugé." "Donc tout au long de la nuit, il me donne ce qu’il sait", complète François Hollande. "C'est-à-dire qu’on écoute, on entend des voix, on a parfaitement reconnu Abaaoud. Et l’assaut peut être donc décidé."

Le 17 novembre au soir, les hommes du Raid reçoivent une alerte sur leur bipper pour qu'ils reviennent au service. Un briefing est rapidement organisé. "Ce qu'on décide en termes opérationnels, c'est de casser la porte à l'explosif, de faire exploser la porte, pour créer à la fois l'ouverture et la sidération et de rentrer rapidement pour aller interpeller les trois terroristes", explique Jean-Michel Fauvergue, l'ancien patron du Raid. L'idée est d'intervenir pendant leur sommeil, pour créer un effet de surprise.

"Il y avait une grosse concentration, il y avait clairement une certaine pression, parce que c’était quand même quatre jours après les attentats", se souvient Flo, chef de colonne du Raid. "Tout le monde a conscience qu’il est peu probable que ça se passe bien. On sait qu’en face, les gens, il est peu probable qu’ils se laissent interpeller. Voilà, donc, on réfléchit à tout ça."

Bernard Cazeneuve se souvient avoir été rapidement informé que "la configuration de l'immeuble est complexe" et que "l'assaut sera compliqué".

Dans la nuit, le Raid pénètre dans l'immeuble, les policiers ne sont pas certains de l'appartement où sont logés les terroristes. Ils montent les escaliers, dans le noir. "Les spécialistes de l’effraction qui seront en charge de l’ouverture s'approchent de la porte sous protection de l’opérateur qui aura des moyens balistiques pour les protéger", poursuit Flo. "Donc ils vont jusqu’à la porte, ils positionnent le dispositif explosif qui a été envisagé pour ouvrir la porte."

Sur les trois charges explosives, seules deux vont fonctionner. La porte de l'appartement reste fermée. Les policiers tentent de remettre une charge explosive. Ils sont interrompus par des coups de feu tirés depuis l'intérieur du logement. Les hommes du Raid répliquent. "Et cette fusillade, de la part du Raid en tout cas, elle sert à maintenir à distance les terroristes", explique Jean-Michel Fauvergue. La première phase de l'assaut va durer 10 minutes.

"Le chien est envoyé dans l’appartement, prend le couloir, il disparaît dans une chambre... et il est abattu. Il est abattu, et donc, on sait qu’il y a au moins un terroriste vivant", se rappelle l'ancien patron du Raid.

S'en suit à 5h36 une forte explosion. L'un des terroristes vient d'activer sa ceinture explosive. Abdelhamid Abaaoud, Hasna Aït Boulahcen et Chakib Akrouh meurent dans l'explosion.

La vie en cavale

Le travail des policiers est loin d'être terminé: Salah Abdeslam est toujours dans la nature. Le Franco-belge s'est réfugié dans une planque avec Mohamed Abrini, les frères El Bakraoui ou Oussama Krayem. Les autres ont des doutes sur l'engagement de Salah Abdeslam. Pourquoi est-il revenu vivant? Lui dit que sa ceinture explosive n'a pas fonctionné. Tous mettent en doute cette version.

Ce gilet explosif va être retrouvé dans une poubelle à Montrouge, au sud de Paris, quelques jours après les attentats. Les expertises démontrent que le dispositif était défectueux mais ne permet pas d'établir si le porteur du gilet avait tenté ou non de l'actionner.

"Il est tout à fait possible que la ceinture n’ait pas marché… Il est aussi possible qu’il n’ait pas voulu mourir", estime Marc Trévédic, ancien juge antiterroriste.

Salah Abdeslam et les membres de la cellule franco-belge vivent dans des planques louées sous de fausses identités. "La vie va s’organiser dans ces planques, une vie très particulière", détaille Matthieu Suc, journaliste et auteur des Espions de la terreur. "On regardait la télé, on voyait le récit des crimes qu’on venait de commettre. Il y en avait un qui jouait à la Playstation. Il y a juste un membre qui sort faire des courses. Et c’est Salah Abdeslam qui va être le préposé à la cuisine." Les terroristes préparent d'autres attaques.

Le jeu de piste se met en place

La police belge est elle sous pression. "Le protagoniste principal, c'est-à-dire Salah Abdeslam, venait de chez nous et on était quasi sûr qu’il y résidait encore quelque part à Bruxelles", explique Lio, ancien des Forces spéciales belges. "Donc il fallait le trouver. Il y avait une traque énorme, ça a duré quatre mois. Tout le monde téléphonait au 101 (le numéro de la police en Belgique, NDLR) chez nous pour dire qu’il l’avait vu, dans un bus, dans un tram, chez le boulanger ou chez le boucher. On le voyait partout."

Un premier élément pour localiser Salah Abdeslam parvient à la police belge presque par hasard. Alors que les enquêteurs travaillent sur un tout autre dossier, ils tombent sur l'atelier d'un faussaire. Parmi les documents et les photos récupérés figure Salah Abdeslam. "Ça a été un énorme jeu de piste effectivement avec plusieurs fils qu'il fallait tirer", se souvient Frédéric Van Leeuw, procureur fédéral belge. "Et c’est ce qui nous permet quelque part, petit à petit, de retrouver les différentes planques où ils se retrouvent."

Parmi ces planques, les policiers se rendent dans un appartement rue de Dries à Forest, une commune de Bruxelles, pour s'assurer qu'elle est vide. À peine sur place, ils se font tirer dessus. Trois policiers sont blessés, un terroriste est atteint mortellement. Salah Abdeslam, qui était retranché dans l'appartement, prend à nouveau la fuite. Dans sa course, il perd son téléphone dans lequel se trouvent tous ses contacts.

"Il ne sait plus où aller, on sait qu'il est passé dans plusieurs planques mais en tout cas, il ne sait pas contacter ses complices", explique le procureur fédéral belge.

La dernière planque d'Abdeslam

Salah Abdeslam se rapproche alors de sa famille. C'est lors de l'enterrement de son frère Brahim qu'un de ses proches finit par donner, malgré lui, la cache du terroriste. "Les policiers ont sonorisé les funérailles", détaille Cécile Ollivier, cheffe du service police-justice de BFMTV. "Le cousin Abid Aberkan qui en fait héberge Salah Abdeslam, en pensant qu’il n'est qu'avec ses très proches, qu'avec sa famille, va donner l’endroit où il le cache. Il va dire 'je le cache dans une cave, rue des 4 Vents'." La cave de sa mère.

Une surveillance est alors mise en place. "On se rend compte que cette maman, qui est en très mauvaise santé et qui, je pense, revient de l'hôpital, tout d’un coup a une consommation anormale de pizzas", commente Frédéric Van Leuuw. "Ce sont des élements intéressants qui nous ont permis de confirmer qu'il n’y avait pas que cette vieille maman qui se trouvait là-bas." Toutefois, une fuite dans la presse oblige les autorités belges à déclencher immédiatement l'opération pour interpeller Salah Abdeslam.

"On déploie tout ce qu'il faut déployer", détaille Lio, ancien policier des Forces spéciales belges.

Abdeslam "soulagé" d'être arrêté?

Les policiers passent par une école puis par les toits pour arriver à l'arrière de la planque de Salah Abdeslam. "Il avait déjà prévu une échelle dans la courette, mise contre le mur pour partir par les toits plats", se souvient Lio. "C’est un de mes collègues qui le voit sortir, il regarde vers le haut, il a une casquette noire sur la tête, il a un hoodie, un pull à capuchon, il regarde vers le haut, il voit qu’on est là. On donne les injonctions, enfin on crie 'Police', et là il repart à l'intérieur de la maison."

L'équipe d'intervention qui se trouve devant la maison a plus de chance car la porte d'entrée est ouverte. Le policier en tête de colonne entrevoit un couloir, sombre, et au bout du couloir, une ombre.

"Tout à coup on ne sait pas pourquoi, il avance, il obtempère et il veut sortir de ce couloir, les bras levés", raconte Lio. "Et il sort, quand il arrive sur le pas de la porte, il fuit, il part à gauche." "Et là il se fait tirer", poursuit-il.

Salah Abdeslam est touché à la jambe."Très vite, au moment où on leur porte les premiers soins, il confirme lui-même qu'il est Salah Abdeslam", se souvient le procureur fédéral belge.

Une équipe de secours est appelée sur place. "On se dit 'si c’est l’un des organisateurs de ces attentats de Paris, ça doit être quelqu'un de puissant, ça doit se montrer sur son visage, ça doit être quelqu'un de fort' ", commente Marie-Astrid De Villenfagne, médecin urgentiste au CHU Saint-Pierre de Bruxelles et co-auteure d'Urgence Attentats.

"Il était plutôt le dos courbé, le regard fuyant, donc oui c’est ça, c’est quelqu'un, un jeune comme les autres, finalement", s'étonne-t-elle. " Je pense que pour lui aussi, c’est un soulagement que cette cavale s’arrête là...", abonde Lio.

Depuis, Salah Abdeslam a très peu parlé à la justice. Les proches des victimes n'en attendent pas beaucoup durant le procès des attentats du 13-Novembre. "Au départ, rien ne prédestinait à ce qu’il devienne cet assassin en puissance qui ne parle pas, qui ne s’exprime pas. Je voudrais pouvoir le voir, je ne suis pas sûre qu’il soit utile que je lui parle", conclut Nadine Ribet-Reinhart, la mère de Valentin, mort sous les balles des terroristes au Bataclan le 13 novembre 2015.

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https://twitter.com/justinecj Justine Chevalier Journaliste police-justice BFMTV