"Je l'ai vu en chair et en os": le témoignage qui a fait tomber le chef des terroristes du 13-novembre

Lundi 6 septembre, BFMTV vous propose de découvrir, à 20h50, sa première série documentaire de la saison, intitulée: La traque du siècle. Tandis que le procès des attentats du 13-novembre s'ouvre ce mercredi à Paris, ces trois épisodes exceptionnels reviendront sur la traque des auteurs de ces attaques, et d'Abdelhamid Abaaoud, leur organisateur.

"C'est pour vous dénoncer que le terroriste qui passe à la télévision, il est pas mort. Il est pas mort et il est en France." Au téléphone avec la cellule "Alerte attentats", mise en place après les attaques terroristes à Paris et Saint-Denis qui ont sidéré la France, Sonia n'y va pas par quatre chemins. Nous sommes en novembre 2015, peu après que le 13, des commandos islamistes ont ravagé la salle de concert du Bataclan et plusieurs terrasses de café dans le 11e arrondissement de Paris, ainsi que les abords du Stade de France, faisant 131 morts et plus de 400 blessés.

Ce coup de fil va permettre de localiser puis d'abattre Abdelhamid Abaaoud, l'organisateur des attentats. Et celle qui en est à l'origine est l'un des témoins de notre série documentaire exceptionnelle, en trois épisodes, La traque du siècle, réalisée par les équipes de l'émission Ligne rouge, à découvrir lundi 6 septembre à 20h50 et dès samedi 4 septembre sur la plateforme de vidéo à la demande RMC BFM Play. Le procès des attentats s'ouvre mercredi à Paris.

"Le terroriste, je l'ai vu en chair et en os"

Sonia a accepté de revenir pour nous sur ces moments fatidiques qui ont amené la chute d'Abdelhamid Abaaoud, l'homme considéré comme le grand artisan des pires attentats que la France ait jamais subis sur son sol. Bien sûr, pour des raisons de sécurité évidentes, son visage demeurera caché. Cependant, sans son témoignage, celui de la traque des responsables de cette horreur aurait été bien différent. Elle se souvient de son appel:

"Allo, bonjour, je donne mon identité. Et je dis: 'C'est pour vous dénoncer que le terroriste qui passe à la télévision, il est pas mort. Il est pas mort et il est en France."

À l'autre bout de la ligne, l'agent semble incrédule devant cette entrée en matière. "Ils me disent: 'C'est qui ? Vous parlez de qui?'", reprend Sonia: "Je dis: 'Boudaoud' - à cette époque-là, j'arrivais pas à dire Abaaoud - je l'ai vu en chair et en os'".

C'est toujours l'incompréhension au téléphone: "Il me dit: 'Je vois pas de qui vous parlez, je comprends pas'." La jeune femme ne se démonte pas, et rétorque aussi sec: "Je dis: 'Bah, écoutez si vous voyez pas, si vous comprenez pas, vous me croyez pas. Je vais aller à mon commissariat de proximité.'" La réplique fait mouche, et le ton change. "'Non, non, décrivez-le'", se ressaisit alors l'interlocuteur de Sonia. Celle-ci poursuit son récit:

"Donc, je le décris à peu près, si mes souvenirs sont bons, et ce qu'il a l'intention de faire, parce que je lui dis: 'Il va refaire des attentats, il faut l'arrêter'. Et là, ils me disent: 'On va vous rappeler'"

La peur d'une "manip'"

Si Sonia est aussi bien renseignée, c'est qu'elle est une proche d'Hasna Aït-Boulahcen, parente d'Abdelhamid Abaaoud. Son amie, que les circonstances ont transformée en complice de la barbarie, lui a même demandé de la transporter en voiture jusqu'à Aubervilliers pour y retrouver son cousin. C'est là que la route de Sonia a croisé celle du chef des commandos terroristes.

François Molins est aujourd'hui procureur général près la Cour de Cassation. Mais, à l'époque, les Français apprennent à connaître le calme et la fermeté d'un procureur de la République de Paris dont l'action sera déterminante dans les investigations. Il résume pour nous l'état d'esprit, et la perplexité, des policiers devant ce témoignage qui paraît tomber du ciel:

"Le premier réflexe, c'est de se dire: 'C'est trop beau pour être vrai. Est-ce que ça sent pas la manip'? Sachant que ces gens-là n'ont rien à perdre, est-ce que c'est pas un piège dans lequel on veut attirer la police, pour tuer des policiers?'"

Mais Sonia a de quoi faire taire les doutes. Au cours d'un entretien ultérieur, elle mentionne les baskets orange que l'assassin porte à ses pieds. Un détail connu des enquêteurs, mais pas du public. Au petit matin du 18 novembre 2015, le Raid et la BRI investissent l'immeuble de Saint-Denis où le dernier carré des fidèles d'Abaaoud s'est réfugié autour de son leader. Abaaoud ainsi que sa cousine Hasna Aït-Boulahcen sont tués au cours de l'opération.

Les trois reportages de La traque du siècle ont été réalisés par les journalistes et les équipes de Ligne rouge Pauline Revenaz, Alexandre Funel, Etienne Grelet, Anthony Métrot et Isabelle Quintard.

DISPONIBLE EN AVANT-PREMIÈRE SUR LA PLATEFORME « RMC BFM PLAY »
BFMTV propose aux internautes de découvrir en exclusivité les 3 épisodes de la série documentaire La traque du siècle dès le samedi 4 septembre à 6h sur la plateforme RMC BFM PLAY. Ils y seront aussi disponibles en Replay.

Robin Verner Journaliste BFMTV