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Terrorisme

Attentat de Saint-Etienne-du-Rouvray: le point sur l'enquête

Adel Kermiche et Abdel Malik Petitjean s'étaient rencontrés quelques jours avant de passer à l'acte.

Adel Kermiche et Abdel Malik Petitjean s'étaient rencontrés quelques jours avant de passer à l'acte. - AFP

Un an jour pour jour après l'attaque, la justice tente de savoir si les deux assaillants, Adel Kermiche et Abdel Malik Petitjean, ont bénéficié de complicités.

Un an jour pour jour après les faits, l'enquête se poursuit. Le 26 juillet 2016, Adel Kermiche et Abdel Malik Petitjean, tous deux âgés de 19 ans, pénètrent en plein office dans l'église de Saint-Etienne-du-Rouvray, dans la banlieue de Rouen. Les deux hommes se dirigent vers le prêtre qui officie et lui assènent plusieurs coups de couteau à la gorge. Le Père Jacques Hamel, 85 ans décède sur place. Un paroissien, Guy Coponet, 86 ans, est obligé de filmer la scène. Les deux assaillants sont abattus lors de l'intervention de la police au terme d'une prise d'otages.

Alors qu'une cérémonie d'hommage en mémoire du père Jacques Hamel a lieu ce mercredi, l'enquête sur cet attentat qui avait, à nouveau, frappé la France en plein été, n'est pas bouclée. Adel Kermiche et Abdel Malik Petitjean, tous deux fichés S, ont-ils bénéficié de complicités alors que les deux assaillants s'étaient connus via les réseaux sociaux peu de temps avant de passer à l'acte.

> Deux assaillants fichés S

Connus des services antiterroristes, Adel Kermiche et Abdel Malik Petitjean étaient tous les deux fichés S quand ils sont passés à l'acte. Le premier, originaire de Seine-Maritime, s'était radicalisé de longs mois auparavant et se préparait à "organiser des choses" comme il l'avait livré dans son journal de bord de la propagande jihadiste. Le jeune homme, qui était également en relation avec l'une des suspecte dans l'attentat raté aux bonbonnes de gaz près de Notre-Dame, avait tenté de rallier la Syrie et était assigné à résidence sous bracelet électronique après avoir passé plusieurs mois en détention provisoire.

Juste avant de passer à l'acte ce 26 juillet 2016, il écrivait à ses abonnés sur sa chaîne Telegram: "Tu prends un couteau, tu vas dans une église, tu fais un carnage, bim. Tu tranches deux ou trois têtes et c'est bon c'est fini."

Le profil d'Abdel Malik Petitjean interroge un peu plus. S'il était connu des services antiterroristes et fiché S depuis un mois avant l'attentat, le jeune homme de 19 ans originaire des Vosges s'est radicalisé, à la surprise de ses proches. Lui aussi avait pourtant tenté de rallier la Syrie au début du mois de juin 2016. La Turquie avait signalé la présence d'un individu français s'apprête à commettre un attentat dans le pays mais ne disposait pas de photo à fournir aux autorités françaises. Au lendemain de l'attaque de Saint-Etienne-du-Rouvray, Daesh, qui avait revendiqué l'attentat, diffusait une vidéo montrant les deux hommes prêter allégeance à l'organisation terroriste et à son chef Abou Bakr al-Baghdadi.

> Des assaillants qui se connaissaient à peine

L'un résidait en Seine-Maritime, l'autre à Aix-les-Bains. Si 700 kilomètres les séparaient, Adel Kermiche et Abdel Malik Petitjean sont entrés en contact via les réseaux sociaux et notamment l'application de messagerie cryptée, Telegram. Un nom est central dans cette enquête, celui de Rachid Kassim, un recruteur français basé dans la zone irako-syrienne dont les services secrets américains ont annoncé la mort au mois de février. Selon les enquêteurs, "c'est lui qui a mis en contact les deux tueurs et donné les consignes". 

D'un côté, Adel Kermiche anime une chaîne sur Telegram où il préconise de passer à l'acte. De l'autre, Kassim exhorte Petitjean à passer à l'acte. Dans la nuit du 21 au 22 juillet, Petitjean contacte Kermiche via Telegram. Le second est méfiant mais fait venir le premier à Rouen. Le 25, ils tentent une première fois de passer à l'acte mais l'église est fermée. Ils reviennent alors le lendemain. Abdel Malik Petitjean porte alors 18 coups de couteaux au père Hamel, dont un mortel à la carotide.

> Des complices présumés en détention

C'est la grande question qui intrigue les enquêteurs: Adel Kermiche et Abdel Malik Petitjean disposaient-ils de complicités? Le cousin du second avait été mis au courant du projet macabre du terroriste. Farid K., 30, originaire de Nancy, "avait parfaitement connaissance, si ce n'est du lieu et du jour précis, de l'imminence d'un projet d'action violente de son cousin", estime le parquet de Paris. Il a été mis en examen pour "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste criminelle".

Un autre homme est également mis en examen pour le même chef. Il s'agit de Jean-Philippe Steven J., un Français de 20 ans, signalé pour radicalisation, s'est rendu le 10 juin avec Abdel Malik Petitjean en Turquie. Il a également été placé en détention.

Un mineur de 17 ans, qui avait lui tenté de partir en Syrie avec Adel Kermiche, avant l'attentat du 26 juillet. Arrêté à Genève lors d'une deuxième tentative, il a été remis à la France et mis en examen puis écroué. Son implication dans l'attaque de Saint-Etienne-du-Rouvray n'est pas prouvée. 

Justine Chevalier