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Terrorisme

Après Saint-Etienne-du-Rouvray, les églises à l'épreuve de la menace terroriste

Un peu plus de deux mois après l'attentat de Saint-Étienne-du-Rouvray, les églises, des lieux par définition ouverts, doivent faire face et s'adapter à la menace terroriste. La vigilance des paroissiens et des policiers s'est accrue, mais l'Église refuse de faire de ses lieux de cultes des "forteresses".

L'église de Saint-Étienne-du-Rouvray rouvrira ses portes ce dimanche. Un peu plus de deux mois après l'attentat commis par deux djihadistes en son sein, l'assassinat du père Jacques Hamel, ce lieu de culte reprendra vie dans un contexte totalement différent. 

Daesh a fait des "croisés chrétiens" l'une de ses cibles, et les menaces envers les lieux de cultes catholiques ont été mises à exécution dès avril 2015 en France, avec la tentative avortée d'une attaque contre l'église de Villejuif, dans le Val-de-Marne. Mais c'est l'attentat de Saint-Étienne-du-Rouvray qui a provoqué une onde de choc et changé la donne pour les églises de France et leurs paroissiens. Entre fausses alertes, fébrilité des fidèles et patrouilles renforcées, la vigilance s'est aujourd'hui accrue dans les édifices catholiques, même si l'Église insiste sur son refus de transformer ses lieux de culte en "forteresses". 

Des inquiétudes nourries par les fausses alertes

Le changement a été acté dans les jours qui ont suivi l'attentat, le 26 juillet 2016. Dès le dimanche suivant, le correspondant local d'un journal a dû quitter l'église de Loire-Atlantique dans laquelle il se trouvait, parce que la présence de cet homme d'origine marocaine portant un sac et un casque de moto avait inquiété des paroissiens. Il a donc été escorté jusqu'à la sortie par deux gendarmes.

"Cela s'est fait avec beaucoup de délicatesse de la part des forces de l'ordre, mais, vous l'imaginez bien, cela a fortement choqué l'intéressé", avait écrit sur la page Facebook de la paroisse son curé, navré de cet incident survenu dans un "lieu de paix, de recueillement, de communion".

Qu'elles soient irrationnelles ou non, les inquiétudes des paroissiens sont nourries par le retentissement médiatiques de fausses alertes, comme celle de l'église Saint-Leu à Paris, volontairement provoquée par des adolescents et qui a donné lieu à une vaste opération antiterroriste.

2.782 lieux chrétiens protégés en France

Après l'attaque avortée d'avril 2015, le gouvernement avait annoncé une "adaptation" de son dispositif Vigipirate. Aujourd'hui, ce sont "2.782 lieux chrétiens" qui sont protégés en France, essentiellement par des patrouilles dynamiques, soit un net renforcement depuis Saint-Étienne-du-Rouvray, selon la Conférence des évêques de France (CEF).

Impossible d'imaginer pouvoir sécuriser les quelque 42.000 églises et chapelles catholiques recensées par la CEF, qui ne le demande d'ailleurs pas aux autorités. 

"On ne peut pas et on ne veut pas faire de nos églises des forteresses", explique à l'AFP le porte-parole et secrétaire général de la CEF, Mgr Olivier Ribadeau Dumas. "En même temps, on est conscients que les églises sont des cibles potentielles."

La vidéosurveillance divise

Sur place, le renforcement de la vigilance passe donc par de simples détails: des pancartes "Vigipirate" plus visibles pour attirer l'attention des fidèles, un contrôle visuel assuré par quelques paroissiens à l'entrée des messes, une limitation su nombre d'accès, voire une fouille des sacs les jours de grosse affluence.

Plusieurs possibilités existent, à différentes échelles, jusqu'à l'installation d'un système de vidéosurveillance. Les pouvoirs publics veulent inciter à cette mesure, moyennant une aide financière, mais les responsables religieux ne l'envisagent qu'avec précaution.

Sur le terrain, la sécurité des églises et des fidèles semble "davantage un sujet de conversation que de véritable tension", résume l'abbé Pierre Amar, curé dans les Yvelines. Dans son église Saint-Ferdinand-des-Ternes à Paris (XVIIe arrondissement), le père Matthieu Rougé prône quant à lui une "surveillance tranquille, pas plus que ça". Mais il constate une grande réactivité de la police, "très vigilante, de manière visible ou pas". 
C.V. avec AFP