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Police-Justice

Soupçons de maltraitances en Ehpad: une avocate espère lancer une action collective en justice "début mars"

Un collectif de familles accuse un Ehpad du groupe Orpéa d'avoir fait subir "des maltraitances" à leurs proches. L'avocate Me Sarah Saldmann, qui les représente, a déclaré sur BFMTV qu'une action collective en justice allait être déposée "début mars".

Le groupe Orpéa, leader mondial de la gestion de maisons de retraite, est au coeur de la tourmente, après les récentes révélations d'un livre publié par un journaliste après trois ans d'enquête. Un ouvrage accablant qui décrit décrit un système où les soins d'hygiène, la prise en charge médicale, voire les repas des résidents sont "rationnés" pour améliorer la rentabilité du groupe, alors que les séjours sont facturés au prix fort.

Deux des sites franciliens d'Orpéa sont particulièrement épinglés: l'un à Neuilly-sur-Seine, l'autre aux Lilas. Les proches de certaines victimes souhaitent désormais unir leurs forces pour porter la bataille contre la société en justice. Me Sarah Saldmann, l'avocate chargée de faire aboutir cette action collective, a fait savoir lundi sur BFMTV que ces plaintes pourraient être déposées ensemble "début mars".

"Ma messagerie explose"

Pour l'instant, l'avocate se refuse à donner le nombre des plaignants potentiels. Mais elle espère pouvoir déposer les plaintes des proches de résidents d'Ehpad Orpéa ayant fait l'objet de maltraitances et autres négligences "début mars". Selon nos informations, le collectif qui dénonce les agissements présumés au sein de la seule structure Orpéa des Lilas en Seine-Saint-Denis regroupe déjà 25 familles.

Le dossier s'annonce en tout cas bien volumineux. "Les gens me disent qu’ils se sentent enfin écoutés. Ma messagerie explose depuis ce matin", a-t-elle confié à notre journaliste Bruce Toussaint: "Les gens avaient besoin de ce déclencheur, on peut ainsi saluer ce livre."

"Même un chien on le nourrit"

Sur notre plateau, Me Sarah Saldmann a également décrit ses clients, "des gens plutôt aisés". "Quand on peut dépenser de 5000 à 10.000 euros par mois, on ne peut pas dire qu’ils sont intéressés par les dommages et intéressés", a-t-elle ajouté.

"Ils ont mis leurs parents dans des maisons de retraite luxueuses. (...) Et on n’y nourrit même pas les personnes âgées! Même un chien on le nourrit. Et l’hygiène aussi était déplorable", a-t-elle dépeint, notant qu'elle confirmait "complètement ce que Victor Castanet a écrit", citant l'auteur des Fossoyeurs, l'ouvrage par lequel le scandale est arrivé.

L'avocate a précisé la procédure à venir: "Ce n’est pas une class action comme aux USA, chacun est autonome dans sa plainte." "L’idée, c’est de les déposer le même jour pour qu’il y ait un poids, une masse face à ce géant qui se croit absolument au-dessus des lois. Orpéa a une armée de juristes donc ils répondent à chaque plainte séparément et ils s’en tirent. Donc là, il faut taper très fort car ce sont des comportements inacceptables", a-t-elle continué.

On ferait erreur en concentrant ses coups sur le seul Orpéa, d'après Me Sarah Saldmann, qui a même indiqué son second combat à venir: "On se cristallise sur Orpéa mais beaucoup de gens viennent me voir en me disant : ‘Moi, c’est Korian’. On ne peut pas laisser ces gens sur le carreau et évidemment une action sera aussi conduite contre Korian".

Robin Verner
Robin Verner Journaliste BFMTV