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Police-Justice

Salman Rushdie fait des "rêves fous" depuis la tentative d'assassinat dont il a été la cible

Salman Rushdie le 18 mai 2023 à New York

Salman Rushdie le 18 mai 2023 à New York - Jamie McCarthy / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP

L'auteur qui réside entre les États-Unis et le Royaume-Uni avait été poignardé à une dizaine de reprises en août dernier alors qu'il participait à une conférence à New York.

Lorsqu'on lui demande comment il se sent près d'un an après avoir été visé par une tentative d'assassinat, Salman Rushdie répond qu'il se porte "plus ou moins bien".

Le 12 août dernier, l'auteur britannico-américain d'origine indienne a été placé sous respirateur artificiel après avoir été poignardé une dizaine de fois sur la scène d'une conférence où il intervenait dans l'État de New York (États-Unis).

"J'ai un très bon thérapeute qui a beaucoup de travail à faire. Je fais des rêves fous", a déclaré le romancier à la BBC.

Dans l'attaque, l'homme de 76 ans a subi des lésions au foie, mais a surtout perdu un œil et le contrôle de l'une de ses mains en raison du sectionnement d'un nerf au bras. "Le corps humain a une capacité étonnante à guérir", a-t-il jugé, s'estimant "chanceux d'être sur la bonne voie".

Pas certain de se rendre au tribunal

Le suspect, Hadi Matar, a été inculpé de tentative de meurtre mais il a plaidé non coupable et est détenu sans caution.

Salman Rushdie a déclaré qu'il ne savait pas s'il se présenterait face à lui devant le tribunal à l'occasion du procès qui doit se tenir dans l'année. Cela dépendra de la décision de son agresseur présumé de modifier ou non son plaidoyer.

"Quelques milliers de personnes ont vu ce qui s'est passé. Je suis amené à penser que [son choix de plaider non coupable] n'est qu'un jeu d'attente susceptible d'évoluer", a déclaré l'auteur.

"Une partie de moi a envie d'aller au tribunal et de le regarder mais une autre ne peut pas s'en préoccuper. S'il change son plaidoyer en faveur de la culpabilité, il n'y aura pas de procès, il y aura juste une condamnation, et il se pourrait bien que ma présence ne soit pas nécessaire", a-t-il poursuivi

Pour celui qui a passé près de six semaines à l'hôpital l'été dernier, "l'important aujourd'hui, c'est de pouvoir continuer à vivre".

Un roman sur l'attaque en préparation

Cela passe d'ailleurs par réussir à poser des mots sur ce qu'il a vécu. Il a annoncé à la BBC que le roman qu'il préparait sur les événements dont il a été victime ferait "quelques centaines de pages".

"Il y a cet éléphant colossal dans mon esprit et, tant que je ne l'aurai pas réglé, il sera difficile de prendre au sérieux quoi que ce soit d'autre", a-t-il ajouté.

"Ce n'est pas le livre le plus facile au monde à écrire, mais c'est quelque chose que je dois dépasser pour pouvoir faire autre chose", a expliqué l'écrivain à son public dans une vidéo préenregistrée au festival littéraire Hay, au Royaume-Uni, le mois dernier.

Menacé de mort depuis la publication de son roman Les versets sataniques dans les années 1980 et toujours visé par une fatwa de l'État iranien, Salman Rushdie vit sous protection.

La représentation des Versets sataniques du prophète Mahomet et ses références à l'Islam ont été considérées comme blasphématoires et interdites dans de nombreux pays à majorité musulmane, dont l'Iran.

Le roman controversé avait à l'époque également donné lieu à de violentes manifestations au Pakistan et dans la région contestée du Cachemire.

Depuis l'attentat, Salman Rushdie est resté en retrait de la vie publique, se contentant de rares interviews dans les médias et d'apparitions lors de cérémonies de remise de prix et de festivals littéraires.

Gabriel Joly