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Police-Justice

Sainte-Soline: quel est l'état de santé des quatre manifestants blessés?

Un blessé pris en charge en marge d'affrontements entre forces de l'ordre et opposants à la construction de "bassines" de rétention d'eau, à Sainte-Soline dans les Deux-Sèvres, le 25 mars 2023

Un blessé pris en charge en marge d'affrontements entre forces de l'ordre et opposants à la construction de "bassines" de rétention d'eau, à Sainte-Soline dans les Deux-Sèvres, le 25 mars 2023 - Thibaud MORITZ © 2019 AFP

Quatre manifestants ont été particulièrement atteints lors de la mobilisation à Sainte-Soline. Le parquet de Rennes a engagé des procédures afin de faire la lumière sur le possible lien de causalité entre leurs lésions et l'usage de la force exercé par les policiers et gendarmes.

Ils ont 20, 28, 32 et 34 ans et sont unis par leur fervente opposition aux "méga-bassines" de Sainte-Soline, dans les Deux-Sèvres. Depuis le 25 mars, un autre point commun les relie: ces trois hommes et cette femme ont été grièvement blessés lors de la manifestation sur le site. Des lésions qu'ils imputent aux forces de l'ordre présentes ce jour-là.

Victime d'un traumatisme crânien, Serge, 32 ans, s'est vu attribuer une interruption totale de travail supérieure à 100 jours. Ce mardi, "son pronostic vital est toujours engagé", précise le procureur de la République de Rennes, Philippe Astruc, lors d'une conférence de presse. Mickaël, 34 ans, souffre quant à lui d'une "hémorragie méningée diffuse (irruption de sang dans les méninges, NDLR) et d'un hématome au cou", précise le procureur.

Et d'ajouter: "Ces lésions sont compatibles avec un objet contondant", sans pouvoir à ce stade en préciser la nature.

100 jours d'ITT ont été attribués à Mickaël qui est récemment "sorti du coma et a terminé sa phase de réveil", souligne Philippe Astruc.

Des victimes polytraumatisées

Les familles de ces deux premières victimes ont déposé "plainte contre X pour tentative de meurtre et entrave volontaire à l'arrivée des secours", ainsi que pour "violation du secret professionnel et détournement d’informations contenues dans un fichier de leur finalité".

Une troisième plainte a été déposée ce mardi au parquet de Rennes "pour violences volontaires ayant entraîné une mutilation ou une infirmité permanente par personne dépositaire de l'autorité publique". Cette procédure a été engagée par un homme de 28 ans présentant des "ecchymoses et une érosion ainsi qu'un traumatisme au pied gauche que la victime impute à une grenade de désencerclement", détaille le procureur.

"Le médecin légiste estime que ses blessures sont compatibles avec le blaste du désencerclement", poursuit-il, précisant que le jeune s'est vu attribuer une ITT de 60 jours "avec risque de mutilations permanentes".

Enfin, une quatrième procédure est en cours concernant une jeune femme de 20 ans, souffrant d'un "polytraumatisme facial très important et de blessures aux jambes. Le premier apparaît secondaire à un mécanisme contondant à forte synergie, et le second à un mécanisme perforant et érosif". Une ITT de 5 jours "à réévaluer" a été prononcée.

Etablir les responsabilités

Pour ces faits, Philippe Astruc indique avoir saisi l'Inspection générale de la gendarmerie nationale, huit enquêteurs sont mobilisés "afin de mettre en œuvre les investigations", à ce stade qualifiées de "violences avec interruption totale de travail supérieure à 8 jours pas personne dépositaire de l'autorité publique et non-assistance à personne en danger". Des chefs d'accusation susceptibles d’évoluer en fonction des éléments recueillis et de l’évolution de l’état de santé des victimes, précise-t-il.

L'enquête qui débute s'annonce dense et complexe. Elle a pour but de déterminer l’origine des blessures de ces quatre manifestants, et si un lien de causalité peut être établi entre leurs lésions et l'usage proportionné, ou non, de la force par les autorités.

Ambre Lepoivre Journaliste BFMTV