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Police-Justice

Procès du 13-Novembre: les doutes des victimes sur la sincérité des excuses de Salah Abdeslam

Ce vendredi, lors de son interrogatoire, Salah Abdeslam a présenté ses excuses aux victimes des attentats du 13-Novembre 2015 et à leurs proches. Un mea culpa qui n'a pas totalement convaincu dans les rangs des parties civiles.

Ses déclarations ont mis un point final à trois jours d'interrogatoire. Ce vendredi, au procès du 13-Novembre, questionné par son avocate, Salah Abdeslam a présenté ses "excuses" et ses "condoléances" aux victimes des attentats du 13-Novembre 2015 et à leurs proches, lors du procès qui se tient depuis plusieurs mois à Paris.

"Je vous demande de me détester avec modération. Je sais que la haine subsiste, je sais qu’on ne sera pas d’accord, mais je vous demande de me pardonner", a-t-il imploré.

À l'issue de l'audience, certaines parties civiles ont fait part de leur scepticisme et de leurs doutes face à ce revirement dans la posture du dernier membre encore en vie du commando terroriste. Georges Salines, le père de Lola Salines, l'une des victimes du Bataclan, regrette de son côté un manque de cohérence de la part du principal accusé.

"J'ai eu plutôt l'impression, au cours de ces trois jours, qu'il essayait de réconcilier ses contradictions, des contradictions entre ce qu'il était au début du procès et ce qu'il est maintenant. Il n'est pas toujours totalement cohérent. Il n'arrive pas à dire qu'il condamne ceux qui se sont fait exploser ou qu'il ne les admire pas. Mais en même temps, il dit qu'il ne regrette pas d'avoir renoncé", souligne-t-il, confus.

La sincérité de l'accusé mise en doute

Alors que Salah Abdeslam a versé quelques larmes pour la première fois depuis l'ouverture du procès, en septembre, Georges Salines dit n'être pas entièrement convaincu de son honnêteté.

"Je ne suis pas certain de sa sincérité, mais je ne suis pas certain non plus du contraire", poursuit-il durant la suspension d'audience qui a suivi ces déclarations, au micro de BFMTV.

Dans la même lignée, Me Gérard Chemla, avocat des parties civiles, évoque des "moments d'émotion autocentrés", peu tournés vers les victimes.

"Sur quoi a-t-il versé des larmes? Il a versé des larmes quand il a parlé de sa maman. Il a versé des larmes quand il a dit 'pardonnez-moi, je voudrais retrouver ma famille'", pointe-t-il.

"On ne peut pas pardonner cette boucherie"

L'avocat dénonce également la manière dont, selon lui, l'accusé tente de nuancer l'impact de son implication dans les attentats. "Il a dit aux victimes 'grâce à ce qu'il s'est passé, vous avez pu grandir, parce que vous êtes allés sur le chemin du pardon'. On est dans un retournement complet des choses dans lequel, grâce à lui, grâce aux attentats, grâce à un scénario épouvantable, les victimes se sont renforcées et lui aussi", s'indigne Me Gérard Chemla.

Pour d'autres, tout n'est pas à condamner dans l'attitude qu'a affiché Salah Abdeslam ce vendredi. Thierry, l'un des rescapés du Bataclan, se dit partiellement satisfait d'avoir pu entendre l'accusé durant trois jours, alors qu'il s'enfermait dans le silence et dans le cynisme jusqu'à présent.

"Ça fait du bien d'avoir entendu quelques détails et de l'avoir écouté", estime-t-il devant la caméra de BFMTV.

"Pardonner, non, on ne peut pas pardonner cette boucherie", nuance cependant Thierry.

Elisa Fernandez