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Police-Justice

"Jawad est un imbécile. Il m'a convaincu qu'il n'était pas au courant": le témoignage poignant d'une victime

Jawad Bendaoud est jugé pour recel de malfaiteurs terroristes.

Jawad Bendaoud est jugé pour recel de malfaiteurs terroristes. - Benoit Peyrucq - AFP

Les victimes qui souhaitaient intervenir se sont succédé ce mardi devant la cour de la 16e chambre correctionnelle du tribunal de Paris qui juge depuis une semaine Jawad Bendaoud, Mohamed Soumah et Youssef Aït Boulahcen.

La parole est aux victimes pendant deux jours. Mardi et mercredi, la cour qui juge Jawad Bendaoud, Mohamed Soumah et Youssef Aït Boulahcen, va écouter les témoignes de ceux qui ont voulu exprimer leur quotidien depuis les attentats, exprimer leur douleur ou leur colère après ces quatre premiers jours de procès. Pour la première fois depuis mercredi dernier, l'émotion s'est jointe aux débats de la 16e chambre du tribunal correctionnel de Paris.

"Jawad m'a convaincu"

Présent depuis le premier jour de procès, Bley Bilal Mokono a assisté à tous les débats depuis le fond de la salle d'audience. L'homme a été grièvement blessé au Stade de France le 13 novembre 2015. C'est en fauteuil roulant qu'il s'avance face à la présidente et à ses deux assesseurs. Il explique sa présence et son objectif: "J'avais besoin de savoir s'ils étaient des terroristes ou des imbéciles, débute-t-il. Jawad est un imbécile."

Son message à l'attention de la cour est fort: "Je le dis à toutes les personnes qui sont ici: Jawad il m'a convaincu qu'il n'était pas au courant. Je suis venu chercher une information dont je sais maintenant que j'ai la réponse."

Bley Bilal Mokono a raconté au tribunal son calvaire depuis ce soir du 13 novembre 2015 lorsqu'il se trouvait à proximité du kamikaze qui a fait exploser sa ceinture. "Je disais pas mon fils, pas mon fils! J’étais dans les débris du kamikaze, souffle Bley Bilal Mokono. J'ai perdu mon cousin en terrasse, mon fils a failli mourir." Un témoignage qui va faire réagir les trois prévenus.

Jawad en pleurs

"Je suis désolé de ce que tu as vécu, répond Mohamed Soumah. La tombe de ma mère ce que tu as dit sur moi ça m’a touché. (…) Comme t’as dit il y a des terroristes, il y a des fous, et il y a des imbéciles. Je suis un imbécile."

Jawad Bendaoud lui assure une nouvelle fois qu'il ne savait pas que c'étaient des terroristes. Enfin, Youssef Aït Boulahcen, dont la parole a été rare jusque là, a apporté sa "compassion" et "son "amour" à la victime. "On ne choisit pas famille", reconnaît-il.

Cet échange fort a laissé place à une suspension d'audience. Pendant ces quelques minutes de pause, Abdallah, autre victime venue témoigner de sa douleur après avoir perdu ses deux soeurs le 13 novembre 2015, s'est approché du box où se trouvent Mohamed Soumah et Jawad Bendaoud. En larmes, l'homme a pris les mains de ce dernier qui s'est joint, lui-aussi, à ces pleurs.

Des prévenus qui doivent "être jugés sévèrement"

Pourtant Abdallah a exprimé sa colère face à l'attitude de Jawad Bendaoud depuis le début du procès. "C'est pas un show, c'est pas un défilé de mode ici, avait lancé l'homme meurtri. Il y a minimum de respect à avoir." Cette colère, Sophie, Patrick ou Yolanka l'ont tous exprimée. "Au-delà de toutes condamnations (...) je vous invite seulement à ressentir l'agonie et le sang répandu, a insisté la première. Sentez la mort sur vous." "J'ai été outré des rires qu'ont suscité les accusés", s'est emporté le second qualifiant de "complices actifs" les trois prévenus.

"Je veux que ces trois prévenus soient jugés sévèrement et qu'ils fassent de la prison car ils n'ont pas conscience du mal qu'ils m'ont fait et du mal qu'ils ont fait à ceux et celles qui ont perdu un proche", a alors tranché la troisième.

J.C.