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Police-Justice

La colère d'un père de victime face aux déclarations "détestables" de Jawad Bendaoud

Jawad Bendaoud au tribunal.

Jawad Bendaoud au tribunal. - Benoit PEYRUCQ / AFP

En cette deuxième semaine du procès de Jawad Bendaoud, Mohamed Soumah et Youssef Aït Boulahcen, la parole va être donnée aux victimes des attentats du 13-Novembre et du 48, rue de la République. Des victimes qui assistent incrédules aux déclarations fantasques de celui qui a été surnommé "le logeur des terroristes".

"Sandwich escalope-Boursin", "un rat qui se met debout et qui dit, avec ses pattes, 'donne-moi du fromage'", une femme à qui "sur 10, il donne 9,5", une idée de commerce dont il ne veut pas parler, ou encore sa "veste Pierre Cardin, la même que François Fillon". En quatre jours d'audience, Jawad Bendaoud s'est livré à autant d'anecdotes fantasques que de déclarations incongrues. En laissant comme un goût d'inachevé à des débats qui ont du mal à avancer sur le fond de cette affaire pour laquelle il est jugé pour "recel de malfaiteurs terroristes".

"Je pense qu'il se fout de nous, il nous prend pour des jambons", s'agace Thierry à la sortie de cette quatrième journée d'audience. "Il sait très bien ce qu'il a fait."

"Soutien logistique"

La fille de Thierry a été grièvement blessée par les terroristes du 13-Novembre alors qu'elle se trouvait sur l'une des terrasses attaquées par l'un des commandos jihadistes. "C'est la première fois de ma vie que j'assiste en direct à un procès", détaille ce père de famille. "Je suis venu pour essayer de comprendre." Présent lundi et mardi aux débats, Thierry estime que Jawad Bendaoud et Mohamed Soumah savaient que les deux hommes à qui ils ont fourni un logement étaient des terroristes. Ce qu'ils nient farouchement.

"A partir du moment où l'on cache des gens, on cautionne d'une certaine manière ce qu'ils font", poursuit-il. "Dans la vie, on prend ses responsabilités. Ils sont coupables de soutien logistique à des personnes qui auraient pu perpétrer d'autres attaques. Leur angélisme est en total décalage avec leur pédigree."

Ce lundi, la présidente de la 16e chambre correctionnelle du tribunal de Paris a égrené les diverses condamnations des deux prévenus. La première date de 2005 pour Mohamed Soumah, alors âgé de 16 ans, de 2008 pour Jawad Bendaoud. "De sa carrière de marchand de sommeil et de trafiquant, il a appris à embrouiller", se désole Thierry, qui cite les nombreuses digressions et anecdotes relatées par Jawad Bendaoud. "J'imagine qu'il est tout le temps comme ça", complète ce père de victime. Une vision alimentée par le prévenu lui-même qui raconte au tribunal que son frère le trouve désormais "excité" et parlant fort.

"Détestable"

Interrogé depuis jeudi dernier par le tribunal, celui qui a été surnommé "le logeur des terroristes", devenu la risée des réseaux sociaux, est au bord de la crise de nerfs. Ce lundi, il a dû être évacué de la salle d'audience après un coup de colère contre Mohamed Soumah. "Je trouve détestable qu'il fasse des rebonds sans arrêt dans ses explications", s'agace Thierry. "C'est pénible. J'aimerais qu'il arrête de partir dans ses délires." Avant d'ironiser: "Il a sciemment logé des terroristes car lui c'est 'Jawad Ventura' - nom de son compte Facebook - lui il a les couilles."

Thierry espère désormais une chose: la requalification des faits. Pour cela, le père de famille a lancé une pétition. Lors du premier jour du procès, les avocats des parties civiles ont fait une demande en ce sens afin que Jawad Bendaoud et Mohamed Soumah soient jugés pour "acte de terrorisme". En clair que l'élément d'intentionnalité soit reconnu.

Justine Chevalier