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Terrorisme

Le show Jawad Bendaoud n'a pas amusé les parties civiles

Pendant près de quatre heures, Jawad Bendaoud a été interrogé sur ces fameux jours après les attentats du 13-Novembre où il a logé deux terroristes en fuite. Savait-il à qui il venait de louer son appartement ? Dans une sorte de sketch sans fin, le prévenu s’est expliqué avec maladresse.

La justice et les victimes craignait qu’il ne se présente pas, qu’il s’énerve ou qu’il se fasse exclure de la salle d’audience. Il en a été tout autre au deuxième jour du procès de Jawad Bendaoud. Pendant près de quatre heures "le logeur des terroristes" a fait le spectacle. "C’est gênant de le voir comme ça se disculper, il aurait pu adopter plus de retenue", lance une femme depuis la salle des Criées où sont retransmis les débats. Son mari acquiesce: "J’ai l’impression d’être dans une comédie théâtrale, c’est hallucinant, aberrant." L'un des avocats des parties civiles tranche: "On ne peut pas rire d'un tel personnage. Il fait pleurer". 

"Tu as hébergé le croque-mort de Daesh"

Agité, disert et parfois au bord de la crise de nerf, Jawad Bendaoud s’est livré à un véritable sketch quand la 16e chambre correctionnelle de Paris juge de ses liens avec les terroristes du 13-Novembre. Il assure avoir fait le rapprochement entre ses locataires et les terroristes quand il arrive en prison et qu’on lui montre la vidéo où le terroriste tire des cadavres en Syrie. Son codétenu lui lance: "tu as hébergé le croque-mort de Daesh."

Tout au long de son interrogatoire par la juge Isabelle Prévost-Desprez, Jawad Bendaoud n’a cessé de clamer son innocence: "Je ne mens pas, je n’étais pas au courant que ces gens avaient tué 130 personnes." Le 16 novembre 2015, il est contacté par un ami, Mohamed Soumah, pour trouver un logement. Le soir du 17 novembre, il va conduire "cette rebeu qui fume des Malboro light", Hasna Aït-Boulhacen et deux hommes, dont Abdelhamid Abaaoud - à l’appartement de Saint-Denis. "L’homme lui dit qu’il vient de Belgique".

Sandwich et gros joint

Depuis Jawad Bendaouad a compris: "C’est là que je vous dis que j’ai été con, comment j'ai pu être aussi con de pas tilter." Problème, ce soir-là, il explique avoir "fumé un gros joint" après "avoir mangé un sandwich poulet-boursin". Mais le "logeur" s’est surtout défendu de partager, comme son ami Mohamed Soumah, une idéologie jihadiste.

Lui "aime trop les femmes". "J’aime trop mon fils, j’aime trop ma mère, continue-t-il. Ces gens-là déjà ils ont un problème psychologique".

Questionné sur son ADN retrouvé sur le scotch ayant servi à fabriquer une ceinture explosive, Jawad Bendaoaud ne se démonte pas. "Madame, vous ne m'impressionnez pas", lance-t-il à la juge. Le prochain épisode est prévu ce vendredi. L'accusé fera cette fois face aux parties civiles. 

Justine Chevalier