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Police-Justice

Dysfonctionnements dans les Ehpad Korian: des familles en colère en appellent à la justice

Près de 150 familles se sont unies afin d'organiser une action collective contre le groupe Korian, accusé de maltraitances et de graves dysfonctionnements.

Nouvelle charge contre les gestionnaires d'Ehpad. Quelques jours après la sortie remarquée du livre Les Fossoyeurs du journaliste Victor Castanet qui pointait les graves dysfonctionnements dans plusieurs établissements gérés par le groupe Orpea, c'est désormais Korian qui est dans la ligne de mire de plusieurs plaignants.

Ces derniers jours, l'avocate Sarah Saldman, déjà à l'origine d'une action collective contre Orpea, avait fait part de sa volonté d'une nouvelle plainte de ce type contre l'entreprise française Korian, après la multiplication des témoignages.

"Ca partait à vau-l'eau, ce n'était plus comme avant"

Parmi eux, Alexandra et Alain, qui en mars 2019 ont respectivement perdu à quelques heures d'intervalle leur grand-mère et leur mère dans l'un des établissements du groupe situé en Haute-Garonne.

"Elle allait très bien et on m’appelle le lendemain pour me dire 'mamie n’est plus là.’ Là je vous jure que je n’y ai pas cru", se rappelle Alexandra Bernard au micro de BFMTV.

De son côté, Alain Lapeyre se remémore de l'annonce de la disparition de sa mère: "Les gendarmes sont venus sonner à la maison. Je ne m’attendais jamais à ce qu’on me dise que maman est décédée et j’ai demandé pourquoi. On me dit 'elle a été empoisonnée'".

Au total, ce sont cinq pensionnaires de l'établissement qui ont été intoxiqués par une salade périgourdine servie au repas, qui avait été mixée dans un appareil à l'hygiène douteuse. Une enquête avait été ouverte et avait pointé du doigt des manquements aux règles d'hygiène. "Tout le monde se focalise sur le mixeur parce que le mixeur de la cuisine n’était pas propre", martèle Alexandra Bernard.

A l'époque des faits, la maison de retraite venait d'être rachetée par le groupe Korian. "Ca partait à vau-l'eau, ce n'était plus comme avant", note Alain Lapeyre. Résidents enfermés dans leur chambre, repas servis froids, Alain et Alexandra ont relevé plusieurs détails choquants, et ne sont pas les seuls: après le groupe Orpea, Korian est visé par des dizaines de signalements pour maltraitance dans ses Ehpad.

"Ca fait remonter la haine, on ne dort plus. Il y a une chape de plomb sur tout ça, maintenant il faut faire sortir les choses", expliquent Alain et Alexandra, qui espèrent une réaction de la justice après ces nouveaux signalements.

Trois ans après les faits, aucun procès n'a pour l'heure eu lieu.

150 plaintes?

Indiquant avoir été contactée par quelque 150 familles qui ont émis le souhait de se joindre à l'action collective qu'elle prépare contre Orpea, l'avocate Sarah Saldman dit être submergée d'appels, mails et courrier postal, contacts sur les réseaux sociaux visant des Ehpad, privés ou publics, principalement Orpea, Korian et aussi, dans une moindre mesure, DomusVi, un autre groupe privé commercial d'Ehpad.

Elle indique avoir été contactée également par de nombreux salariés d'Orpea et Korian, qui témoignent que "ce que disent les familles est vrai", même si elle ne compte pas les représenter, a-t-elle dit.

"Il faut examiner chaque dossier, mais les chefs d'infractions sont non assistance à personne en danger, homicide involontaire, mise en danger délibérée de la vie d'autrui et violence par négligence, sachant que c'est individualisé pour chaque dossier", indique l'avocate. Elle prévoit de lancer ces procédures en mars contre Orpea et en avril contre Korian.
https://twitter.com/Hugo_Septier Hugo Septier Journaliste BFMTV