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Police-Justice

Crise dans la police: aucun policier national en patrouille dans les rues de Béziers samedi soir

Il n’y avait aucun policier de la police nationale en patrouille dans les rues de Béziers ce samedi soir. Seules deux personnes ont assuré une permanence au commissariat. Une situation qui inquiète les habitants.

Un samedi soir qui n'a pas rassuré les Biterrois. Aucun policier national n'était en service dans les rues de Béziers (Hérault) dans la nuit de samedi 29 et dimanche 30 juillet et seulement deux agents se trouvaient dans les locaux du commissariat. Une situation qui est survenue dans un contexte de fronde policière en soutien au policier marseillais accusé de violences volontaires sur le jeune Hedi et placé en détention provisoire.

Conséquence: la quasi-totalité des policiers nationaux exerçant dans le secteur de Béziers se sont mis en arrêt maladie. Seules deux personnes ont assuré une permanence au commissariat.

"Le soir à partir d'une certaine heure, je reconnais que je ne sors pas", confie une Biterroise à BFMTV. "C'est quand même une ville qui craint un peu la nuit", témoigne une passante devant notre caméra alors qu'une autre déclare "comprendre à 200% qu'ils en aient marre".

"On espère que ça ne va pas être comme ça longtemps", confie encore un Biterrois.

"Ils ne savent pas s'ils seront le soir à la maison ou en détention"

Selon les syndicats de policiers, les conditions de travail sont rendues trop difficiles et empêchent les forces de l'ordre de pouvoir poursuivre leur mission.

"Lorsqu'ils quittent leur domicile le matin pour prendre leur service, ils ne savent pas s'ils seront le soir à la maison ou en détention. C'est ça qui a miné le moral de mes collègues", explique Bruno Mengibar, secrétaire départemental SGP-FO Police, auprès de BFMTV.

Pour le syndicaliste, "ces placements en détention sont non seulement jugés injuste mais complètement incompris car pas motivés par des motifs impérieux".

"Je n'ai jamais connu un tel mal-être dans notre profession depuis que je suis rentré dans la police, au milieu des années 90", confie Ghislain Marty d'Alliance police Nationale 34 à nos confrères du Midi Libre.

Les vacations de nuit ont été difficiles le week-end dernier en raison d'effectifs "réduits", a confirmé une source préfectorale à BFMTV. En outre, cette même source indique que si le service n'est pas encore optimal ce lundi 31 juillet, la situation s'est toutefois améliorée, plusieurs patrouilles (Bac, GSP, Sécurité Routière...) étant engagées sur le terrain.

"Il faut de la police"

En réponse à ces arrêts maladies, la mairie a indiqué avoir renforcé ses effectifs municipaux, 110 au total, pour pallier le manque de police nationale. Reste que ce nombre risque d'être insuffisant pour assurer la sécurité de la Feria de Béziers, prévue du 11 au 15 août et alors que des policiers nationaux se trouveront toujours en arrêts maladie.

"Imaginez une Féria sans présence de policiers nationaux, je ne sais pas si vous voyez le problème", alerte le maire de Béziers Robert Ménard, "ce sont 700.000-800.000 personnes (attendues) en quatre jours, il faut de la police".

Interrogé ce lundi soir, sur BFMTV, Robert Ménard a confié "soutenir" le mouvement de contestation des policiers, "mais ça me complique la vie". "A la fois j'ai envie de soutenir les policiers parce que je les comprends et ne même temps j'ai envie qu'ils assurent la sécurité des habitants", a poursuivi Robert Ménard.

"L'agacement de la police nationale, je le comprends 1000 fois", a ajouté l'édile sur notre antenne, se disant favorable à une "présomption de légitime défense" pour les policiers.

Béziers n'est pas la seule ville concernée dans le département: de nombreux policiers nationaux sont en arrêt maladie à Montpellier ou Sète. A Agde, c'est 97% de l'activité policière qui se retrouve paralysée.

Hugues Garnier et Mélanie Vecchio