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Police-Justice

Corse: une enquête ouverte après l'intrusion de militants nationalistes dans une maison présentée comme appartenant à Éric Dupond-Moretti

Le garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti le 1er décembre 2023 à Vannes

Le garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti le 1er décembre 2023 à Vannes - LOIC VENANCE

Des membres du mouvement indépendantiste Core in Fronte ont pénétré dans une maison de Haute-Corse présentée comme appartenant au ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti et ont déployé des banderoles aux balcons samedi 3 février. Ils parlent d'une "opération symbolique et politique".

Une enquête a été ouverte suite à l'intrusion de militants indépendantistes corses dans une maison présentée par ceux-ci comme appartenant au Garde des Sceaux, Éric Dupond-Moretti, dans le village de Centuri, situé en Haute-Corse, a appris l'Agence France-Presse (AFP) auprès du parquet samedi 3 février.

L'enquête a été ouverte pour violation de domicile et dégradations aggravées, selon Jean-Philippe Navarre, procureur de la République de Bastia. Il ne confirme pas cependant officiellement l'identité du propriétaire de la maison visée.

Sur X (anciennement Twitter), le mouvement indépendantiste Core in Fronte a revendiqué samedi une "opération symbolique et politique" visant le "domicile secondaire d'Éric Dupond-Moretti", afin de "dénoncer les mécanismes répressifs en Corse".

Aux fenêtres de cette maison, située au cœur du village de Centuri, dans le Cap Corse, les militants ont accroché des draps portant notamment les slogans "Répression, amendes, Basta!" ou encore "Soluzione pulitica" (NDLR: "solution politique" en langue corse).

Le ministre pointé du doigt

Cette action de Core in Fronte, qui compte six élus à l'assemblée de Corse, a été réalisée en présence de journalistes de France 3 Via Stella et Corse-Matin.

Dans leurs revendications, exprimées lors d'une conférence de presse devant la maison, les nationalistes ont directement attaqué un ministre "qui ne s'exprime jamais sur la question politique corse, sur la répression et la situation des anciens prisonniers politiques corses."

Dans leur ligne de mire, "les condamnations financières lourdes de plusieurs milliers d'euros contre la jeunesse corse, (...) un véritable racket", après les violences intervenues dans l'île suite à la mort d'Yvan Colonna, le militant indépendantiste condamné à la perpétuité pour l'assassinat du préfet Érignac en 1998 à Ajaccio, mais aussi le cas personnel de trois militants "victimes de la pression du gouvernement, à travers le parquet." Interrogé par l'AFP, l'entourage du ministre s'est refusé à tout commentaire sur cette affaire.

Dans sa déclaration à la Haute autorité de la transparence de la vie publique, le Garde des Sceaux avait bien déclaré une maison en Corse, sans que l'adresse de celle-ci soit précisée.

Darmanin attendu en Corse

Cette opération de Core in Fronte est intervenue à quelques jours à peine d'une nouvelle visite en Corse du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, mercredi et jeudi, pour "un point d'étape" sur les discussions entamées avec les élus et les autorités corses sur une future éventuelle autonomie pour l'île de Beauté.

Les indépendantistes réclament "un titre pour la Corse et une véritable autonomie", ont ajouté samedi les militants de Core in Fronte, précisant que celle-ci "ne peut faire l'objet d'aucune compromission ou marchandage politicien". Une référence à l'unanimité politique, demandée sur l'autonomie par Emmanuel Macron, président de la République, lors de sa dernière venue en Corse.

JD avec AFP