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Police-Justice

Vienne: les avocats protestent contre les contrôles de leurs sacs à l'entrée d'un commissariat

Un commissariat de police. (Photo d'illustration)

Un commissariat de police. (Photo d'illustration) - -

Depuis trois semaines, ils refusent d'y assister les gardés à vue dans le commissariat de Châtellerault. Selon l'Ordre des Avocats, aucun texte de loi n'autorise ces contrôles visuels.

Cela fait trois semaines que les avocats du barreau de Poitiers ne mettent plus les pieds au commissariat de Châtellerault, dans la Vienne. La raison: ils protestent contre le contrôle visuel des sacs qui leur est imposé à l'entrée depuis le mois d'octobre.

"En temps normal, on montre notre carte professionnelle où sont affichés notre visage et notre identité. On n'a pas à ouvrir notre sac et ça a toujours été le cas", détaille Me Nicolas Gillet, bâtonnier de l'ordre des avocats de Poitiers.

Des contrôles à répétition auxquels s'est ajouté ce qui a été perçu comme l'incident de trop, le 13 janvier dernier: alors qu'elle arrive au commissariat pour assister un client gardé à vue, une avocate se voit aussi demander d'"écarter les cuisses" pour un contrôle au détecteur de métaux.

"Une policière s'est présentée à moi avec un détecteur de métaux à la main, en me disant 'bonjour, écartez les jambes, je vais faire un contrôle'" alors qu'elle portait une jupe ce jour-là, raconte-t-elle dans une vidéo diffusée sur Twitter.

Elle ajoute que par la suite, trois autres personnes se sont présentées au commissariat sans subir aucun contrôle. "On travaille au quotidien avec les services de gendarmerie dans un climat de confiance totale. C'est la première fois que de tels incidents sont à déclarer", poursuit-elle, précisant s'être sentie "humiliée".

"Le sac d'un avocat, c'est un peu comme son cabinet"

C'est au mois d'octobre que les contrôles ont commencé, après la publication d'une circulaire du ministère de l'Intérieur, pour renforcer les mesures de sécurité à l'entrée des lieux accueillant du public. Mais Me Nicolas Gillet l'assure: à sa connaissance, le commissariat de Châtellerault est le seul à imposer des contrôles de ce type aux avocats.

"Le sac d'un avocat, c'est un peu comme son cabinet. Il peut y avoir des dossiers confidentiels, que personne n'a à voir, et on est tenu au secret professionnel. Pour pouvoir faire une fouille, il faut un mandat de perquisition. Alors quand les policiers nous demandent d'ouvrir notre sac, pour nous, c'est illégal", affirme le bâtonnier.

Me Nicolas Gillet a fait remonter plusieurs fois le problème, notamment en saisissant le Défenseur des droits. Les avocats du barreau de Poitiers sont toujours dans l'attente d'une réponse et ont indiqué qu'ils ne retourneront plus au commissariat "jusqu'à nouvel ordre".

Elisa Fernandez