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Police-Justice

Comment Jonathann Daval a pu tromper sa belle-famille pendant trois mois ?

Jonathann Daval, le 17 décembre dernier.

Jonathann Daval, le 17 décembre dernier. - Doc Abacapress

Trois mois après la découverte du corps calciné d’Alexia Daval, son mari Jonathann a avoué le meurtre. Pendant trois mois, il a vécu dans le mensonge, en continuant à côtoyer les parents de la victime et en affichant publiquement son émotion, notamment lors de la marche blanche organisée à Gray la commune du couple, le 5 novembre dernier.

Comment Jonathann a-t-il pu rester trois mois dans le mensonge? Mardi 30 janvier, Jonathann Daval a avoué le meurtre de sa compagne Alexia dont le corps calciné avait été retrouvé le 30 octobre 2017 en Haute-Saône. "Il a reconnu avoir tué son épouse, mais il a dit que c’était un accident, qu’il ne voulait pas et il regrette", ont indiqué ses avocats Mes Ornella Spatafora et Randall Schwerdorffer.

La belle-famille sous le choc

Le 5 novembre dernier, lors d’une marche blanche organisée à Gray qui avait réuni entre 8000 et 10000 personnes, Jonathann Daval était pourtant apparu dévasté. Ses beaux-parents l’avaient alors soutenu moralement -presque physiquement - sans jamais se douter de sa culpabilité. Même quand, fin novembre, des rumeurs commencent à courir sur Jonathann et son couple en crise. 

"Maintenant, savoir que celui qui a été toujours à leurs côtés qu’ils ont soutenu qu’ils ont véritablement porté de leur affection et de leur amour se désigne comme le coupable, […] c’est un traumatisme terrible", explique Jean-Marc Florand, l’avocat des parents d’Alexia Daval au micro de BFMTV, confirmant encore ce mercredi matin qu'il n'ont jamais douté de leur gendre. 

"Pour eux, c'est très dur, car finalement en trois mois ils ont perdu leur fille dans des conditions atroces, mais également leur gendre, qui avait toute sa place dans leur famille".

Une "duplicité criminologique" pour se protéger?

Mais si ce comportement ambivalent intrigue les proches du couple, il n’est pas étonnant pour le neuropsychiatre Serge Bornstein, qui intervient dans de nombreux procès en tant qu’expert national. Dans de nombreux célèbres faits-divers les meurtriers étaient dans un premier temps apparus effondrés, se positionnant même parfois comme des victimes

"C’est un classique de la duplicité criminologique", explique Serge Bornstein dans Ouest-France. "Il n’est pas rare de voir des meurtriers qui sont proches de la victime adopter une attitude qui vise à duper les enquêteurs. C’est une façon de se protéger", poursuit-il. "Ils (les meurtriers) se façonnent un personnage afin d’éliminer les accusations à leur encontre. Car le premier réflexe au début d’une enquête est de chercher le coupable parmi les proches."

Une émotion sincère?

Pour Pascal Neveu, psychanalyste et auteur de "Mentir pour mieux vivre ensemble, autopsie du mensonge" Jonathann Daval, a pu "s’inventer une histoire et même y croire à un moment donné". Et son émotion affichée lors de la marche blanche était "peut-être totalement sincère", ajoute le spécialiste sur RMC. "Ils (les meurtriers) pleurent parce qu’ils peuvent se rendre compte de la monstruosité de leurs actes […] Parfois ils pleurent sur leur sort", précise Serge Bornstein dans Ouest-France

Contrôler la situation

Néanmoins, Pascal Neveu est formel : "Il a menti pour se protéger, mais il est totalement conscient du mensonge qu'il a orchestré". "Il est resté près des proches, des enquêteurs pour contrôler. On contrôle la communication, on organise de manière à avoir toutes les petites informations qui vont nous permettre de masquer notre mensonge". 

Également interrogée à ce sujet ce mercredi matin sur BFMTV, la psychiatre Muriel Salmona confirme qu’il s’agit de "manipulation" et de "mise en scène" : "C’est un bon acteur, qui en faisait même un peu beaucoup… On sentait que c’était même un peu trop". "Par rapport aux autres, il ne peut plus perdre la face. Sinon il va décompenser totalement", analyse Pascal Neveu.

Un psychopathe? 

La deuxième partie du crime reste néanmoins plus inquiétante pour Pascal Neveu. "Il va l'habiller dans un jogging, il va également laisser un SMS à ses beaux-parents pour dire que son épouse va passer les voir l'après-midi. Donc, là, il est conscient de ce qui se passe", souligne-t-il (NDLR: le déroulé exact n'a pas encore été révélé par les enquêteurs). "Vous savez à quoi on reconnaît un psychopathe? C'est justement qu'on le découvre après l'acte. Avant, ils étaient très gentils". 

M.P