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Police-Justice

"Aucune place au doute": les ex-otages français de Daesh reconnaissent formellement Nemmouche

Mehdi Nemmouche nie être l'auteur de la tuerie du Musée juif de Bruxelles.

Mehdi Nemmouche nie être l'auteur de la tuerie du Musée juif de Bruxelles. - AFP

Deux anciens otages français de Daesh témoignent ce jeudi matin au procès de Mehdi Nemmouche, accusé de la tuerie du musée juif de Bruxelles. Didier François et Nicolas Hénin, journalistes détenus par le groupe terroriste en 2013-2014, ont reconnu formellement leur geôlier.

C'est l'un des moments forts du procès de Mehdi Nemmouche. Depuis 9 heures ce jeudi matin, Didier François et Nicolas Hénin sont venus témoigner face à celui qu'ils ont formellement identifié comme ayant été leur geôlier lors de leur détention aux mains de Daesh pendant plusieurs mois en 2013-2014. Un gardien "autoritaire", "violent", voire "tortionnaire" de prisonniers avait décrit les ex-otages lors de l'enquête. "C'est l'un des geôliers avec lequel on a le plus interagi, a indiqué, d'une voix posée Nicolas Hénin. C'est l'un des principaux protagonistes de notre captivité".

Et de poursuivre: "Aucune place au doute, Mehdi Nemmouche ici présent était mon tortionnaire et mon geôlier."

"Bruits de torture"

Didier François a été enlevé le 6 juin 2013 au nord d'Alep en Syrie alors qu'il enquêtait sur la potentielle utilisation d'arme chimique par le régime syrien. Nicolas Hénin a été enlevé le 22 juin de la même année à Raqqa alors qu'il réalisait un reportage pour le magazine Le Point et pour la chaîne Arte. Jusqu'au 19 avril 2014, date de leur libération, ils ont vécu en captivité aux mains de jihadistes. Une expérience qu'ils ont raconté ce jeudi matin devant le tribunal de Bruxelles qui juge Mehdi Nemmouche pour la tuerie du musée juif survenue le 24 mai 2014.

"Là-bas, vous êtes soumis en permanence à leur domination et à la peur, à la terreur, détaille d'un ton rapide, nerveux, Didier François. Le même qui va un jour rentrer avec un verre de thé va le lendemain venir vous mettre une raclée. On ne sait jamais ce qui va nous arriver."

De ces dix mois passés comme otage du groupe terroriste, Nicolas Hénin se souvient de "la tournée des toilettes", un moment de violence. "La tournée que nous redoutions le plus était celle du soir, menée par les jihadistes européens. Il était très fréquent que nous ayons des coups, pendant que nous avancions tête baissée, en file indienne, jusqu'aux toilettes, à une trentaine de mètres de notre cellule. Ensuite, quand cette tournée était finie, commençaient les tortures dans la pièce en face de notre cellule, généralement sur des otages syriens et irakiens".

"Nos nuits étaient meublées du bruit des tortures, du bruit des coups, du bruit des hurlements", confie alors Nicolas Hénin.

La défense de Nemmouche fragilisée

Face à ces témoignages, Mehdi Nemmouche reste impassible, comme extérieur au récit des deux journalistes français. Le principal accusé de la tuerie du musée juif de Bruxelles rigole d'ailleurs lorsque Didier François parle de ces "moments irrationnels et surréalistes" où celui qu'il connaissait sous le nom d'Abou Omar le cogneur faisait des blagues. "Ca me faisait même rire!, assure le journaliste. Il me vannait par exemple sur ma tenue orange en me disant 'ça te va bien ton costard en peau de saumon fumé'!"

Le témoignage des deux journalistes français vient un peu plus fragiliser la défense de Mehdi Nemmouche qui n'a jamais expliqué les raisons de son voyage en Syrie entre 2012 et 2014. Les experts se sont succédé à la barre pour battre en brèche les doutes concernant les preuves (ADN sur la porte du musée, empreintes sur les armes...), soulevés par les avocats de l'accusé qui ont fait valoir, en début de procès, la thèse d'une fausse attaque terroriste pour masquer l'élimination de deux agents du Mossad.

Justine Chevalier avec Alexandre Gonzalez