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Terrorisme

Attaque du Musée juif de Bruxelles: 4 ans plus tôt, Mehdi Nemmouche menaçait de tuer les "infidèles"

Mehdi Nemmouche - Image d'illustration

Mehdi Nemmouche - Image d'illustration - AFP

Mehdi Nemmouche avait montré des signes de radicalisation dès 2010. En prison, il avait prévenu qu'il rejoindrait le djihad et mourrait en martyr dans un attentat. Il est actuellement jugé pour avoir abattu quatre personnes lors la tuerie du Musée juif de Bruxelles, en mai 2014.

Il promet de dire sa vérité. Une attitude qui tranche radicalement avec celle que Mehdi Nemmouche a adoptée lors des premières heures de sa garde à vue, en 2014, où il avait invoqué son droit au silence, sauf pour lancer sa haine contre les médias et contre le portrait qu'ils avaient fait de lui. "Mehdi Nemmouche est innocent, tranche son avocat Sébastien Courtoy. Vous connaissez beaucoup d’innocents qui n’ont pas envie de parler?" Au premier jour des débats dans le procès de la tuerie du Musée juif à Bruxelles, la défense du principal accusé est claire: elle veut faire reconnaître l'absence de culpabilité et dénoncer ce "pseudo-attentat".

Si Mehdi Nemmouche venait à être reconnu coupable de la tuerie du Musée juif, il s'agirait de la première attaque commise en Europe par un combattant jihadiste de retour de Syrie, dix-huit mois avant le sanglant 13 novembre 2015. Mehdi Nemmouche, un Français de 33 ans, est soupçonné d'avoir abattu quatre personnes le 24 mai 2014 dans ce musée de la capitale belge. En moins de deux minutes, muni d'une arme de poing et d'une arme longue de type kalachnikov, il aurait tué de sang froid un couple de touristes israéliens et deux employés, une Française de 67 ans et un jeune homme de 27 ans. Tous ont reçu une ou plusieurs balles dans la tête. 25 impacts de balles avaient été relevés dans le local d'accueil, où a été retrouvé le jeune employé.

A la tête d'un "pôle prosélyte" en prison

Mehdi Nemmouche a été interpellé le 30 mai 2014 en gare routière de Marseille, à bord d'un bus Eurolines en provenance de Bruxelles. Trois agents des douanes avaient notamment découvert dans un sac plastique et une sacoche une kalachnikov, des centaines de munitions, une cagoule et une Go Pro. Sur l'homme, une arme de poing, un revolver de type 38, avait été retrouvée. Aux questions des policiers, l'homme indique alors être venu à Marseille pour faire du tourisme. Les armes sont, elles, le produit d'un vol afin de financer ses voyages. Nemmouche n'a aucun mal à reconnaître avoir fait de la prison et en être ressorti en 2012.

Apparaissant en garde à vue comme cultivé, et démontrant une haine pour les Etats-Unis, Mehdi Nemmouche, connu pour 22 infractions, a en effet passé plusieurs années en prison. C'est là qu'il se serait radicalisé. Détenu au centre de détention de Salon-de-Provence, il s'est illustré pour son influence religieuse et est apparu comme à la tête d'un "véritable pôle prosélyte". D'après le témoignage de ce directeur cité dans l'acte d'accusation, Mehdi Nemmouche exerçait une pression sur les autres détenus en les forçant à ne pas manger de porc, en les incitant à la prière ou en leur interdisant d'écouter de la musique.

Geôlier d'otages français en Syrie

Lors de son passage au centre de détention, un événement va d'ailleurs alerter la direction, justifiant son transfert dans une autre prison en décembre 2010. Mehdi Nemmouche et Nacer Bendrer, co-accusé, auraient projeté un attentat en introduisant des explosifs dans l'enceinte du centre pénitentiaire "afin de démontrer qu'ils pouvaient frapper au sein même d'un lieu de sécurité de l'Etat français". "Vous les suppôts de votre République, vous devriez me supprimer physiquement car dès que j'en aurai l'occasion, je n'aurai de cesse d'éliminer le plus de personnes", avait alors menacé Nemmouche, qu'on surnommait également "Mehdi le barbu", juste avant son transfert. Quatre ans avant la tuerie du Musée juif, il menace de tuer des "impies", des "infidèles, des "apostats".

"Si jamais il y avait eu un rapport pénitentiaire en 2010 disant qu’il allait commettre un attentat, je me demande ce que fait l’Etat français, dénonce Me Sébastien Courtoy. C’est une galéjade. Il a été radicalisé, il est effectivement parti en Syrie, c’est incontestable et incontesté."

En 2012, à sa sortie de prison, le natif de Roubaix prend en effet la direction de la Syrie. Il y aurait séjourné un an et aurait rejoint les rangs de Daesh. Peu après son interpellation à Marseille, les quatre journalistes français, Didier François, Edouard Elias, Nicolas Hénin et Pierre Torres, retenus en otages en juin 2013, et libérés en avril 2014, identifient Mehdi Nemmouche: ce dernier n'est autre que "Abou Omar le cogneur", l'un de leurs geôliers lors de leur détention. L'homme les a maltraités, torturés. Mehdi Nemmouche est de retour en Europe en mars 2014, où sa trace est repérée en Allemagne.

Justine Chevalier