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Police-Justice

Agression de Samara: que sont les comptes "Fisha" pointés du doigt par le ministère de l'Éducation?

Samara, collégienne de 13 ans, a été victime d'une violente agression le 2 avril. Selon un rapport d'inspection remis au ministère de l'Éducation nationale, il "semble" qu'un compte de cyberharcèlement "fisha" soit à l'origine de l'agression.

C'est un fléau qui vise depuis longtemps les adolescents français. Les comptes "Fisha", dont le nom est tiré du verbe "afficher", sont des groupes locaux sur les réseaux sociaux que fréquentent des jeunes issus d'un même établissement ou d'une même communauté, et où s'échangent notamment des photos intimes, le plus souvent de filles mineures.

L'un de ces comptes serait en cause dans la violente agression de Samara, 13 ans, le 2 avril devant le collège Arthur-Rimbaud de Montpellier (Hérault). Dans un communiqué publié par le ministère de l'Éducation nationale vendredi 12 avril, suite à la remise d'un rapport d'inspection sur cette agression, il est indiqué qu'"un usage malveillant et étendu des réseaux sociaux, notamment au travers des comptes "Fisha", semble à l’origine de l’agression".

Photos, vidéos, informations personnelles...

"Ces comptes permettent la diffusion de photos-montages humiliants et de vidéos détournées à l'origine d'un climat d’agressivité entre élèves. Les propos en cause apparaissent marqués par un caractère sexiste et sexuel", précise le ministère.

Ces groupes ont pour objectif d'humilier les personnes visibles sur les photos. Les attaques viennent bien souvent de camarades de classes ou d'anciens amis avec qui les relations se sont dégradées.

"Bien souvent, il n'y a pas seulement le contenu - photos, vidéos - il y aussi le compte Instagram, le numéro de téléphone, l'établissement scolaire, et s'en suit derrière du cyberharcèlement", explique Laura Pereira Diogo, cofondatrice de l'association féministe contre le cyberharcèlement Stop Fisha.

Des victimes qui n'osent pas parler

Au-delà du choc provoqué par la divulgation de ses photos intimes, il est souvent très difficile pour les victimes de trouver de l'aide, car elles n'osent pas en parler.

"Elles ont souvent honte, elles se sentent coupables de ce qui leur arrive", explique Samuel Comblez, psychologue et directeur du 30 18, le numéro de l'association e-Enfance contre le cyberharcèlement, reconnue d’utilité publique.

"Elles ont l'impression qu'il n'y a pas de solution et souvent, elles font l'inverse de ce qu'il faudrait faire, à savoir se tourner vers une personne de confiance pour trouver de l'aide et faire en sorte que la situation puisse s'arrêter", complète-t-il.

Alors que ce phénomène semble prendre de l'ampleur, des associations comme Stop Fisha ou le 30 18 peuvent apporter gratuitement une aide aux victimes et faire fermer ce genre de comptes.

Dans son communiqué, le ministère de l'Éducation nationale expliquait par ailleurs que le collège Arthur-Rimbaud fait face à des situations "conflictuelles et complexes, mais connues et suivies de près". La mission d'enquête doit "poursuivre ses travaux" cette semaine. Trois mineurs de 14 et 15 ans ont été mis en examen le 5 avril pour "tentative d'homicide volontaire" et placés sous contrôle judiciaire. Ces trois mineurs avaient tous reconnu avoir frappé Samara.

Aristide Saadna, Michel Irrabarren, Arthur Meuriot