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Paris: deux étudiants d'ultradroite condamnés à des TIG à la suite de violences devant un lycée

La balance de la justice, au tribunal de Rennes, le 19 mai 2015

La balance de la justice, au tribunal de Rennes, le 19 mai 2015 - DAMIEN MEYER / AFP

Un groupe de jeunes dont faisaient partie les deux étudiants s'étaient présentés devant le lycée, le visage dissimulé, pour une action "dissuasive" en représailles à un différend entre lycéens.

Le parquet a requis mardi 300 heures de travaux d'intérêt général (TIG) contre deux étudiants, anciens membres du groupe d'ultradroite "Division Martel", poursuivis pour avoir pris part il y a un an à des violences devant un lycée parisien, dont ils ont nié le caractère raciste.

Louis N., 21 ans, et Pierre C., 19 ans, ont reconnu devant le tribunal correctionnel avoir participé le 20 avril 2023, à la sortie des cours, à un attroupement devant le lycée Victor-Hugo, mais ils ont nié toute violence et toute insulte ou slogan à caractère raciste.

Béquilles et grenades lacrymogènes

Sur les images de vidéosurveillance de la bagarre, très brève, on entend pourtant certains participants crier "sales bougnoules!", selon les enquêteurs. Les prévenus, eux, contestent que ces mots soient audibles dans l'enregistrement.

Ils ont expliqué avoir voulu venir en aide à une de leurs connaissances, qui avait été menacée par un certain Naïm à la suite d'un différend entre lycéens. Le but était de "faire peur" à des individus qu'ils estimaient menaçants: ils se sont donc présentés devant le lycée parmi une quinzaine de jeunes, le visage dissimulé, pour une action "dissuasive".

Douze des assaillants avaient été interpellés quelques semaines plus tard, dont neuf mineurs. Ils étaient équipés de béquilles et de grenades lacrymogènes. Cinq élèves, légèrement blessés, avaient porté plainte.

Les deux étudiants - l'un en commerce, l'autre en cybersécurité, après avoir dû renoncer à son admission à l'école militaire de Saint-Cyr à cause de cette affaire - ont dit regretter leur participation à ces faits.

Une agression "clairement à caractère raciste"

Ils ont expliqué se considérer comme des "patriotes", mais pas comme des racistes ou des néo-nazis.

Le plus jeune avait pourtant dans son téléphone portable une photo de lui faisant le salut hitlérien, et avait écrit au lendemain des faits un compte rendu dans lequel il se félicitait d'une "victoire écrasante et rapide des Francs" face à des "Sarrasins" - "je voulais utiliser le champ lexical de la bataille de Poitiers" (en 732), a-t-il expliqué à la barre.

Un lycéen de Victor-Hugo, venu témoigner devant le tribunal, a évoqué de son côté une agression "clairement à caractère raciste": "il y avait des insultes racistes, et puis cette pancarte +jambon hooligan+, pour provoquer les musulmans".

Pour l'avocat de l'adolescent, Me Arié Alimi - qui défendait également la Ligue des droits de l'homme - les réquisitions du parquet ne sont "pas du tout à la hauteur de l'enjeu". "On ne prend pas en considération le risque posé par ces groupuscules d'extrême droite", a-t-il dit à l'AFP à l'issue de l'audience.

Le tribunal a mis sa décision en délibéré au 4 juin.

Al.L avec AFP