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Qui sont Les Natifs, ce groupe d'ultradroite parisien à l'origine de la banderole raciste contre Aya Nakamura?

Récemment envisagée au programme de la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques de Paris, la chanteuse Aya Nakamura a été la cible d'une banderole déployée par le collectif Les Natifs. Fondé en 2021, ce groupe, composé d'anciens de Génération identitaire, se rêve en "GreenPeace" de l'ultradroite.

"Ici c'est Paris, pas le marché de Bamako". Par cette banderole déployée de nuit sur les quais de Seine à Paris samedi 9 mars, un groupuscule d'ultradroite parisien s'est attiré les foudres de la justice, de nombreux responsables politiques et de la principale intéressée, qui l'a qualifiée de "raciste".

À la source de cette action, le fait que la chanteuse soit pressentie pour se produire lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques 2024. Depuis cette annonce, la chanteuse franco-malienne est la cible de l'extrême-droite, qui a multiplié les attaques à son encontre.

La publication des Natifs le 9 mars sur le réseau social X (anciennement Twitter) d'une photo de banderole raciste à l'encontre de la chanteuse Aya Nakamura,
La publication des Natifs le 9 mars sur le réseau social X (anciennement Twitter) d'une photo de banderole raciste à l'encontre de la chanteuse Aya Nakamura, © BFMTV

Ce vendredi, le Pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH) a annoncé ouvrir une enquête après un signalement de la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra) "dénonçant des publications à caractère raciste au préjudice d'Aya Nakamura".

"Syndicat des petits blancs"

Derrière la banderole, le collectif Les Natifs, qui dénonce une "africanisation" de la culture française. BFMTV a pu enquêter sur ce groupe et rencontrer des membres. Surnommé "le syndicat des petits blancs" par l'un d'eux, le groupuscule d'ultradroite a été créé en 2021 et est basé à Paris. Il compterait une soixantaine de membres, en majorité des hommes, dont plusieurs seraient issus du groupuscule Génération identitaire dissous en 2021.

Revendiquant une identité à la fois "parisienne, française et européenne" et un ancrage à "droite", ils ont appelé à voter soit pour Éric Zemmour soit pour Marine Le Pen lors de l'élection présidentielle 2022.

Ils défendent la théorie raciste et complotiste du "grand remplacement", popularisée par Éric Zemmour et l'écrivain d'extrême-droite Renaud Camus, appelant à la "remigration", un concept popularisé par le propagandiste Henri de Lesquen qui prône l'expulsion des immigrés "non assimilés".

Selon nos informations, le groupe est notamment composé d'étudiants et de jeunes actifs, âgés en moyenne de 20 à 25 ans. Certains sont engagés en parallèle à Génération Z, la branche jeunesse du parti d'Éric Zemmour, Reconquête!. Ils revendiquent leurs liens avec les Normaux de Rouen, La Furie française de Toulouse ou encore Les Remparts de Lyon, dont des membres ont été condamnés pour violences à caractère raciste et dont la mairie demande régulièrement la dissolution. Le groupe est aussi proche de groupuscules identitaires européens entre autres allemands, hongrois ou autrichien.

Meurtre de Crépol, Coupe du monde de rugby...

Les Natifs, qui se rêvent le "GreenPeace" de l'ultradroite pour leurs actions "hyper stylées", "spectaculaires", revendiquent des collages, formations ou encore des cours de boxe et self-défense -une pratique au cœur du militantisme identitaire. Des actions qui se veulent "non-violentes", dans le but d'éviter tout risque judiciaire, mais en prônant le militantisme à visage découvert pour montrer "qu'on assume nos propos", avance un membre.

Ils participent aussi à des manifestations, comme celle devant l'Office français de l'immigration et de l'intégration (OFII) à Paris après l'attaque au couteau d'Annecy en juin 2023 par un réfugié syrien chrétien, depuis interné en hôpital psychiatrique.

Après le viol avec barbarie de Mégane en août 2023, une jeune femme de 29 ans, certains avaient participé à un rassemblement organisé par le réseau Argos, devant le domicile du suspect à Cherbourg.

Sur Instagram, le collectif se félicite d'avoir perturbé une lecture de contes pour enfants par des drag queens à Paris en mars 2023 ou encore d'avoir déployé en 2022 une banderole devant l'Assemblée nationale où l'on pouvait lire "700.000 Clandestins, qu'ils retournent en Afrique".

En décembre dernier, ils ont médiatisé leur participation au rassemblement organisé en décembre devant le Panthéon à Paris en hommage à Thomas, adolescent tué à coup de couteau à Crépol, dans la Drôme, au cours d'une soirée dansante. Les participants avaient scandé plusieurs slogans dont "Français, réveille-toi" - rappelant le slogan nazi "Deutschland erwache!" ["Allemagne réveille-toi!"].

En octobre 2023, ils avaient déployé à proximité du Stade de France, lors de la Coupe du monde de rugby, une banderole en soutien aux Boers d'Afrique du Sud (blancs issus des colons néerlandais du XIXe siècle), "population d’origine européenne persécutée depuis trop longtemps" qui subiraient "depuis des années les viols, les meurtres et les pillages". Ce qui avait valu à plusieurs membres du groupe d'être placés en garde à vue.

G.G.