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Municipales: des députés déposent une proposition de loi pour modifier le mode de scrutin à Paris, Lyon et Marseille

Les électeurs se sont peu déplacés aux urnes ce dimanche, à l'occasion du premier tour des municipales (Photo d'illustration).

Les électeurs se sont peu déplacés aux urnes ce dimanche, à l'occasion du premier tour des municipales (Photo d'illustration). - Crédits photo : nom de l'auteur / SOURCE

Benjamin Haddad et Sylvain Maillard entendent mettre fin à la particularité des trois villes et à y installer le même système que dans les autres communes. Ils estiment que le scrutin doit être plus direct et plus démocratique.

40 années d'existence et bon nombre de débats. Le 17 décembre 1982, la loi PLM -pour Paris-Lyon-Marseille- est adoptée. À l'époque, Gaston Defferre est ministre de l'Intérieur du gouvernement Pierre Mauroy. La nouvelle législation confère aux trois villes les plus peuplées de France, les seules découpées en arrondissements, un statut électoral particulier et débattu depuis.

Dans ces trois villes, les électeurs votent pour des listes municipales par arrondissement. Et ce sont les candidats sortis vainqueurs qui décident de l'identité du maire. Avec un tel système électoral, une formation même minoritaire en nombre de votes peut faire élire un maire. Dans toutes les autres municipalités, les administrés optent directement pour une liste, portée par une tête de liste, laquelle devient maire après vote du conseil municipal.

Fin 2022, les députés Renaissance à l'Assemblée nationale ont remis sur la table ce vieux serpent de mer. Ce mardi, Benjamin Haddad, élu de la 14e circonscription de Paris, a annoncé qu'il allait déposer "une proposition de loi pour modifier enfin le mode de scrutin, le rendre plus direct et démocratique".

"Porter un maire de Paris fort"

"Pour que les Parisiens, Marseillais, Lyonnais choisissent leur maire de la même façon que le reste du pays", justifie-t-il dans une publication sur X (anciennement Twitter).

Une proposition de loi co-portée par Sylvain Maillard, chef de file du groupe macroniste dans l'hémicycle et lui aussi député de Paris.

"Ça permettra tout simplement de décorréler cette élection du maire d'arrondissement et de la maire ou du maire de Paris, qui rend plus complexe et plus difficile à lire la légitimité de la maire ou du maire de Paris, avait plaidé ce dernier l'an passé au micro de BFM Paris Île-de-France. "Pour nous, c'est important qu'on puisse porter une maire ou un maire de Paris fort."

Conformément à la position de la droite sur le sujet depuis des années, Rachida Dati s'est dite favorable à une telle réforme, avançant les mêmes arguments. "Afin de répondre à un enjeu démocratique, les Parisiens doivent choisir directement leur maire, pose la mère du 7e arrondissement de la capitale. Je me suis entretenue avec le président de la République en vue de l'abrogation de la loi PLM."

La majorité parisienne y voit une stratégie politique

Rémi Féraud goûte peu ce procès en illégitimité. L'an passé, le patron de la majorité au conseil de Paris avait brocardé "une vengeance des battus" de la dernière élection municipale. Selon le sénateur socialiste, cette proposition de loi "relève uniquement de la stratégie politique".

L'ex-maire du 10e arrondissement de la capitale n'a pas changé d'avis depuis. Il l'a fait savoir mardi sur X, dans une publication en réponse à Benjamin Haddad:

"Avec votre proposition, les Parisiens éliraient toujours leur maire au scrutin universel indirect. En revanche, c’est la représentation politique équilibrée et déterminante des arrondissements qui serait rayée d’un trait de plume. Est-ce vraiment l’intérêt des Parisiens?"

Gabriel Legrand, conseiller au cabinet de la maire de Paris en charge des grands projets de la mandature et de la déclinaison locale des politiques publiques, s'insurge encore plus: "Au lieu d'essayer de trafiquer les règles d'une élection que vous êtes incapables de gagner par manque de travail, pourriez-vous plutôt vous concentrer sur les problèmes des Français: les 11M de pauvres, le climat, les prix de l'énergie, l'extrême précarité étudiante, etc.", réclame-t-il.

Si la prochaine élection municipale n'est prévue qu'en 2026, il semblerait que la bataille pour la conquête de la mairie de Paris a déjà commencé.

Florian Bouhot et Nicolas Dumas