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À Paris, les partis politiques se réorganisent en vue des prochaines échéances électorales

L'Hôtel de ville de Paris.

L'Hôtel de ville de Paris. - JOEL SAGET / AFP

Si le prochain scrutin municipal n'est que dans trois ans, la plupart des formations politiques commencent dès maintenant à se réorganiser et à plancher sur les programmes et leur incarnation.

"2026, c’est demain, mais c’est aussi loin", notait Rachida Dati en novembre dernier. À Paris, les prochaines élections municipales sont une course de fond qui a déjà commencé pour les partis politiques, même si le choix des incarnations ne sera pas à l'ordre du jour avant les Jeux olympiques.

Le premier à avoir dégainé est le parti présidentiel. Renaissance Paris a choisi le député Sylvain Maillard pour faire émerger un programme. "Nous nous donnons deux ans pour le bâtir", expliquait-il à nos confrères du Parisien il y a une dizaine de jours.

Des idées émergeront lors de tables rondes ou de divers événements, comme celui organisé début janvier avec Marlène Schiappa sur la thématique du bruit. Renaissance veut prendre "le contre-pied d'Hidalgo" pour se frayer une "voie" entre la maire sortante et Rachida Dati.

"007"

À plus de trois ans du scrutin, la liste des prétendants est déjà très longue: Clément Beaune, ministre des Transports ; Marlène Schiappa, secrétaire d'État chargée de l'Économie sociale et solidaire et de la Vie associative ; Olivia Grégoire, ministre déléguée chargée des Petites et moyennes entreprises ; ou encore Gabriel Attal, ministre des Comptes publics. 

"C'est le parti qui décidera du mode de désignation du candidat", rappelle Guillain Gilliot, coordinateur des Jeunes avec Macron à Paris.

"LREM à Paris? 007: 0 idée, 0 connaissance des dossiers, 7 candidats", ironise Emmanuel Grégoire, le premier adjoint socialiste d'Anne Hidalgo. "Il est mal placé pour donner des leçons de politique", rétorque-t-on du côté de Renaissance. 

Le PS à la croisée des chemins

Candidat, Emmanuel Grégoire le sera certainement aussi. "Si je suis concentré sur l'étape du moment, je m'y prépare dès maintenant et depuis longtemps", a-t-il confié au Figaro le 1er février. Et ce alors qu'Anne Hidalgo entretient le mystère sur une éventuelle nouvelle candidature. "C'est normal qu'il se prépare", note, flegmatique, David Assouline, le premier secrétaire de la fédération PS de Paris.

Parce que côté socialiste, un changement de génération va s'opérer au mois de mars. David Assouline, justement, laissera son poste à l'issue des prochaines élections. Deux candidates sont en lice: Emma Rafowicz, présidente des Jeunes socialistes et élue dans le 11e arrondissement, ainsi que Lamia El Araaje, porte-parole du Parti socialiste et adjointe à la maire de Paris en charge de l'accessibilité universelle et du handicap. La première soutient la Nupes, la seconde n'apprécie pas particulièrement La France insoumise.

Emma Rafowicz veut porter un "travail collectif", qui découle du texte d'orientation d'Olivier Faure, le secrétaire national du Parti socialiste. La candidate milite pour une fédération "plus féministe et collaborative", "dynamique" ou encore "bienveillante".

"La fédération de Paris a toujours été un laboratoire pour le PS", explique-t-elle à BFM Paris Île-de-France. Il faut qu'elle le redevienne." 

"Énergie" et "combativité"

Quant à Lamia El Araaje, elle a le soutien de la maire de Paris. "C'est une meneuse d'hommes et de femmes", qui a "l'énergie et de la combativité", explique David Assouline, qui fait aussi partie de ses partisans.

"Elle est dans la continuité du travail amorcé, dans la ligne de David Assouline et d'Anne Hidalgo, abonde l'entourage de Lamia El Araaje. Avec la ligne qui a été construite au congrès." "C'est un choix naturel, poursuit David Assouline. Je suis dans le 20e, elle a été jeune élue."

Lors des élections législatives de 2022, pourtant députée sortante, Lamia El Araaje avait été sacrifiée au profit de Danielle Simonnet, candidate de la France insoumise et investie par la Nupes.

"Il y a beaucoup de ressentiment et d'injustice" de son côté, souligne David Assouline.

Danielle Simmonet a rendu son siège au Conseil de Paris mi-décembre après l'épuisement des recours contre son élection comme députée. Elle sera remplacée au prochain Conseil de Paris par Laurent Sorel, élu du 20e arrondissement. Le succès de LFI aux dernières législatives à Paris pourrait donner au mouvement de l'appétit en vue des prochaines élections municipales.

Les écologistes "ne se précipitent pas"

Qualifiés de "poil à gratter" dans la majorité d'Anne Hidalgo, les écologistes d'Europe-Écologie-Les Verts (EELV) sont unis sur la ligne de départ pour leur congrès départemental prévu ce week-end. Une fois n'est pas coutume.

"Il y a une volonté d'apaisement et d'avancer sur les sujets qui préoccupent, explique Charlotte Nenner, future co-secrétaire départementale d'EELV Paris à BFM Paris Île-de-France. On connaît les équilibres internes. On ne se précipite pas sur les municipales. On travaille sur notre ancrage et à réussir les mandats en cours."

Une autre échéance, celle des sénatoriales en septembre prochain, pourrait animer davantage le parti. Antoinette Guhl sera candidate. Les noms de Yannick Jadot et de David Belliard circulent également. "Ce sera une désignation nationale par la commission aux élections", rappelle Antoinette Guhl. Une commission qui sera suivie d'une consultation des militants. Le choix définitif sera connu fin mai.

"On a cette conscience que ce qui nous réunit est plus important que ce qui nous sépare", complète la conseillère écologiste de Paris.

"C'est un peu tôt"

Du côté de la troisième force de la majorité municipale parisienne, le Parti communiste (PCF), la réorganisation s'opère en trois étapes. Début mars se tiendront les congrès de section. Il en existe une dans chaque arrondissement. Suivront ensuite le congrès départemental, fin mars, puis le congrès national, à Marseille, en avril.

Mais quid de 2026? "C'est un peu tôt, juge-t-on dans les rangs communistes. On est à trois ans de l'échéance."

"Quelle configuration? Quel candidat? On en parlera après les Européennes en 2024", explique Adrien Tiberti, secrétaire de la fédération de Paris du PCF.

"On aura deux ans sans élection pour actualiser le projet pour Paris, poursuit-il. On est dans l'action. Notre débat de fond, c'est que Paris reste accessible à tous. La question de repartir avec les socialistes se reposera, mais pas avant 2024."

 Le RN veut percer dans les grandes villes

À l'autre bout de l'échiquier politique, le Rassemblement national (RN) a choisi le sudiste et médiatique Thierry Mariani comme nouveau délégué départemental du parti à Paris. "On pense aux municipales, reconnaît l'intéressé auprès de BFM Paris Île-de-France. Ma mission est d'organiser le RN Paris pour les municipales." Une nomination qui laisse peu de doute sur sa candidature aux municipales en 2026.

En 2020, Serge Federbusch, candidat pour le RN et le parti chrétien, avait recueilli 1,47% des voix exprimées au premier tour. "Le RN a un gros retard dans les grandes villes", concède Thierry Mariani.

L'ancien maire de Valréas, dans le Vaucluse, entend mener campagne comme il l'a fait en 2021 aux élections régionales en Provence-Alpes-Côte d'Azur face à Renaud Muselier. L'ancien ministre de Nicolas Sarkozy ne manque pas de rappeler qu'il a travaillé avec le maire du 15e arrondissement de Paris, Philippe Goujon, ou encore avec Rachida Dati, qu'il "trouve très sympathique".

Rachida Dati, "c'est une marque"

Seuls Les Républicains ne modifient pas leur organisation. "Changer Paris, c'est un îlot plutôt stable, avec une leader, Rachida Dati, qui a la légitimité", affirme le porte-parole du groupe Changer Paris, Aurélien Véron. "Rachida Dati, c'est une marque. Elle se prépare pour la mairie de Paris", poursuit l'élu de Paris Centre.

"Tout est possible avec Hidalgo. Tout est possible avec moi", s'amuse à dire Rachida Dati.

Cette course de fond ne fait que commencer. Et si l'on ignore encore l'identité d'une bonne partie des protagonistes, elle s'annonce haletante.

Nicolas Dumas