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Lycée Stanislas: la région Île-de-France vote une subvention de plus de 900.000 euros, la gauche s'y oppose

La présidente de région Valérie Pécresse lors de la commissions permanente de la région Île-de-France le mercredi 31 janvier 2024.

La présidente de région Valérie Pécresse lors de la commissions permanente de la région Île-de-France le mercredi 31 janvier 2024. - Région Île-de-France / Capture d'écran Youtube

La région Île-de-France a voté les forfaits d’externat de tous les lycées privés sous contrat, dont le lycée Stanislas, une dépense obligatoire pour la collectivité. Un vote dont s'est fermement opposé la gauche après les récentes révélations sur l'établissement catholique parisien.

La région Île-de-France a approuvé en commission permanente ce mercredi 31 janvier le "forfait d'externat" de l'établissement privé catholique parisien Stanislas, pour un montant de 917.000 euros.

Le lycée Stanislas, sous contrat avec l'État, a récemment fait l'objet d'un rapport d'inspection, révélé par Mediapart, relatant des "dérives". Selon celui-ci, l'établissement oblige tous ses élèves à suivre une heure d'enseignement catholique par semaine, ce qui est contraire à la loi.

"Dérives" également dans la teneur de ces cours, selon le rapport, qui souligne que "certains catéchistes expriment des convictions personnelles qui outrepassent les positions de l'Église catholique, par exemple sur l'IVG" ou "susceptibles d'être qualifiées pénalement sur l'homosexualité".

Au cours du mois de janvier, Valérie Pécresse avait déjà reconnu des "manquements" mais affirmait maintenir son financement.

Si le Rassemblement national a voté pour cette aide régionale, la subvention a été largement dénoncée par l'opposition de gauche dans l'hémicycle.

L'opposition de gauche vent debout

"Nous avons alerté en temps et en heure sur ce sujet, vous avez maintenu votre posture politique de soutien inconditionnel à l'enseignement privé catholique, alors que vous nous abreuvez à chaque séance de conditions faisant appel à la Charte de la laïcité", a dénoncé Christophe Prudhomme, du groupe LFI-A à la région.

"Nous sommes d'accord avec vous, si on veut des subventions (de la région, NDLR), il faut respecter certaines règles", a renchérit la conseillère sociale Dieynaba Diop.

"Bien avant des milliers de Français, vous connaissiez les manquements du lycée Stanislas", a poursuivi l'élue qui rappelle que "l'assistance aux cours religieux est obligatoire, ce qui est contraire à la loi".

Sur les bancs du groupe communiste, même élan de contestation. Le groupe porte par ailleurs un dossier concernant l'établissement Stanislas depuis 2022.

"Nous vous demandons une suspension du forfait d'internat à titre conservatoire", a indiqué Céline Malaisé, présidente du groupe communiste à la région.

Les communistes ont également réclamé que l'établissement rembourse une "subvention extra-légale" de 487.000 euros touchée en juillet 2023. "Vous savez depuis juillet 2022, que Stanislas est un établissement qui se soustrait à ses obligations légales et au respect des valeurs de la République. À sept reprises, le groupe que je dirige vous a alerté sur des faits à l'encontre de mineurs."

"La loi s'impose à nous" rétorque la droite

De son côté, la droite régionale s'est défendue d'être obligée de voter cette subvention. "Je ne fais qu'appliquer la loi", a répondu Valérie Pécresse, la présidente de la région Île-de-France. Le vote a en effet concerné les forfaits d'externats de tous les lycées privés sous contrat, incluant par conséquent l'établissement Stanislas.

"La loi s'impose à nous. Tous ceux qui prendraient des décisions différentes, c'est-à-dire qui suspendraient les forfaits même à titre conservatoire, se verraient obligés de les réintégrer dans leurs budgets de force par le préfet de région", a-t-elle poursuivi en visant la ville de Paris qui a annoncé la suspension de son aide au lycée.

James Chéron, vice-président en charge des lycées, a quant à lui accusé les élus de gauche de "rallumer la guerre de l'école".

"Il y a pour vous certains mots qui sont des gros mots. L'enseignement privé pour vous est un gros mot. Le catholicisme est un gros mot. La réussite est un gros mot", a-t-il tancé.

"Pour vous, lorsqu'il y a enquête, il y a culpabilité", a-t-il ajouté. "Je vous redis qu'à ce jour, la collectivité Île-de-France n'a jamais eu transmission du rapport. (...) Ce rapport est très clair, il met en lumière, un certain nombre de manquements et liste des recommandations qui mettent en cause le rectorat, l'État et l'évêché"

James Chéron souligne ainsi que la région n'est "à aucun moment" citée dans les conclusions du rapport de l'Inspection générale de l'éducation nationale (IGEN). De plus, dans un communiqué, la région se défend d'avoir "saisi en 2022 et en 2023 le rectorat et le ministère" sur des manquements au sein du lycée.

Le forfait d'externat est traditionnellement versé en deux fois, en janvier puis en juillet, pour tous les lycées concernés.

L'établissement Stanislas a également été récemment au cœur d'une polémique après des propos de la nouvelle ministre de l'Éducation Amélie Oudéa-Castéra sur la scolarisation de ses enfants à Stanislas, qui ont suscité un tollé.

Fragilisée dès sa nomination, elle a demandé au Premier ministre Gabriel Attal de se dessaisir du rapport et du suivi de ses recommandations.

Nicolas Dumas, avec Juliette Moreau Alvarez