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Des syndicats lycéens mis en cause par l'Inspection générale pour leur mauvaise gestion de comptes

Une manifestation lycéenne contre les réformes de l'Éducation nationale en décembre 2018

Une manifestation lycéenne contre les réformes de l'Éducation nationale en décembre 2018 - Philippe LOPEZ / AFP

Six organisations syndicales lycéennes sont dans le viseur de l'Inspection générale de l'Éducation nationale pour un mauvaise gestion financière. L'une d'elle, Avenir Lycéen, est déjà ciblée par une enquête du parquet de Paris.

Un rapport de l'Inspection générale de l'Éducation nationale, portant sur 10 ans, pointe des dysfonctionnements sur six organisations syndicales. Dans ce rapport mené par l'Inspection générale de l'éducation, du sport et de la recherche (IGESR) portant sur six associations lycéennes et deux fédérations de parents d'élèves, les inspecteurs pointent sans le nommer le syndicat Avenir lycéen.

Ils identifient ainsi "des paiements qui, sans être irréguliers, semblent cependant peu compatibles avec l'objet du financement ministériel, comme des activités récréatives ou les services de société spécialisée pour des campagnes marketing".

Le gouvernement au cœur de révélations

Le rapport ajoute que "la mission a constaté des dépenses dont le caractère régulier est discutable", comme des "repas pris dans des établissements de prestige lyonnais", "le recours habituel aux véhicules de tourisme avec chauffeurs", "des paiements de boissons apéritives et alcoolisées notamment dans des bars de nuit, d'une recharge de cigarette électronique, etc.".

Le syndicat Avenir lycéen, proche du gouvernement, avait été accusé à l'automne 2020, dans des enquêtes de Mediapart et Libération, ainsi que par l'opposition, d'avoir dilapidé des subventions publiques et d'être téléguidé par le ministère de l'Education nationale pour soutenir les réformes du gouvernement. Depuis un an, le parquet de Paris enquête sur des soupçons de "détournement de biens publics" dans l'utilisation des subventions accordées à cette organisation lycéenne.

A la suite de ces révélations, Jean-Michel Blanquer avait saisi en janvier l'Inspection générale sur la demande de la Direction générale de l'enseignement scolaire (Dgesco) qui souhaitait que soit approfondie son enquête initiale sur l'utilisation des subventions publiques de l'ensemble des organisations lycéennes qui en bénéficient.

Dans le détail, "sur les dix paiements recensés pour un montant total de presque 14.000 euros, seules les factures des deux derniers achats concernant deux montres connectées (1.608 euros) et un IPhone 11 (859 euros) ont été transmises. Enfin, des retraits d'espèces ou des virements sur des comptes personnels ont été effectués en nombre pour un montant total de 15.437,95 euros sans qu'aucune justification n'ait été apportée". Pour le rapport, ces achats "sont susceptibles de dissimuler des abus de confiance".

Globalement, le rapport de 54 pages évoque des associations "toutes marquées par d'importantes carences de gestion, avec des degrés différenciés de gravité qui peuvent aller jusqu'à constituer de véritables dérives".

Le rapport identifie plusieurs "dysfonctionnements de la procédure d'attribution des subventions aux associations", notamment "au niveau de l'organisation et du pilotage de la procédure, en termes de cohérence par rapport aux critères affichés, de calendrier de gestion inadapté et de manquement à l'obligation de transparence".

Outre Avenir lycéen, le rapport relève qu'une association est par exemple "incapable de faire face à ses obligations financières" et se trouve en cessation de paiements ; une autre s'est montrée coupable de "dépenses de fleurs, de pneus, de cinéma ou de club de sport, d'achat de droits d'accès à la musique ou à des jeux en ligne, pour un montant total de 1 647,66 euros". Le rapport établit que "les résultats des contrôles financiers réalisés sont accablants". Les inspecteurs recommandent de transmettre tous les éléments au parquet de Paris.

A.A. avec AFP