BFM Paris Île-de-France
Paris Île-de-France

Île-de-France: des mesures annoncées pour améliorer la ponctualité du RER B

Île-de-France Mobilités, la SNCF et la RATP ont annoncé ce mardi une série de 14 mesures pour renverser la tendance à la dégradation de la ponctualité du RER B.

Deuxième ligne ferroviaire par la fréquentation d'Europe après le RER A avec plus d'un million de voyageurs quotidiens, le RER B, qui relie les banlieues nord-est et sud-ouest de Paris via le centre de la capitale, est "en souffrance", a constaté la présidente d'Île-de-France Mobilités Valérie Pécresse.

"Elle souffre d'un équipement et d'une infrastructure vieillissantes qui ne permet plus de répondre à l'augmentation du trafic", a renchéri l'élue.

Faceà ce constat, Île-de-France Mobilités, la SNCF et la RATP ont annoncé ce mardi 17 octobre une série de 14 mesures pour inverser la tendance à la dégradation de la ponctualité du RER B.

Des composants qui datent "de plus de 40 ans"

Avec deux exploitants - SNCF au nord et RATP au sud, avec les mêmes objectifs - et un bout de tunnel à partager avec le RER D, la ligne B est la moins ponctuelle de la région parisienne et cela se dégrade: depuis 2015, sa ponctualité est passée de 90% à 85,7%. 

La ligne a connu une hausse de fréquentation de 15% entre 2015 et 2019, juste avant la crise sanitaire, a rappelé Agnès Ogier, directrice des services ferrés de la RATP. 

"Cela s'empile sur un matériel vieillissant et une infrastructure plus fragile (...) on est en limite d'exploitation du système", a-t-elle concédé lors d'une conférence de presse de présentation d'un audit de la ligne.

"Un point important : on n'arrive jamais au niveau de performance attendu, tant que l'on continuera à rouler sur des composants qui ont plus de 40 ans. Le travail sur la régénération doit se poursuivre, mais on n'est pas encore au bout. C'est la base de la fiabilité de la ligne et de la qualité du service", a indiqué Sévérine Lepère, directrice générale Île-de-France de SNCF Réseau.

5 milliards d'euros en cours d'investissement

Quelque cinq milliards d'euros sont en cours d'investissement, dont la moitié pour de nouvelles rames, les MI20 fabriqués par Alstom et attendues en 2027 à la suite d'un retard de 13 mois.

L'automatisation des lignes B et D a été elle actée la semaine dernière avec le projet Nexteo, promettant une amélioration de la ponctualité "de trois à quatre points d'ici à 2031", a souligné Valérie Pécresse.

Mais sans attendre cette échéance, "nous voulons commencer à rétablir cette ponctualité dès 2024, l'objectif étant d'arriver, au rythme d'un point par an, à 95% en 2031", a insisté l'élue. "Notre but est d'avoir la régularité d'un métro, a-t-elle indiqué à BFM Paris Île-de-France. On y arrivera avec le nouveau matériel, avec Nexteo, avec la régénération des voies et des caténaires".

RER B (illustration)
RER B (illustration) © AFP

Une gestion de la maintenance à améliorer

Valérie Pécresse, en dévoilant l'audit qu'elle avait commandé à l'ancien directeur général de la RATP Yves Ramette, a demandé à la SNCF et à la RATP de se coordonner davantage pour gérer les circulations et la maintenance. Notamment le site de maintenance de Mitry au nord de la ligne qui serait sous utilisé. Alors qu'il peut accueillir neuf rames pour leurs entretiens, il n'en accueille aujourd’hui en moyenne que cinq.

"Le matériel roulant a un rôle important dans les difficultés actuelles de la la ligne", note le rapport Ramette alors que "la disponibilité des rames ces derniers mois ne sont pas suffisants". Ce qui a conduit Valérie Pécresse à alléger le plan de rénovation de plusieurs rames avant l'été.

"On a beaucoup de suppressions aujourd'hui, en raison de manque de matériel disponible. On a vu qu'il y a des axes d'améliorations possible", souffle Marc Pélissier, le président de la FNAUT Ile-de-France au micro de BFM Paris Île-de-France.

"Si on arrive à tout unifier, ce sera plus simple"

"La multiplicité des acteurs impliqués sur le RER B complexifie considérablement les interfaces et le partage d'informations à différents niveaux, que ce soit dans la conception de l'offre de transport, les opérations quotidiennes ou la prise de décisions stratégiques", a affirmé Yves Ramette.

"On y arrivera aussi par une meilleure organisation. C'est ce que montre le rapport Ramette, a pointé Valérie Pécresse. Cette meilleure organisation, c'est unifier la maintenance, les travaux, l'information voyageur, la gestion des incidents. Si on arrive à tout unifier, ce sera beaucoup plus simple".

SNCF Transilien indique qu'en moyenne, la ligne est touchée par 25 à 30 incidents par jour alors qu'elle doit assurer 20 trains par heure. "L'offre de transport ne peut pas être tenue dans ces conditions", a expliqué Alain Ribat, le directeur Transilien à SNCF Voyageurs. "

Ce rapport nous conforme dans le diagnostic, que nous partageons, et sur aussi les différentes solutions à mettre en œuvre qui sont déjà engagées pour la plupart", indique-t-il.

"Pas question de faire une réorganisation des statuts"

Les représentants de la RATP et de la SNCF présents ce mardi ont dit soutenir les conclusions de ce rapport et les 14 mesures qu'il préconise, notamment le principe d'un "centre de commandement unique" pour les lignes B et D devant être mis en œuvre d'ici un an. 50 millions d'euros seront dévolus pour mener à bien le projet.

"Il n'est pas question pour moi de faire une réorganisation des statuts. Ça provoquerait plus de troubles que ça ne réglerait le problème", a précisé Valérie Pécresse au micro de BFM Paris Île-de-France. "On ne veut pas attendre 2030. On veut des résultats rapides", insiste-t-elle.

"Il n'y a pas de coordination entre la SNCF qui gère le nord et la RATP qui gère le sud. Elles ne se coordonnent pas par exemple pour les dates des travaux. C'est absurde. Il faut que ce soit les mêmes pratiques. On ne va pas faire une société unique parce que ça prendrait trop d'énergie, mais on veut une société unique dans les faits, des pratiques uniques dans les faits", a-t-elle renchéri.

Ce centre de commandement unique pour les RER B et D devrait permettre de résoudre les "petits incidents quotidiens" et d'améliorer les passages dans le tunnel commun des deux lignes entre Châtelet et Gare du Nord avant son automatisation à l'horizon 2031. 

"Pourquoi pas. Mais de quoi nous parle-t-on ? Et dans un cadre de mise en concurrence globale du réseau ferroviaire, de quoi nous parle-t-on à terme ?", a réagi Fabien Guillaud-Bataille, administrateur d'opposition communiste au conseil d'administration d'IDFM au micro de BFM Paris Île-de-France.

Le suivi de ce plan d'actions sera piloté par Île-de-France Mobilités afin d'obtenir les premiers résultats dès l'an prochain.

Nicolas Dumas avec Milan Busignies avec AFP