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"On ne peut plus faire confiance à personne": les habitants de Canteleu réagissent au procès requis contre la maire

Le parquet de Bobigny a requis dimanche 24 décembre le renvoi de Mélanie Boulanger, maire socialiste de Canteleu (Seine-Maritime) devant le tribunal pour des soupçons de "complicité de trafic de stupéfiants".

À Canteleu (Seine-Maritime), l'actualité des derniers jours fait réagir les habitants. Dimanche 24 décembre, le parquet de Bobigny a requis le renvoi de Mélanie Boulanger, la maire de la ville, devant le tribunal pour des soupçons de "complicité de trafic de stupéfiants". Le parquet a également requis le renvoi de 17 autres personnes dans cette affaire.

"Ça fait bizarre, sachant que c'est la première autorité de la ville. Ça fait mal, on se dit qu'on a fait confiance à la mauvaise personne", regrette une première personne au micro de BFM Normandie.

"Le fait que la maire de notre ville se retrouve dans ce genre de trafic est inquiétant. On ne peut plus faire confiance à personne, pas même à notre maire", réagit une autre habitante.

"Volontairement différé l'installation de caméras"

Un autre habitant se veut, lui, plus nuancé: "Je ne pense pas qu'elle a beaucoup de choses à se reprocher dans cette affaire. On verra. Peut-être que le jugement me donnera tort."

Lors de son interrogatoire avant d'être mise en examen, la maire Mélanie Boulanger, avait souligné sa "solitude d'élue" dans sa lutte contre la délinquance. Elle avait assuré avoir toujours lutté contre les trafiquants, et avoir peur de représailles depuis le coup de filet qui avait conduit à l'interpellation de tous les suspects dans ce vaste trafic.

Pour les enquêteurs, il est établi que la maire a par exemple volontairement différé l'installation de caméras afin de ne pas entraver le trafic de stupéfiants d'une famille à Canteleu, qui générait d'énormes bénéfices.

"Je sais que je suis irréprochable"

Dans cette affaire, Mélanie Boulanger a tout d'abord été placée en garde à vue aux côtés d'un de ses adjoints le 8 octobre 2021 lors de ce grand coup de filet anti-stupéfiants, avant d'être remise en liberté le lendemain. L'édile clamait déjà haut et fort son innocence: "Je n'ai aucun lien avec ces gens-là", martelait-elle en 2021. "Je sais que je suis irréprochable."

En avril 2022, après sa mise en examen pour "complicité, transport, acquisition, détention, offre ou cession non autorisée de stupéfiants", Mélanie Boulanger a quitté la présidence de la métropole de Rouen. Avec son adjoint, ils ont par la suite été placés sous contrôle judiciaire.

Contacté par l'Agence France-Presse (AFP), l'avocat de Mélanie Boulanger, Arnaud de Saint Rémy, n'a pas souhaité réagir sur le fond mais s'est dit "scandalisé" que l'information soit sortie dans Le Monde avant qu'il n'ait lui-même reçu la notification du parquet.

Pierre-Olivier Dentan, Sebastien Savoye Manon Modicom avec Clément Boutin