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Jusqu'à 22°C la journée: une douceur exceptionnelle aux faux-airs de canicule hivernale

Plusieurs records de douceur pour un mois de février ont été enregistrés mercredi et jeudi dans l'est et le nord de la France, notamment à Lyon, Dunkerque, ou Chamonix

Plusieurs records de douceur pour un mois de février ont été enregistrés mercredi et jeudi dans l'est et le nord de la France, notamment à Lyon, Dunkerque, ou Chamonix - JEFF PACHOUD © 2019 AFP

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Ce jeudi est, encore une fois, marqué par la douceur exceptionnelle des températures. Clémence qui doit se confirmer jusqu'au début janvier 2022. Plus remarquable encore, on vient de battre des records de chaleur nocturne pour une fin décembre. Une proximité des mercures le jour et la nuit qui rappelle la canicule.

Non seulement la douceur des températures hexagonales est indéniable en cette fin du mois de décembre mais elle est durable. Car c'est depuis le Réveillon de Noël que le pays se réchauffe nettement.

En ce dernier jeudi de l'année, l'après-midi des Français balance de 15°C à 22°C suivant le territoire où ils résident. La nuit précédente a même vu des niveaux de chaleur inconnus depuis les années 1960. Et le partage équitable de cette clémence atmosphérique entre la nuit et le jour a des faux-airs d'un phénomène de canicule.

Vol au-dessus des normales

15°C à Lille, 16°C à Paris et Strasbourg, 22°C à Perpignan: ce jeudi 30 décembre a quelque chose de surréaliste si on fait un détour du côté des thermomètres. Et l'étonnement ne fait que se prolonger, car les journées précédentes avaient déjà des dehors printaniers. Pour ne prendre qu'un seul exemple, on a ainsi relevé 21°C à Pézenas dans l'Hérault mercredi.

Le pays vit sans conteste au-dessus de ses moyennes, comme l'a remarqué Météo France sur Twitter. L'institut a noté mercredi que "partout" les minimales excédaient leurs normales de saison de "8 à 13°C", et les maximales de "5 à 10°C".

Ajoutons encore à ça que les lignes de fuite de la météo des prochaines semaines dessinent une perspective similaire. L'anticyclone, qui traverse désormais les Pyrénées pour nous survoler, devrait non seulement soutenir cette douce tendance jusqu'au début du mois de janvier mais même éloigner les précipitations qui douchent régulièrement le tableau.

Nos nuits sont aussi chaudes que nos jours

Faut-il voir, alors, dans cet épisode de chaleur qui termine le mois de décembre et promet d'ouvrir janvier une version hivernale des canicules de l'été ? Pour trancher cette question, il convient d'en revenir à la définition officielle d'une canicule. "Une canicule, c'est un épisode de températures élevées, de jour comme de nuit, sur une période prolongée", pose ainsi Météo France.

Or, la nuit de mercredi à jeudi était à l'unisson de l'ambiance diurne. On a même éprouvé une douceur nocturne quasi-inconnue à ce moment de l'année. Au point que des records, remontant aux années 1960, sont tombés localement, comme à Toulon où la température n'a pas chuté sous les 17°C, à Paris et Lille (14,4 et 14,2°C respectivement), ou dans la commune varoise de Hyères (20°C).

Le climatologue Matthieu Sorel a même versé au dossier que ce mercredi avait été plus chaud dans le sud-ouest que le 31 juillet dernier - où, disons-le, les températures apparaissent comme remarquablement basses pour la saison.

Pas de quoi se réjouir

C'est d'ailleurs ici que vient buter l'analogie entre notre actualité météo et le phénomène de canicule: pour exceptionnels qu'ils soient, les seuils atteints par le mercure ne relèvent pas exactement de fortes chaleurs. De plus, la nuit qui nous attend prendra une plus grande distance avec le climat de ce jeudi. Certes, Lille et Brest se maintiendront autour de 12°C et Paris à 11°C mais ailleurs, la décote sera plus sévère comme à Montpellier (8°C) ou Limoges (7°C). Des valeurs toujours inhabituelles mais pas franchement caniculaires.

Bien sûr, cet hiver en sourdine ne manque pas de charme mais il a pourtant de quoi consterner. Mardi, sur notre antenne, le spécialiste Jean Jouzel l'a replacé dans le temps long et "dans la logique du dérèglement climatique". "Le réchauffement climatique, ce ne sont pas seulement des vagues de chaleur, ce sont aussi des hivers de plus en plus doux à l’échelle française comme planétaire", a-t-il affirmé, brossant alors: "Les hivers vont continuer à se réchauffer. Bien sûr, nous aurons toujours quelques vagues de froid, mais de moins en moins fréquentes".

Robin Verner
Robin Verner Journaliste BFMTV