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"Une vie de nomade": un an après l'effondrement, la galère des habitants de la rue de Tivoli relogés

Ce mardi 9 avril, un an après l'effondrement de deux immeubles rue de Tivoli, 95 foyers touchés par l'explosion sont encore en attente d'un relogement définitif.

Le 9 avril 2023, une explosion dans un immeuble du 17 rue de Tivoli, provoquait son effondrement, puis celui de l'immeuble mitoyen, au 15. Huit personnes y perdaient la vie tandis que plusieurs autres étaient blessés. 200 logements ont également été détruits. Un an plus tard, 95 foyers sont toujours en attente d'une situation pérenne de relogement, selon la mairie de Marseille.

Monique et Laure font partie de ceux qui attendent. La mère et sa fille habitaient dans l'immeuble en face du 17 rue de Tivoli. Leur appartement a été entièrement détruit par le souffle de l'explosion. Depuis, elles ont été relogées de manière temporaire dans six appartements successifs. Depuis six mois, elles vivent dans un appart hôtel du centre de Marseille. Mais toujours dans l'attente d'une solution définitive, elles n'osent pas défaire leurs bagages.

"On vit une vie de nomade, on est obligées de camper, on a des valises, on a nos affaires un peu partout", déplore Laure. "On n’y est pour rien dans ce qui s’est passé et on subit les conséquences. On a l’impression, parfois, d’être punies alors qu’on n’a absolument rien fait."

"Des situations d'incertitude très forte"

Pour l'heure, leur relogement est entièrement financé par la ville de Marseille. La commune attend que les assureurs individuels prennent le relais. Mais même quand c'est le cas, les assurances ne proposent pas toujours des solutions pérennes. En un an, des victimes se sont donc rassemblées en un collectif, "Tivoli 9 avril", pour exiger de la part de l'Etat et des assureurs des avancées.

"On a une stratégie des assurances qui est tellement évidente qu’elle en est presque insultante", affirme Roland Bellessa, membre du collectif. "Ils font des effets d’annonces au dernier moment, c’est-à-dire qu’ils annoncent la prolongation du relogement la veille du moment où ça devait s’arrêter."

"Ça met les gens dans des situations d’incertitude très forte, de stress", déplore Roland Bellessa. Selon lui, les assurances compteraient sur le fait que "les gens se lassent", pour au final n'avoir à faire qu'à "des cas individuels", sans "poids" suffisant pour "négocier".

Une lettre au gouvernement

Fin mars, le collectif "Tivoli 9 avril" a adressé une lettre au Premier ministre, demandant une législation plus contraignante pour les assureurs.

"Il est important de garantir aux victimes un dispositif d’indemnisation complet et clair", revendique le courrier.

L'enquête se poursuit pour déterminer les causes de l'explosion qui a provoqué l'effondrement des deux immeubles. De nouvelles auditions des parties civiles seront conduites en mai. En attendant, un rassemblement de commémoration aura lieu ce mardi 9 avril à 10h45 au croisement du boulevard Eugène-Pierre et de la rue Jaubert.

Julian Mancini et Isabelle Missiaen