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Marseille: un an après la disparition des points de deal, la cité de La Paternelle retrouve le "calme"

Frédérique Camilleri, préfète de police des Bouches-du-Rhône, était en déplacement dans cet ancien haut lieu de la vente de drogue des quartiers nord lundi 16 janvier. Sur place, elle a vanté les résultats de sa stratégie de pilonnage.

De l'aveu même du bailleur social, La Paternelle "faisait peur" aux Marseillais en quête de logement "et on les comprenait". Cette cité des quartiers nord (14e arrondissement) a longtemps été considérée comme un haut lieu du trafic de drogue phocéen. Chacun des quatre points de vente qui y étaient disséminés pouvait rapporter quotidiennement 50.000 euros.

Un chiffre rappelé lundi 16 janvier par Frédérique Camilleri. La préfète de police des Bouches-du-Rhône est venue y faire un point d'étape sur la lutte contre la vente de stupéfiants et les "machines à cash" de La Paternelle.

"Aujourd'hui, ça fait un an que ces habitants sont débarrassés des trafiquants", s'est-elle félicitée face à la presse, estimant qu'ils étaient jusque-là "véritablement pris en otages". "Il y avait des habitants qui avaient peur quand ils emmenaient leurs enfants à l'école, qui n'arrivaient plus à s'approprier l'espace public."

"Des opérations policières tous les jours"

Signe de la disparition ou presque des dealers, les tags annonçant le prix des drogues ont quasiment disparu des murs de La Paternelle. Une disparition permise, selon l'expression des autorités, par une technique de pilonnage. "Il fallait reconquérir le terrain", résume Cédric Hesson, directeur interdépartemental de la police nationale des Bouches-du-Rhône.

"Il y a eu des opérations policières tous les jours, avec des renforts de CRS un jour sur deux, pendant deux ans pour aboutir à ce résultat, qui est l'affaiblissement puis la disparition des points de deal", resitue Frédérique Camilleri.

Cette dernière salue également le travail de la police judiciaire, qui a permis de placer derrière les barreaux "80 personnes concernées par cette guerre de territoires" que se livrent deux bandes: Yoda et la DZ Mafia. Un conflit à l'origine de la majeure partie des 49 homicides recensés en 2023 à Marseille.

Reproduire ce schéma dans d'autres quartiers.

Autre clé de la lutte contre la vente de drogue à La Paternelle: l'aménagement des lieux, "avec une entrée de la cité que nous avons condamnée parce qu'elle avait été totalement prise en main par les trafiquants".

"Cela facilitait leur travail d'avoir cette entrée qui était ouverte tout près de la sortie de l'autoroute", poursuit-elle. C'est pourquoi d'imposants blocs de béton ont été positionnés, permettant de prévenir toute réouverture. Il n'est pas, pour l'heure, question de rouvrir cet accès.

Dans le secteur, "la police reste très présente" et les réseaux sociaux surveillés de près éviter toute "réimplantation". L'objectif de Frédérique Camilleri est désormais de reproduire cette technique de pilonnage dans d'autres quartiers touchés par le trafic de drogue. Lors de sa visite à Marseille début janvier, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a assuré qu'au moins 40% des points de deal ont été supprimés à Marseille.

"On souffle"

Selon le bailleur Marseille Habitat, le quartier de la Paternelle et ses 184 logements a aujourd'hui retrouvé des couleurs, après des mois marqués par la violence et les fusillades.

"On a crée une zone avec un terrain de boules, un petit jardin, on a réparé l'éclairage. On a aussi réimplanté un bureau de proximité", égrène Audrey Gatian, présidente de Marseile Habitat.

Tout n'est pas parfait, nuance un habitant. "Il manque un peu de propreté, il y a beaucoup de choses qui manquent. Mais il reconnaît: "c'est calme" désormais. "On souffle".

Le spectre de la violence n'a cependant pas totalement disparu. En juillet dernier, un homme a été tué par balle à l'entrée de la cité.

Cindy Chevaux avec Florian Bouhot