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Locaux délabrés, infiltrations... Marseille attend de Macron de l'aide pour sauver ses écoles

Emmanuel Macron est attendu ce mercredi à Marseille pour une visite de trois jours. Il doit y annoncer le déblocage d'aides substantielles, avec notamment en ligne de mire les écoles, dont la vétusté consterne toute la population, des parents d'élèves au Conseil municipal.

À la veille d'un déplacement de trois jours du président de la République à Marseille, le maire de la ville, Benoît Payan, n'a pas louvoyé ce mardi au micro de notre journaliste Jean-Jacques Bourdin.

"Les écoles sont dans un état indigne, où il pleut, où il y a des rats, où il y a de l'amiante à l'infirmerie. Vous croyez que c'est acceptable?" a-t-il lancé. Aussi, c'est toute une ville qui attend désormais l'aide de l'État... et attend de celui qui le dirige qu'il engage un effort financier à la hauteur de la situation.

Benoît Payan a ainsi rappelé sur notre plateau qu'il voyait "les écoles, les enfants" comme le "cœur nucléaire de (sa) responsabilité". Il faut dire que sa majorité du "Printemps marseillais" a fait de la rénovation des établissements scolaires la priorité de sa mandature lors de la campagne tenue il y a un an.

Des locaux dans un état déplorable

Un ordre de priorité qui, c'est le moins que l'on puisse dire, ne fait pas débat sur place. Des vidéos, des photos consultées par que BFMTV montrent ainsi infiltrations d'eau, effondrements de faux-plafonds et délabrement extrême de toilettes dans certains établissements.

Et les témoignages des parents d'élèves sont au diapason. Devant nos caméras, Cécile Baron, membre du "Collectif des écoles de Marseille" a listé les réalités "classiquement" rencontrées en classes et alentours par les enfants marseillais: "On a des problèmes de sanitaires défectueux, de nuisibles, des rats, des petites bêtes, des cafards, des problèmes d'isolation (...) des problèmes de manque d'ombre dans la cour de récréation."

Séverine Gil, présidente du mouvement départemental des parents d'élèves MPE13, a livré son diagnostic à notre micro: "On est arrivé au bout d'un système qui n'a pas assez entretenu les écoles et fait les gros travaux nécessaires au fil des ans et du coup, on est en bout de chaîne." "Les enfants doivent avoir des conditions d'accès et de scolarité correctes. Ici, à Marseille, ce n'est pas le cas", a-t-elle encore plaidé.

Des finances exsangues

Le constat est posé. Un premier enseignement en découle naturellement, implacable. "Sans participation de l'État, et d'autres collectivités et surtout l'Union européenne, le milliard d'euros ne sera jamais atteint. Et les écoles resteront 20 ans comme ça", a assuré Frédéric Muraour, président de la section des Bouches-du-Rhône de la PEEP, une fédération de parents d'élèves.

Car les finances locales sont exsangues. Comme l'a souligné ici 20 Minutes, la Chambre régionale des comptes a martelé dès août 2020 que la municipalité se trouvait au pied du "mur de la dette", une chape mesurée à 1,8 milliard d'euros en 2017.

La contrainte pécuniaire n'y change rien. Le chantier à affronter est faramineux. Le Parisien a chiffré à un milliard d'euros les sommes nécessaires pour redresser les 444 écoles publiques de la ville - dont certaines ne sont pas seulement insalubres et dysfonctionnelles mais, établies sur la base de structures métalliques, dangereuses, notamment en cas d'incendie. Dans nos studios, le maire de Marseille a quant à lui évoqué "presque 300" édifices à retaper.

1,2 milliard... dans un premier temps

Devant l'urgence de la situation, des plans ont déjà été lancés. La Provence a fait le bilan de l'action en la matière de Benoît Payan et de sa majorité depuis leur installation: 208 écoles ont bénéficié de travaux pendant ces dernières vacances, le tout pour 4 millions d'euros. Au préalable, 30 millions de budget avaient été alloués à la question de la réhabilitation en juillet 2020, et la part consacrée aux "petits travaux" multipliée par trois. Des initiatives qui font seulement figure de timides premiers pas avant de pouvoir mener un projet de rénovation d'ampleur. Et c'est ici que l'État intervient.

"Le plan pour s'attaquer au plus dur, c'est 1,2 milliard d'euros, reste à savoir quelle sera la part de l'Etat", a glissé Benoît Payan à Jean-Jacques Bourdin ce mardi, au moment de résumer l'équation. Et encore a-t-il mis en évidence qu'il ne s'agissait là que d'un "premier volet".

Un plan élyséen attendu

Le maire de Marseille s'est dit conscient qu'Emmanuel Macron ne viendrait pas avec l'intégralité de la somme - selon nos informations, le coup de main élyséen se compterait cependant en centaines de millions d'euros. "Mais ce sera fait, État et ville ensemble", a martelé Benoît Payan.

Une solution qui n'est d'ailleurs pas du goût de tous. En son temps, l'administration Jean-Claude Gaudin avait misé sur un partenariat public-privé (invalidé en janvier 2020 par la justice administrative, note au passage Le Parisien) pour conduire des travaux dans 34 établissements. "Je préfère un partenariat public-public. L'école ne peut être dans la main des promoteurs", a contré Benoît Payan sur notre plateau.

De boutades autour de sa passion footballistique pour l'OM, en meeting de campagne survolté, l'Amiénois Emmanuel Macron n'a cessé de faire de Marseille sa ville de cœur. Et si Benoît Payan trouve que le chef de l'État "parle bien" de la cité phocéenne, il attend désormais des preuves d'amour autrement plus tangibles.

Robin Verner
Robin Verner Journaliste BFMTV