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Marseille: des collectifs de famille alertent sur la multiplication des fusillades dans une tribune signée par des élus

De nombreux parlementaires de gauche ainsi que le maire de Marseille ont signé cette tribune publiée dans Médiapart.

"Ils s’appelaient Rayanne, Rédouane, Sarah, Zahir, Steven, Yassine, Ryan, Ahmed, Mohamed, Sofiane ou bien encore Habib." Tous sont morts à Marseille "assassinés, pris sous le sifflement des balles qui ont transpercé de toute part leur corps et éclaboussé de leur sang les rues" de la cité phocéenne.

Alors que la ville ne cesse d'être endeuillée par ces fusillades, plusieurs collectifs et associations ont publié ce mardi, une tribune sur Médiapart, soutenue par 213 signataires.

Parmi ces derniers, de nombreux parlementaires -souvent membres de la Nupes- comme Sébastien Delogu, Manuel Bompard, Marie-Arlette Carlotti, Fabien Roussel, Mathilde Panot, Olivier Faure mais aussi le maire de Marseille, Benoît Payan.

"L'objectif de cette tribune est d'alerter", explique Karime Meziene, avocate et membre du Collectif des familles, au micro de BFM Marseille Provence. Alerter sur la "réalité meurtrière" des quartiers marseillais où les règlements se multiplient: 23 personnes sont mortes dans des fusillades liées au trafic de drogue depuis le début de l'année d'après un décompte de l'AFP.

Un droit au relogement prioritaire

Face au regain d’insécurité, le collectif des familles souhaite une solution globale pour intégrer le retour des services publics dans les quartiers ainsi qu’une amélioration des conditions de vie des habitants. Parmi leurs demandes: renforcer le droit à l'information des familles des victimes, mettre en place un dispositif d'accompagnement psychologique ou encore instaurer un droit au relogement prioritaire.

"On demande à ce qu'il y ait un droit inscrit dans la loi, à ce que les familles victimes d'actes criminels puissent bénéficier d'un relogement de manière prioritaire", explique Karime Meziene, avocate et membre du collectif des familles à BFM Marseille Provence.

"C'est compliqué pour eux de vivre dans le quartier où leur proche a été assassiné, de parfois côtoyer les assassins présumés", ajoute l'avocate.

Vivre "la peur au ventre"

Autre point de colère: la justice. Les signataires demandent une augmentation du nombre de magistrats avec un pôle spécialisé sur les questions liées au trafic de drogue. Les familles regrettent que les enquêtes ne soient pas rapidement élucidées, souvent classées sans suite, et souhaitent le "réexamen de nombreux assassinats pour permettre aux victimes d'obtenir les nécessaires réponses auxquelles elles ont droit".

Outre la douleur de rester sans réponse, les familles des quartiers marseillais touchés par les fusillades vivent "la peur au ventre", regrettent les signataires de la tribune. Ils espèrent donc la mise en place d'une "solution globale", loin des "mesurettes ponctuelles et médiatiques".

"On se rend compte ici à l'Assemblée nationale que la place des quartiers populaires est moindre. Vous avez le plan de justice qui arrive avec un débat qui va se jouer et je l'espère qu'avec cette tribune, des amendements passeront", déclare Sébastien Delogu, député LFI des Bouches-du-Rhône, à BFM Marseille Provence.

Un rassemblement est prévu dimanche à partir de 16h, à la porte d'Aix à Marseille, organisé par le collectif des familles. Entre 100 et 200 personnes se sont déjà réunies le 10 juin devant l'hôtel de ville, pour dénoncer les violences liées au trafic de drogue.

Marine Langlois avec Cindy Chevaux